Diplomatie

Togo-Japon : Tout reste à faire

Où en sont les relations politiques et économiques entre Lomé et Tokyo, comment le Japon peut-il aider le Togo à maintenir le cap de la croissance, quelle est l’implication des autorités togolaises sur les grands dossiers internationaux au sein de Conseil de sécurité des Nations Unies ? Autant de questions posées lundi par le quotidien Liberal Time de Tokyo à Steve Aklesso Bodjona, le chargé d’Affaires du Togo au Japon.   

 

Voici une traduction de linterview

Liberal Time. Le 14 Mai, une cérémonie de remise de matériels fabriqués à partir de bois de teck offert par le Togo s’est déroulée dans la préfecture de Miyagi. Dites nous ce qui a suscité un tel geste de la part de votre pays.

M. BODJONA. Au lendemain des catastrophes du 11 mars 2011, l'Organisation Internationale des Bois Tropicaux (OIBT) dont le siège se trouve à Yokohama a eu la bonne idée de lancer, à l'endroit de ses pays membres, un appel a manifestation de solidarité à l'égard de son pays hôte qu'est le Japon. 

Il vous souvient qu'en juin 2011 soit trois mois après les malheureux événement, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, Président de la République Togolaise avait tenue à effectuer personnellement une visite au Japon pour témoigner de vive voix toute la sympathie du peuple togolais a l'égard du peuple frère du Japon. A cette occasion, à travers la Croix rouge Japonaise, le Chef de l'Etat avait, au nom du peuple togolais, fait un don aux régions sinistrées.

Lors de ce séjour, Il avait également fait le déplacement de Sendai ou il a pu constater de visu l'ampleur des dégâts. Face à tout cela il est rentré au pays avec l'espoir de voir la solidarité internationale se faire plus forte à l'égard du Japon. C'est dans ce contexte donc que mon Gouvernement n'a pas hésité un seul instant à répondre favorablement à la demande de l'OIBT en offrant 37m3 de bois de teck car, comme l'avait si bien dit le President Faure en juin 2011, << la solidarité, la vrai, ne doit pas être un acte ponctuel ou isolé. Elle se doit d'être continue et soutenue>>.

Liberal Time.&nbsp; Le Togo a été le seul pays qui a répondu à l’appel de l’OIBT. Pourquoi ? Et pourquoi pensez-vous que les autres pays n’ont pas suivi l’exemple du Togo&nbsp;?

M. BODJONA. Comme je le disais plus haut, il s'agit essentiellement d'un geste guidé par le sentiment de solidarité. La vraie amitié se renforce au fil du temps par la solidarité qui anime chacune des parties et cette solidarité ne peu s'entrevoir sans une certaine forme de réciprocité. Il y a quelques années, mon pays avait été frappé par des catastrophes naturelles notamment des inondations qui ont causé d'énormes dégâts pour les populations. Si aujourd'hui mon pays a pu très rapidement se relever de cette situation, c'est bien, entre autre, grâce à l'aide combien précieuse du Japon qui reste pour le Togo un partenaire fiable et Fidèle. Vous comprenez donc que les togolais ne puissent pas rester insensibles devant la souffrance des populations de la région de Tohoku car, comme je le disais au maire de la ville de Yamamoto lors de la cérémonie du 14 mai dernier, la vraie solidarité doit se manifester en tout temps, aussi bien dans les moments de bonheur que dans les périodes de grandes difficultés.&nbsp;

Je crois que tout comme le Togo, de nombreux pays, individuellement, avaient initialement manifesté, d'une manière ou d'une autre leur solidarité. Il est bien vrai que sur les soixante pays membres de l'OIBT, seul le Togo s'est une seconde fois manifesté en répondant à l'appel de l’Organisation mais je reste convaincu qu'il ne s'agit pas d'un désintéressement. Le Japon est un pays dont la solidarité, au plan international est légendaire et je suis certain que la Communauté internationale sait en tenir compte.

Liberal Time. Continuerai-vous à soutenir la région de Tohoku à l’avenir?

M. BODJONA. Comme j'ai l'habitude de le rappeler, mon pays et le Japon sont des partenaires de longue date. Leurs relations remontent au lendemain de l'indépendance du Togo et nous sommes disposés, à œuvrer, dans tous les domaines au renforcement de ces relations d'amitié et de coopération qui existent si heureusement entre nos deux pays. &nbsp;

Liberal Time. Votre pays a été élut au Conseil de Sécurité de l’ONU. C’est à la fois un honneur et une responsabilité à assumer.

M. BODJONA. Comme vous le dites si bien, c'est un honneur et en même temps une grande responsabilité pour le Togo de siéger en temps que membre non permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU pour le mandat 2012-2013.

C'est d'abord un honneur et une fierté nationale car cette élection vient concrétiser la reconnaissance de la communauté internationale vis-à-vis des énormes efforts consentis par les plus hautes autorités togolaises avant et depuis la reprise de la coopération internationale. C'est la preuve ici que l'ensemble de la communauté internationale apprécie hautement les nombreuses réformes engagées par le Chef de l'Etat et le Gouvernement dans les domaines politique, économique, constitutionnel et institutionnel. C'est surtout un encouragement adressé a mon pays afin qu'il poursuive les efforts pour mener à bien les reformes qui sont actuellement en cours.

