Diplomatie

Dominique Renaux : « Libérer les énergies »

L’ambassade de France au Togo a organisé le 14 juillet la traditionnelle réception à l’occasion de la fête nationale française. Plusieurs centaines d’invités parmi lesquels les officiels togolais, les milieux d’affaires, les expatriés et les diplomates étrangers.
Evoquant lors de son intervention la situation politique au Togo, l’ambassadeur de France, Dominique Renaux (photo), a estimé qu’une « page nouvelle de la vie politique du pays s'ouvre, chacun en est conscient. (…) En prolongement des progrès déjà réalisés, cela doit conduire, permettez à l'observateur et ami du Togo que je suis de le dire, à redoubler d'efforts pour réaliser les réformes nécessaires et libérer les énergies au profit du développement socio-économique ».
M. Renaux a également tenu à rappeler la position de Paris après l’élection présidentielle du 4 mars dernier qui a vu la réélection du président Faure Gnassingbé, en dépit des contestations exprimées par certains opposants
« Au Togo, où l'échéance des présidentielles était très attendue, parfois avec appréhension, le scrutin s'est finalement déroulé dans le calme, dans les délais constitutionnels et en présence d'observateurs. La communauté internationale a félicité le président Faure Gnassingbe pour sa réélection », a déclaré Dominique Renaux.

