Cédéao

L'étau se resserre autour de Moussa Dadis Camara

Le président du Togo, Faure Gnassingbé, devrait participer samedi à Abuja à un sommet spécial de la Cédéao consacré à la crise en Guinée. La Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest a dénoncé lundi "les tueries brutales" et le risque de "nouvelle dictature" en Guinée, après le massacre fin septembre qui a fait plus de 150 morts selon l'ONU.

Le président en exercice de la Cédéao, le Nigérian Umaru Yar'adua a réclamé, comme déjà les Etats-Unis et la France, une commission d'enquête internationale en collaboration avec l'ONU et l'Union africaine (UA) sur "les graves violations des droits de l'homme incluant le massacre de civils désarmés et des viols", pour "identifier et poursuivre les coupables de ces actes devant des juridictions guinéennes ou internationales".Cette commission d'enquête devra être protégée par une mission civilo-militaire, a précisé le président Yar'adua dans un message écrit.

Au terme de leur réunion, les ministres des Affaires étrangères ont réitéré la date limite du 17 octobre fixée par l'Union africaine (UA) pour que le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, renonce à se présenter à la présidentielle prévue en janvier "sous peine de mesures appropriées".

La Cédéao a exigé que la junte "libère toutes les personnes arrêtées depuis le 28 septembre, rende les corps des victimes aux familles, permette aux blessés l'accès aux hôpitaux, "en particulier aux femmes violées de recevoir des soins, lève toutes les entraves à la liberté d'expression et de rassemblement, et interdise les armes de guerre hors des casernes".

En ouvrant la réunion de lundi, le président de la commission de la Cédéao, Mohamed ibn Chambas, avait dénoncé une "militarisation du pays caractérisée par l'usage arbitraire et irresponsable du pouvoir pour réprimer la population".

"Les tueries brutales de civils désarmés et sans défense le 28 septembre (...) ne sont que la continuation de la répression qui sévissait sous le régime du président Lansana Conté", mort en décembre 2008 après avoir régné d'une main de fer pendant 24 ans, a-t-il poursuivi.

"Si cette junte passe en force, elle va imposer une nouvelle dictature (...) La Cédéao et la communauté internationale sont aux côtés du peuple guinéen", a encore lancé M. Chambas.

"La Cédéao a été plus que trahie" par Camara qui (nous) avait promis de ne pas se présenter à la présidentielle, a de son côté déclaré le vice-ministre nigérian des Affaires étrangères Bagudu Hirse.

Une vingtaine de membres de l'opposition guinéenne étaient présents lundi à la réunion d'Abuja, avec à leur tête l'ancien Premier ministre évincé Ahmed Tidiane Souare.

"Les blessures sur ma tête témoignent de ce qui s'est passé". "Ils nous ont frappés et tués. Plus de 200 personnes ont été tuées par la junte", a-t-il déclaré dimanche à la presse nigériane.

"Le problème, ce n'est pas seulement Camara, c'est toute la junte, l'armée toute entière. Nous voulons le départ de la junte et la mise en place d'un pouvoir de transition. La communauté internationale doit nous aider", a déclaré Dibah Badiko, un dirigeant d'un parti d'opposition.

Le médiateur de la Cédéao dans la crise, le président burkinabè Blaise Compaoré, a demandé lors d'un déplacement à Conakry à la junte et à l'opposition d'entamer "un dialogue politique", mais l'opposition guinéenne a exigé au préalable le départ du capitaine Camara et l'arrestation des responsables du massacre du 28 septembre.

Parallèlement, les pressions internationales se multiplient sur le capitaine Camara.

Dimanche le président de la Commission de l'Union africaine (UA) Jean Ping a estimé que le "processus" de sanctions contre la junte suivait "son cours", une semaine avant l'expiration de l'ultimatum de l'UA au capitaine Camara pour renoncer à la présidentielle.

Le sommet de samedi prochain devrait également examiner le cas du Niger où, malgré le tollé international, le président Mamadou Tandja s'est maintenu au pouvoir pour trois années supplémentaires en changeant la constitution.

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