Culture

Un homme qui sonne vrai, une musique qui sonne juste

Ayaovi Mensah, alias «King Mensah", a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur le 15 mars dernier, rapporte le site de l’ambassade de France à Lomé. La distinction a été remise, au nom du président de la République française, par Dominique Renaux, l’ambassadeur de France au Togo.
Dans son discours, le diplomate a souligné que l’auteur, compositeur et interprète était  l’ « exemple vivant d’un homme qui sonne vrai, d’une musique qui sonne juste ».
Pour Dominique Renaux, le ruban rouge récompense l’ « éminent talent artistique l’engagement social et citoyen » de l’artiste.

Voici l’intervention de l’ambassadeur de France
Nous sommes réunis aujourd’hui auprès de Ayaovi King MENSAH pour rendre hommage à l’artiste, à son talent mais aussi à l’homme d’engagement. Je n’ai pas l’intention de retracer sa vie et sa carrière. Ce serait présomptueux : ses parents, ses amis ici présents la connaissent mieux que moi. Quant à son œuvre, elle est publique, elle fait d’ores et déjà partie de la culture togolaise. Je dirai simplement que vous êtes, à 40 ans à peine, un artiste accompli, un artiste reconnu, à la fois auteur, compositeur, interprète. Quelle carrière depuis les « Dauphins de la capitale » de votre enfance, le groupe KI-YI d’Abidjan, FAFANEVA et j’en passe, depuis votre premier album intitulé « Madjo » (je vais partir) en 1995, c’était hier, jusqu’à votre sixième et dernier album « DA », que vous avez présenté à l’occasion d’un grand concert au stade de Kuégué devant 25.000 spectateurs, le 26 décembre dernier. Immense succès populaire.
Vous avez, de l’artiste accompli, toutes les qualités : la sensibilité, qui remonte toujours à l’enfance, l’originalité, qui implique le courage d’être différent, de sortir de la voie tracée, le goût du travail, beaucoup de travail, de technique, le style ou plutôt les styles : style musical, très mélodieux avec un timbre de voix inimitable, souple et puissant, style vestimentaire, bien connu, et une présence sur scène. Dernière qualité, peut-être la plus essentielle à sa propre intégrité : votre modestie.
C’est la modestie qui empêche d’être anesthésié par la reconnaissance sociale, par le succès qui risque de dresser des murs, de faire oublier ceux qui vous entourent, ou relâcher l’effort nécessaire pour se dépasser encore et toujours. Vous êtes, et vous vous voulez, profondément togolais.
Vos chansons sont un chant d’amour pour vos concitoyens et votre pays. Elles prônent les valeurs du partage, du dialogue, de la solidarité. A ce titre, vous œuvrez grandement pour la réconciliation et la paix sociale au Togo à travers une musique qui réconcilie, elle, modernité et tradition. Cette tradition enseignée par votre père, Kofi Mensah, chanteur traditionnel d’Adamé auquel vous rendez toujours hommage pour tout ce que vous lui devez. Votre pays vous rend bien l’amour que vous lui portez : sur un plan officiel - vous avez été fait Officier de l’ordre du Mono en 2008 – comme par votre immense popularité. Vous êtes aussi un artiste africain, qui a travaillé avec des groupes ivoiriens notamment et a été récompensé à deux reprises par des Koras du meilleur artiste du continent, en Afrique du Sud.
L’Afrique à qui vous dédiez votre dernier album « Debout, mère, il est temps de renaître. Lève-toi, da Afrique ». Vous connaissez aussi très bien la France, où vous avez passé plusieurs années à vous former aux différents métiers du spectacle. J’ai d’ailleurs relevé que la plupart de vos enregistrements sont réalisés en France et …. qu’il vous arrive de chanter en français (Titre « Maman » de votre dernier album »). Mais vous avez choisi de revenir dans votre pays pour développer vos créations plutôt que de céder aux sirènes du show-biz et à ses produits formatés. Vous êtes ainsi un partenaire permanent et fidèle du Centre Culturel Français de Lomé, pour vos spectacles mais aussi pour des projets artistiques. Vous participez au total à l’essor et aux valeurs de la Francophonie, qui consiste aussi à défendre la diversité culturelle.
Loin de jouer en solo, vous encouragez la création artistique togolaise en associant des artistes à vos concerts (par exemple lors du concert de Kégué). Coïncidence, vous avez chanté avec le père de Dobet GNAHORE qui va se produire sur la scène du CCF le 27 mars. La sensibilité qui est à la source de votre art vous porte aussi au contact des autres, à leur écoute. Vous vous produisez fréquemment dans des concerts à vocation caritative et consacrez beaucoup de temps et de ressources à l’action humanitaire : c’est ainsi que vous avez créé deux centres d’accueil d’orphelins, à Lomé et au Lac Togo (ALODO), qui assurent aussi un suivi attentif de la scolarité de ces enfants. D’ailleurs, votre centre vient de connaître son premier bachelier. Pas question pour vous d’oublier le milieu d’où vous êtes issu, d’oublier ces êtres vulnérables que sont les enfants.
Vous êtes, King Mensah, l’exemple vivant qu’un homme qui sonne vrai produit une musique qui sonne juste, qu’un homme qui suit ses rêves mais aussi des principes de vie saura faire résonner le cœur de ses proches, fait résonner l’universel qui est en chacun de nous.
Aussi, compte tenu de votre éminent talent artistique et de votre engagement social et citoyen, et sur ma proposition, le Président de la République française, M. Nicolas Sarkozy, a-t-il décidé de vous distinguer à l’occasion des promotions exceptionnelles de la commémoration du Cinquantenaire des Indépendances Africaines.

Le site de l'ambassade de France

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