Diplomatie

Le Togo enfin membre du Conseil de Sécurité

Qui l’aurait cru? Après l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Inde, la Colombie et le Portugal élus pour la période du 1er janvier 2011 au 31 décembre 2012 ; et la Bosnie-Herzégovine, le Brésil, le Gabon, le Liban, le Nigéria élu pour la période 2010-2011, voici enfin arrivée l’heure du Togo élu pour la période 2012. 

L’élection par les membres de l’Assemblée générale s’est tenue ce 21 octobre 2011 et le vote a désigné quatre pays qui vont siéger au Conseil de Sécurité en tant que membre non permanent, dont le Togo. L'élection du cinquième (Slovénie ou Azerbaïdjan devrait se dérouler lundi).

Il faut reconnaitre que le Togo a bénéficié des suffrages de nombreux pays. Nous avons eu le soutien sans faille de l’Union Africaine, de plusieurs pays de l’Union européenne dont la France et l’Allemagne, de certains pays d’Asie, du Moyen Orient et de l’Amérique du Nord dont les Etats Unis d’Amérique. Soit plus de 2/3 du suffrage exprimé par bulletin secret.

Quel succès ! Quel mérite !

Par cette élection  la Communauté Internationale a décidé de témoigner  son soutien à la politique de réforme multisectorielle engagée par le Président de la République Faure Gnassingbé pour faire du Togo un pays émergent et moderne. Pourquoi un siège non permanent au Conseil de sécurité pour le Togo ? Qu’est ce que le Conseil de sécurité ? Que va faire le Togo ? Quelle chance pour le Togo ?

Le Conseil de sécurité des Nations Unies

Le Conseil de Sécurité est l’organe exécutif de l’ONU. Il a « la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale » selon la charte des Nations Unies et dispose pour cela de pouvoirs spécifiques tels que le maintien de la paix( l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire dont le Togo joue un rôle important ), l’établissement de sanctions internationales et l’intervention militaire( cf Pour une paix durable en Afrique pp117-199). Certaines décisions nommées Résolutions, du Conseil de Sécurité ont force exécutoire telle la résolution 1528 du 27 février 2004 prenant la suite de la résolution 1464 de février 2003 du Conseil de Sécurité qui autorisait la CEDEAO et la France à déployer des troupes en Côte d’ivoire pour faire appliquer les accords de kleber dits de Linas Marcoussis. Initialement déployée pour une période de 12 mois, son mandat a été régulièrement prolongé par les résolutions 1933(2010), 1942(2010), 1946(2010)…et 1981 (2011) du Conseil de sécurité jusqu’au 31 juillet 2011 passé. Nous pouvons également faire référence à la résolution 1973  autorisant la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne en Libye.

Le Conseil de Sécurité est composé de quinze membres : cinq permanents pourvus du droit de véto ( USA, France, Royaume-Uni, Chine, Russie) et dix membres non permanents qui sont élus pour deux ans à la majorité des deux tiers par l’Assemblée générale des Nations Unies et renouvelés par moitié tous les ans. C’est dans le  cadre de ce renouvellement par moitié tous les ans que notre pays le Togo vient d’être élu. Nous nous en réjouissons et en sommes fiers.

Aujourd’hui, le Togo a consacré  son retour au sein de la Communauté des Nations depuis son dernier siège non permanent  occupé au Conseil de Sécurité en 1982. 

Que fera le Togo ?

Oui  le Togo est mûre. Il est, grâce à la vision et à l’action internationale du Président Faure Gnassingbé, un acteur africain principal dans les missions de paix à travers le monde et précisément en Afrique. C’est un honneur pour tous togolais de voir son pays joué un rôle essentiel dans les décisions importantes à venir. Mais c’est un devoir pour notre pays de contribuer pour la paix internationale. Le Togo s’installe au Conseil de Sécurité pour servir la paix, la stabilité, renforcer la solidarité et promouvoir les valeurs universelles. Ce siège consacre une expérience pionnière des Forces Armées Togolaises sur le terrain car le Togo est aujourd’hui le 27ieme plus gros contributeurs  aux opérations du maintien de la paix des Nations Unies dans le monde.

La Communauté internationale, précisément les Nations Unies ne pouvaient pas ne pas tenir compte de la disponibilité du Togo à consolider la paix dans le monde et en particulier en Afrique, des avancées démocratiques du Togo surtout après les élections présidentielles d’Avril 2010 jugée crédible et transparente par les observateurs européens et ne pas soutenir le processus de réconciliation en cours. (cf penser la réconciliation au Togo p17)

Pour réussir cette mission, nous pensons que le Togo doit contribuer à la réforme du Conseil de Sécurité. Cet organe n’a été reformé qu’une seule fois en 1963 lorsque quatre nouveaux sièges non permanents ont été crées. Sa réforme nécessite l’accord d’au moins deux-tiers des Etats membres des Nations Unies et celui de tous les membres permanents qui disposent du droit de véto (Cf article 108 de la charte). Cette procédure quelque peu compliquée, nécessite de définir une réforme qui puisse recueillir le soutien d’une vaste majorité d’Etat membres. Le sujet continue de susciter des grandes divergences notamment sur la question de l’élargissement et de l’amélioration des méthodes de travail.

Plusieurs tentatives de réformes ont vu le jour depuis quelques années sans succès. Nous avons des propositions comme :

-Le « rapport des sages » de 2004 (rapport Panyarachun) demandé par Koffi Annan proposant des solutions pour un Conseil élargi à 24 membres ;

- Le G4 (Inde, Brésil, Japon, Allemagne) a fait une tentative en 2005 qui n’a pas abouti ;

- Les pays rassemblés au sein du groupe « uni pour le consensus » derrière l’Italie, l’Argentine, le Pakistan et le Mexique, plaident pour un élargissement uniquement dans la catégorie des membres non permanents.

- Enfin, nous les pays africains dont notre pays le Togo, s’est rassemblé derrière « le consensus d’Ezulwinu » demandant deux sièges permanents avec droit de véto et deux sièges non permanents supplémentaire pour l’Afrique ( nous en détenant déjà 3 actuellement).

Cette réforme souhaitée par tous a connu un nouvel élan avec le lancement le 19 février 2009 par l’Assemblée Générale de négociations intergouvernementales.

Nous souhaitons que pour le Togo, la reforme du Conseil de Sécurité soit un impératif dans le cadre de la réforme des institutions internationales. Elle nécessite un engagement politique des Etats membres. Le Togo doit demander que le Conseil de Sécurité s’adapte aux réalités du XXIième siècle. Il doit représenter tous les continents. 

Quelle chance pour le Togo ?

Quoique les Chefs d’Etats et de gouvernement aient majoritairement exprimé leur soutien à une rénovation rapide du Conseil de Sécurité, aucune réforme partielle ou totale n’a de chance d’aboutir avant les deux ans à venir. Comme tous les pays qui l’ont précédé, le Togo ne fera pas l’exception. Les Nations Unies ont leur règle et leur fonctionnement. Tant que les grandes puissances ( cf L’Afrique malade de ses hommes politiques pp94-104 ) membres permanent du Conseil de Sécurité ne veulent pas que les réformes ou une initiative aboutissent,  Aucun pays ne peut changer la donne. Les faibles seront toujours plus faibles et les puissants toujours plus puissants. Le Togo ne fera pas de miracle. Il contribuera certes mais ne changera pas le monde.

Robert DUSSEY

Du même auteur :- Pour une paix durable en Afrique, éditions Bognini, 2002

  • - Penser la réconciliation au Togo, éditions Bognini 2003

L’Afrique malde de ses 

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