Voici le discours de Dominique Renaux, ambassadeur de France au Togo
Nous sommes très heureux, mon épouse Nive et moi, de vous accueillir à nouveau en cette résidence aux côtés de M. Komlan MALLY, Ministre de la Santé. Au nom de l’Ambassade de France et de tous les agents français servant au Togo, nous vous souhaitons la bienvenue.
Plus qu'une cérémonie protocolaire, le 14 Juillet est le rendez-vous annuel des acteurs de la relation Togo-France, personnalités officielles, civiles ou militaires, forces politiques, société civile, milieux d’affaires, médias et, bien sûr, communauté française que je salue tout particulièrement.
Comme chaque année, partout en France et dans le monde, les Français et leurs amis célèbrent ensemble un double événement, la Fête nationale de la France et ce symbole universel d'émancipation des peuples qu'est le 14 juillet.
Mais cette année l'Afrique est particulièrement à l'honneur. Alors que le continent a accueilli pour la première fois avec succès la Coupe du monde de football, 17 pays y célèbrent leurs cinquante ans d'indépendance. Les débats et les ouvrages se multiplient sur le bilan de ce demi-siècle, mais aussi sur l'avenir d'un continent qui apparaît de plus en plus comme le nouveau contingent émergent du début du XXIème siècle, avec une croissance économique soutenue. Voici venu "le temps de l'Afrique", prédit Jean-Michel Sévérino, venu participer récemment, avec d'autres conférenciers français comme Hubert Védrine, à cette grande réflexion sur l'avenir que le Togo partage avec ses voisins africains.
En ce 14 juillet, l'Afrique est aussi à l'honneur à Paris. Ce matin, sur les Champs-Elysées, pour rendre hommage aux Africains qui ont contribué à libérer la France et l'Europe, parfois au prix de leur vie, treize contingents africains, dont 38 militaires togolais, ont défilé devant le Président Sarkozy et onze chefs d'Etat invités, parmi lesquels le président Faure Essozimna Gnassingbe. Si la célébration et le bilan de l'indépendance relèvent à l'évidence de chaque pays concerné et de lui seul, la France, avec la mission conduite par Jacques Toubon, a voulu tout à la fois rappeler ce qu'elle doit à l'Afrique, hier comme aujourd'hui, par le sang versé, mais aussi par l'immigration, par les échanges commerciaux, par les arts et la culture et célébrer cinquante ans de relations avec 14 Etats souverains, cinquante années de proximité, de solidarité, de coopération.
Etre fidèle au passé, à l'histoire commune, ne signifie pas être aveugle aux évolutions du monde. La France et ses partenaires africains souhaitent rénover, refonder, leurs relations. C'est un désir partagé. On ne peut en 2010 parler de sécurité, de développement, de coopération ou de commerce dans les mêmes termes qu'en 1960.
La rénovation des relations Afrique-France peut susciter le scepticisme, elle est bel et bien en route. Lomé et Paris ont montré la voie en adoptant un nouvel accord de défense bilatéral. Lors du sommet de Nice, selon une formule profondément remaniée associant sur un pied d'égalité tous les pays africains mais aussi le secteur privé, la France s'est engagée à aider l'Afrique à peser de son vrai poids dans la gouvernance mondiale, au conseil de sécurité ou du G20. Ce ne sont pas des mots. Les entreprises françaises, elles, les premières, se sont engagées à Nice dans une charte sur des règles de responsabilité sociale et environnementale, sur la création d'emplois, sur la formation, afin que l'insertion croissante de l'Afrique dans l'économie mondiale ne se fasse pas au détriment des plus pauvres et de l'environnement.
Au Togo, où l'échéance des présidentielles était très attendue, parfois avec appréhension, le scrutin s'est finalement déroulé dans le calme, dans les délais constitutionnels et en présence d'observateurs. La communauté internationale a félicité le président Faure Gnassingbe pour sa réélection.
Les observateurs internationaux, européens notamment, ont toutefois noté des insuffisances et des défaillances, qui auraient pu être atténuées par des mesures de confiance. Ils ont formulé des recommandations sur des points importants pour la transparence des futurs scrutins.
Une page nouvelle de la vie politique du pays s'ouvre, chacun en est conscient. Chacun sent aussi plus que jamais les aspirations de la population. En prolongement des progrès déjà réalisés, cela doit conduire, permettez à l'observateur et ami du Togo que je suis de le dire, à redoubler d'efforts pour réaliser les réformes nécessaires et libérer les énergies au profit du développement socio-économique :
Cela implique de poursuivre la réconciliation nationale. Le démarrage de la Commission Vérité Justice et Réconciliation, l'entrée au gouvernement de personnalités de l'opposition, vont dans ce sens. Des actes courageux ont été posés de part et d'autre pour aider à tourner la page d'événements douloureux du passé.
Cela implique de recueillir l'adhésion active du citoyen aux réformes. Rapprocher le citoyen des institutions, c'est entre autres choses instaurer une justice indépendante et combattant l'impunité, c'est la possibilité d'élire son maire, c'est établir la compétence et le mérite au cœur des valeurs de la cité.
Cela implique aussi de progresser vers un Etat de droit où les institutions républicaines garantissent sans faille l'intérêt collectif, où les partis politiques puissent assumer librement leur fonction de vigilance et de proposition, où l'exercice des libertés publiques nourrisse une culture du dialogue et du compromis.
Je sais que ces propos pourront paraître exigeants à certains, trop conciliants voire naïfs à d'autres. Je souhaiterais simplement que, sans amalgame ou procès d'intention, personne ne doute de l'attachement sincère de la France à ce que le Togo progresse, à ce que les conditions de vie difficiles de ses habitants s'améliorent, à ce que ce pays soit pour la France et les Français qui y vivent un partenaire stable et prospère, à la pointe de l'Afrique émergente.
A l'heure où l'Afrique s'ébranle et s'éveille, le Togo doit et peut se tourner résolument vers l'avenir et libérer tout son potentiel, économique et humain. C’est possible et il n’est pas seul. Comme l'a écrit le président Sarkozy, "dans cette double ambition de réconciliation et de redressement, la France entend continuer d'accompagner vos efforts, dans un esprit de confiance et de respect mutuel".
Ces intentions, nous les traduisons en actes. Malgré les contraintes budgétaires, la coopération française reste mobilisée au Togo. Ces dernières semaines, l'Agence française de développement a consenti près de 10 Meuros de nouveaux dons aux programmes nationaux dans la santé et l'éducation. Qu'il s'agisse de transfusion sanguine, d'accès aux médicaments, de lutte contre la malnutrition infantile ou le VIH-SIDA ou des infrastructures à Lomé, ces actions visent à répondre à des besoins, à des urgences. L'ambassade et l'AFD agissent aussi pour faciliter l'accès du Togo à des programmes et financements multilatéraux d'envergure ( Fonds Mondial Sida, l'Initiative Fast track « éducation pour tous », ) ou aux opérations de maintien de la paix.
Le développement humain est au cœur de cette coopération : dans le programme de bourses comme dans le volet formation de chacun de nos projets. Tous les domaines sont concernés : de l’inspection du travail aux services municipaux, de la formation des enseignants à celle des fonctionnaires ou des magistrats, à l'E.N.A. et dans les universités.
Monsieur le Ministre, Mesdames et Messieurs ,
La défense des intérêts est naturelle dans les relations internationales, mais heureusement les relations internationales ne se réduisent pas à des intérêts. L’amitié, la solidarité, les valeurs communes, la joie de réussir ensemble sont tout aussi importantes.
Je souhaiterais enfin m’adresser à mes compatriotes pour leur dire que l’ambassade, en premier lieu la section consulaire, est attachée à leur bien-être et à leur sécurité. Ils le savent. Nombre d'entre eux sont établis durablement ici, et prennent part au développement du pays. L’image et l’influence de la France leur doivent beaucoup, je leur demande de donner le meilleur d'eux-mêmes.
A tous, Français qui ont fait du Togo leur deuxième patrie, et qui la servent souvent avec abnégation comme les religieux qui vivent avec, pour et comme la population, aux Togolais liés à la France par les liens familiaux, par la langue, les études, la culture ou l'art de vivre, je souhaite de se sentir chez eux à l’ambassade de France, au Centre culturel français, à l’AFD ou au Lycèe français.
Cette période de l’année est aussi celle des mutations. A tous ceux qui ont travaillé plusieurs années pour les services français au Togo, je dis merci pour le travail accompli.
Les messages d'estime qu'ils reçoivent de leurs amis togolais sont pour nous la meilleure des récompenses. Merci aussi à tous ceux, de l'ambassade et du Centre culturel français, qui ont assuré ensemble la préparation de cette cérémonie, qui sera animée dans quelques instants par la troupe AMLIMA qui nous aidera à prendre de la hauteur, je n'en dirai pas plus.
Je vais maintenant, avec M. le Ministre, porter un toast « Au Togo et à la France, ces deux pays qui ont tant en commun et qui peuvent compter l'un sur l'autre, à nos deux peuples et à leurs amis, bonheur, prospérité, et excellent 14 juillet à tous".

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