Région & Afrique

L’Onu contre un retrait rapide de la Minurcat

Deux hauts responsables de l'ONU ont mis en garde mercredi contre les conséquences négatives qu'aurait un retrait rapide de la force de paix de l'ONU au Tchad, demandé par le gouvernement tchadien, sur les populations qu'elle est chargée de protéger.
Le chef du département de maintien de la paix de l'ONU, Alain Le Roy (photo), et son collègue chargé des affaires humanitaires John Holmes, ont indiqué à la presse que l'ONU et le gouvernement de N'Djamena négociaient pour trouver un accord sur l'avenir de la Mission de l'ONU au Tchad et en Centrafrique (Minurcat), dont le mandat expire le 15 mars.
M. Le Roy a précisé qu'il se rendrait dans ce but au Tchad la semaine prochaine. Les deux responsables s'exprimaient au sortir d'une réunion avec le Conseil de sécurité sur la Minurcat.
Selon M. Le Roy, les membres du Conseil souhaitent que celle-ci "maintienne sa présence au Tchad". "C'est aussi l'avis du Secrétariat (de l'ONU) mais nous devons prendre en compte le point de vue des autorités du Tchad, pays hôte", a-t-il dit.
M. Holmes a déclaré vouloir que la Minurcat reste "avec toutes ses composantes", estimant que c'est essentiel pour la sécurité et la poursuite des opérations humanitaires. "Nous sommes très préoccupés par la perspective d'un retrait", a-t-il dit.
L'ambassadeur du Tchad à l'ONU, Ahmad Allam-Mi, avait déclaré peu auparavant que N'Djamena accepterait le maintien de la composante civile de la Minurcat mais pas de sa composante militaire. Il avait affirmé que les forces tchadiennes étaient en mesure d'assurer elles-mêmes la sécurité des camps et attiré l'attention sur la situation nouvelle née du récent accord de paix entre son pays et le Soudan voisin.
Selon M. Le Roy, une telle formule n'est pas viable. "Ce n'est pas une option envisageable car nous ne pouvons pas maintenir les civils sans les militaires pour les protéger", a-t-il dit.
Pour M. Holmes, il est "actuellement difficile d'imaginer" le Tchad en mesure d'assurer la protection des civils. Selon lui, le Détachement intégré de sécurité tchadien, que la Minurcat est en train de former, a "encore beaucoup à faire avant d'être autonome".
M. Holmes a estimé à 500.000 personnes le nombre de civils dépendant de la Minurcat pour leur sécurité, soit environ 250.000 réfugiés du Darfour, 170.000 Tchadiens déplacés et 70.000 réfugiés centrafricains, auxquels s'ajoutent les populations locales, qui sont également "extrêmement vulnérables".
La Minurcat a été créée en 2007 pour assurer la sécurité des réfugiés et déplacés dans l'est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique, deux pays affectés par la guerre au Darfour (ouest du Soudan). Elle est aussi chargée de favoriser le retour volontaire des réfugiés et de faciliter l'aide humanitaire.
Le Togo contribue à cette force par la mise à disposition d’une contingent d’une centaine d’hommes.
Le 15 mars 2009, elle a pris le relais de la Force de l'Union européenne pour un mandat d'un an, avec la possibilité de le renouveler. Son effectif autorisé est de 5.200 militaires et 300 policiers.
Le Tchad a demandé le mois dernier à l'ONU de ne pas renouveler son mandat, son président, Idriss Déby, estimant que la mission est "un échec".
Le Soudan et le Tchad ont annoncé un processus de normalisation de leurs relations, qui prévoit le déploiement d'une force mixte tchado-soudanaise le long de la frontière entre les deux pays.

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