Région & Afrique

Il n’y aura pas de génocide au Soudan du Sud

Adama Dieng

L'ONU ne permettra pas qu'un génocide comme celui perpétré en 1994 au Rwanda se répète au Soudan du Sud, ravagé par un conflit accompagné de massacres ethniques, a affirmé mercredi à Juba le conseiller spécial de l'ONU pour la prévention du génocide.

Des incitations à la haine et des tueries sur des bases ethniques au Soudan du Sud font craindre que ce conflit dérape dans une violence grave qui échappe à tout contrôle, a estimé Adama Dieng à l'issue d'une visite dans le pays.

Le secrétaire général Ban Ki-moon est très inquiet et fera en sorte que ce qui est arrivé au Rwanda ne se reproduise jamais ailleurs sur ce continent, a-t-il assuré.

Nous devons nous assurer que les responsables des crimes commis ici en répondent (...) L'actuelle culture de l'impunité ne peut que miner nos efforts. Nous avons appris cela à nos dépens d'événements en d'autres endroits, notamment du génocide perpétré il y a 20 ans au Rwanda, a expliqué M. Dieng, ancien greffier du Tribunal international pour le Rwanda (TPIR).

Aux rescapés du génocide, nous devons le serment de prendre toutes les mesures possibles en notre pouvoir pour protéger les populations d'un nouveau Rwanda. Il n'y a pas d'excuse à l'inaction, a-t-il poursuivi.

M. Dieng et la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, ont conclu mercredi matin, une visite de deux jours au Soudan du Sud, où ils ont rencontré le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, dont les troupes s'affrontent depuis mi-décembre sur fond de rivalités au sein du régime.

La communauté internationale doit faire pression sur les dirigeants politiques du pays, pour qu'ils cessent d'entraîner aveuglément leur peuple sur le chemin de l'autodestruction, a déclaré Mme Pillay, critiquant sévèrement les responsables des deux camps.

Elle a précisé que des enquêtes en cours détermineraient ce que les chefs politiques et militaires (des deux camps) savaient, auraient dû savoir, ou les mesures (...) qu'ils n'ont pas prises pour empêcher des crimes de guerre ou contre l'humanité au Soudan du Sud.

Mme Pillay s'est dite atterrée par l'apparente indifférence affichée par les deux dirigeants concernant le risque de famine quand elle a soulevé la question.

La perspective d'infliger faim et malnutrition à grande échelle à des centaines de milliers de leurs concitoyens, en raison de leur incapacité personnelle à résoudre leurs différends pacifiquement, n'a pas semblé les toucher beaucoup, a-t-elle poursuivi.

Elle a par ailleurs souligné, citant des chiffres de l'Unicef, que plus de 9.000 enfants ont été recrutés au sein des forces armées des deux camps, des faits constitutifs de crimes de guerre.

Par ailleurs, selon Mme Pillay, 32 écoles sont aux mains des troupes des deux camps, une vingtaine de centres de soins ont été attaqués, de nombreuses femmes et filles ont été violées ou enlevées et des enfants sont morts dans des tueries de civils commises tant par l'armée que par les forces pro-Machar.

Jusqu'où cela doit-il encore empirer avant que ceux qui peuvent mettre fin à ce conflit, particulièrement le président Kiir et M. Machar, décide de le faire?, a-t-elle interrogé.

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