Cédéao

Guinée : les inquiétudes d'Ibn Chambas

La tentative de coup d'Etat militaire en Guinée éveille des craintes de déstabilisation de certains pays voisins récemment éprouvés par des guerres civiles, comme la Sierra Leone et le Liberia, ou fragilisés par une grave crise interne, comme la Côte d'Ivoire. En matière de démocratisation, "c'est un revers grave, particulièrement pour la région très volatile du fleuve Mano" (Guinée, Sierra Leone, Liberia, Côte d'Ivoire), a estimé mardi le président de la Commission de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), Mohamed Ibn Chambas.

De la Guinée, qui sort épuisée du règne de Lansana Conté dont la mort a précipité les événements à Conakry, à la Côte d'Ivoire, coupée en deux depuis le coup d'Etat manqué de 2002, en passant par la Sierra Leone et le Liberia, qui tentent de se relever d'interminables guerres civiles dans les années 1990, "l'arc de tension ouest-africain" est une zone à hauts risques.Il y a seulement un mois, la Guinée-Bissau a été secouée par une tentative de coup de force contre le président Joao Bernardo Vieira.

De fait, dans plusieurs pays voisins, l'affaire guinéenne a été très vite et officiellement prise au sérieux.

Presque aussitôt après l'annonce du putsch tenté à Conakry, la Sierra Leone (sud de la Guinée) s'est mise en alerte. Et mercredi, le gouvernement sierra-léonais a annoncé un renforcement de "son dispositif de sécurité" pour faire face à "un éventuel afflux de réfugiés" guinéens.

Selon la police, "une surveillance permanente aérienne et terrestre des frontières nord et est, est mise en place", et "des divisions de la marine et la police maritime ont intensifié leur contrôle dans les eaux territoriales sierra-léonaises". Selon des journalistes locaux, "une sécurité renforcée a également été mise en place dans l'enclave de Yenga" (nord, disputée à la Guinée).

"Sécurité en état d'alerte" aussi au Liberia, dont le ministre de la Justice Philip Banks s'est toutefois voulu rassurant, évoquant "des mesures préventives".

En Côte d'Ivoire, la force de l'ONU présente sur place (Onuci) a fait savoir mardi qu'elle passait à une "vigilance accrue" pour que "ce qui se passe en Guinée ne traverse pas la frontière".

Frontalier de la Guinée et du Liberia, le "grand ouest" ivoirien est réputé depuis des années la zone la plus instable du pays.

"Une zone de tension avec une frontière perméable", résume une source militaire occidentale, qui tempère cependant: "la région n'est pas une zone de non-droit".

La force française Licorne (1.800 soldats), qui épaule l'Onuci déployée depuis avril 2004 (8.000 Casques bleus actuellement), n'a fait d'ailleurs état d'aucune "consigne particulière" sur le terrain, mais elle s'est dite "prête à apporter sa contribution" en cas de besoin.

Le président ivoirien "suit de près" les développements à Conakry, avance un bon connaisseur de la situation ivoirienne et de la région, soulignant que le régime de Lansana Conté avait "été un acteur d'influence au profit de Laurent Gbagbo" depuis le début de la crise ouverte en septembre 2002.

Le coup d'Etat manqué avait alors entraîné la partition du pays en un Nord - frontalier de la Guinée à l'ouest - aux mains des rebelles, et un Sud contrôlé par le gouvernement.

Le chef de l'Etat ivoirien a salué la mémoire du "patriote" Conté, évoquant son soutien à "la légalité et la légitimité des institutions et du gouvernement ivoirien" au long de la crise.

La Cédéao est composée des pays suivants : Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Léone et Togo.

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