C'est ensuite une immense responsabilité car désormais le sort de notre planète pèse plus encore sur les épaules du Togo qui, avec les 14 autres membres du Conseil de Sécurité devra, bien entendu, en toute souveraineté et en fonction de l'intérêt premier de la communauté internationale œuvrer à garantir la paix et la sécurité pour tous. Ceci passe bien sur et surtout par la prévention et la résolution des conflits.

Liberal Time. En Février dernier, le Togo a présidé le Conseil de Sécurité. Quels ont été les sujets majeurs de cette présidence&nbsp;?

M. BODJONA. Le Togo a en effet présidé le Conseil de Sécurité au mois de février dernier et comme vous le savez la crise syrienne, que mon Gouvernement appel de tous ses vœux a une fin rapide et pacifique, a été la principale question à l'agenda de cette présidence. Celle ci s'est terminée par un débat de haut niveau dirigé par le Chef de l'Etat lui-même et qui a porté sur une question d'actualité : «Les menaces à la paix et à la sécurité internationale, résultant des réseaux de trafic et de criminalité en Afrique de l’ouest et au Sahel».&nbsp;

Liberal Time.&nbsp; Le Togo vient de célébrer le 52ème anniversaire de son indépendance. Comment cet évènement a-t-il été célébré au Japon&nbsp;?

M. BODJONA. Oui. Cette année marque la toute première célébration officielle de la fête de l'indépendance du Togo au Japon. Nous avons donc pensé à marquer l'événement d'un sceau particulier. Aussi avons-nous célébré, du 03 au 29 Avril, en collaboration avec l'Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA), la première édition du mois du Togo au Japon. Il s'est agit durant toute cette période de donner au public japonais l'opportunité d'apprendre sur le Togo, de découvrir le Togo dans tous ces aspects.

Deux conférences ont été organisées durant cette période, la première le 14 Avril animée par 5 membres du club des amis du Togo qui y ont déjà séjourné et qui ont ainsi eu l'occasion de partager, avec leurs compatriotes, leurs expériences du Togo. La seconde, animée par l'Ambassade elle même, le 27 Avril, a porté sur une présentation générale du Togo qui a surtout insisté sur les opportunités d'affaires et la promotion touristique.

Il faut ajouter à tout ceci l'exposition qui a duré tout le temps de l'événement, les projections de films et documentaires ainsi que la dégustation de mets togolais au menu du restaurant de la JICA durant tout le mois d'Avril.

Je voudrais insister sur le fait que l'Ambassade ne compte pas s'arrêter là. Aussi avons-nous déjà programmé, pour les mois de juin, juillet et août, de nombreuses conférences et expositions avec des Universités, musées et autres associations à Tokyo et dans ses environs.

Liberal Time.&nbsp;Lors de la toute première consultation bilatérale entre le Togo et le Japon en février 2012, votre délégation a beaucoup insisté sur les stratégies de relance de la croissance et les diverses réformes qui contribuent énormément a l'amélioration du climat des affaires au Togo. Parlez nous un peu des efforts en cours.

M. BODJONA.Ceci fait partie intégrante des importantes réformes dont je vous parlais plus haut. Vous conviendrez avec moi que la sécurité et la stabilité politique sont des indicateurs importants pour les investisseurs. C'est pourquoi l'une des priorités du Chef de l'Etat depuis son accession à la magistrature suprême en 2005 a été la décrispation du climat politique et la réconciliation des togolais entre eux mêmes. Pour se faire, il a lancé, avec les principaux partis politiques un processus de dialogue afin de dégager de façon consensuel, les principes clés sur lesquels devra reposer la gestion de l'Etat. Il a également mis en œuvre le processus Vérité-Justice-Réconciliation dont la commission a récemment remis le rapport et dont les recommandations connaitront, certainement dans les jours à venir, un début d'exécution.&nbsp;

Outre ces acquis, il convient de noter que le Gouvernement œuvre sans relâche à l’amélioration du climat des affaires afin de le rendre plus attractif. Ceci passe dans un premier temps par les reformes économiques et, ces dernières années, grâce aux efforts consentis, le Togo, malgré la crise internationale connait une croissance soutenue. Celle-ci est passée de 3,7% en 2010 à 4,8% en 2011. Pour cette année, elle devrait tourner au tour de 5,6%.&nbsp;

Divers textes ont été améliorés pour alléger les procédures de création d'entreprises et, pour permettre aux potentiels investisseurs de s'y familiariser, mon pays, avec l'aide de certains partenaires, a mis en ligne l’eRegulations, une page web spécialement dédiées aux investisseurs et qui peut être directement consultée à partir du site de l’Ambassade.

La relance de la croissance passe aussi par la jeunesse notamment l’emploi des jeunes. C’est pourquoi de nombreuses initiatives existent et visent à résorber le chômage. Nous pouvons citer entre autres la promotion de l’entrepreneuriat, le Programme de Volontariat National (PROVONAT). La dernière en date, lancé le 18 Mai 2012 et dénommée Coalition Nationale pour l’Emploi des Jeunes établi un partenariat public/privé, pour s’y faire.

Beaucoup d'efforts ont également été faits et continuent d'être faits dans le domaine des infrastructures notamment avec la réhabilitation des voies de communication et la relance de l'industrie touristique. Parlant de ce dernier, secteur, je voudrais insister sur les nombreuses opportunités qui existent actuellement surtout dans le domaine de l'hôtellerie et voudrais vivement encourager les opérateurs privés japonais à s'y intéresser. &nbsp;

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