Coopération

Le Togo sur la bonne voie

Le projet baptisé "Africarail" devrait connecter les 2.000 km de voies ferrées traversant le Togo, le Burkina-Faso, le Bénin et le Niger. Le réseau ferroviaire africain, morcelé en tronçons nationaux, voire provinciaux, hérité de la colonisation, concentre l'attention des pays du continent qui souhaitent développer des lignes transfrontalières et se heurtent à de nombreux obstacles.

"Pour extraire les richesses du continent, les puissances coloniales ont construit des lignes allant de l'intérieur vers les ports, sans concept transversal", a expliqué Ignacio Barron de Angoiti, responsable à l'Union internationale des chemins de fer (UIC).En conséquence, il y a une "juxtaposition de lignes isolées sans interconnexion entre elles", confirme Bernard Zoba, commissaire de l'Union africaine (UA) chargé des infrastructures.

Tous deux étaient cette semaine parmi les délégués du continent à une conférence sur "l'interconnection, l'inter-opérabilité et la complémentarité des réseaux ferrés africains", à Midrand, près de Johannesburg.

A l'ouverture de la conférence, le ministre sud-africain des Transports, Jeff Radebe, a souhaité qu'un "réseau ferré panafricain devienne une réalité (...) pour que l'Afrique puisse croître et occuper la place qui lui revient dans le commerce mondial".

L'objectif affiché est de créer les chaînons manquants pour raccrocher les voies existantes et créer des lignes transnationales.

En août, des travaux ont débuté pour construire 27 kilomètres de voies entre la ville de Chipata en Zambie et celle de Mchinji au Malawi, d'où une ligne relie déjà la côte mozambicaine.

En cours de réhabilitation, les chemins de fer angolais, détruits pendant la guerre civile, vont relier les ports atlantiques de cette puissance pétrolière à la République démocratique du Congo (RDC) et faciliter les exportations des richesses minérales de cet immense pays enclavé au centre du continent.

Le projet "Africarail" devrait en outre connecter les 2.000 km de voies ferrées traversant le Togo, le Burkina-Faso, le Bénin et le Niger. Et une nouvelle ligne Namibie-Botswana-Afrique du Sud pourrait voir le jour via le désert du Kalahari.

"Ces projets indiquent clairement que nous sommes sur la bonne voie, mais nous devons désormais mettre de la chair sur cette ossature", a lancé M. Radebe.

La plupart des projets n'en sont qu'à la phase préliminaire et plusieurs obstacles risquent de retarder leur réalisation.

D'abord, parce que "la situation des chemins de fer africains n'est globalement pas brillante", selon M. Zoba. Sur les 1,25 million de kilomètres de chemins de fer qui sillonnent le monde, seuls 80.000 se trouvent en Afrique, la plupart en très mauvais état.

Pour M. De Angoiti, les pays du continent ont longtemps négligé le réseau ferré, considéré comme un héritage de second rang laissé par les Occidentaux.

Les puissances coloniales avaient en effet privilégié des voies à écartement d'un mètre, plus étroites que la norme "standard" de 1.435 mm, coûtant moins cher, mais ne permettant pas de rouler très vite.

"Beaucoup de pays font un blocage psychologique sur ces voies et refusent de considérer qu'il est possible d'améliorer leur capacité", précise M. Zoba. Les projets prévoient l'utilisation de voies standards, qui doivent être adaptées aux voies métriques.

Autre difficulté: l'absence de règles juridiques communes concernant le droit des transports, mais aussi les règles de passage des frontières.

Enfin, et surtout, l'Afrique a besoin "de plus d'investissements dans les infrastructures ferroviaires", selon M. Radebe.

Or, à l'exception de la Chine, notamment au Nigeria et en Angola, les investisseurs étrangers sont rares, déplore M. Angoiti, qui ajoute: "on peut comprendre que la priorité des Etats africains aillent aux écoles et aux hôpitaux."

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