Diplomatie

Victor Angelo : « On fait ce qu’on peut ! »

La Mission des Nations unies au Tchad et en Centrafrique (Minurcat) est cible de toutes les critiques alors que la situation sécuritaire des centaines de travailleurs humanitaires et des 450.000 réfugiés et déplacés dans la zone inquiète.
Seulement 2.385 des 5.200 soldats prévus (46%) sont présents actuellement au sein de la Minurcat, qui a pris officiellement la relève de l'Eufor, la force de l'Union européenne (UE) dans la région, le 15 mars. Mais le représentant spécial de l'ONU au Tchad, Victor Angelo, promet un déploiement complet d'ici fin janvier, justifiant le retard par un problème de logistique aujourd'hui surmonté.
Un épisode est symbolique: le contingent népalais de cette force internationale est arrivé sans munitions. "Ils pensaient qu'ils venaient faire du camping", ironise un membre d'une ONG. M. Angelo reconnaît: "Il y a eu des problèmes d'autorisations pour survoler les pays" entre le Népal et le Tchad avec du matériel militaire.
Les personnels humanitaires ne veulent pas se mettre à dos leur partenaire onusien et refusent de parler ouvertement de la Minurcat. Sous couvert de l'anonymat, les langues se délient.
"La Minurcat reste dans ses camps et n'en sort pas, surtout pas si ça tire", affirme un membre d'une organisation non gouvernementale. "C'est un comble: on en vient à regretter l'Eufor dont on trouvait l'action inadaptée", ajoute un autre.
"Ils (les soldats) ne font pas ou peu de patrouilles. Quand ils se déplacent, c'est avec une colonne de blindés pour accompagner deux (agents) de l'ONU pendant une heure dans une ville. Ca devient ridicule", souligne également une membre d'une agence onusienne.
"On n'a pas le même niveau quand on remplace les soldats et les moyens des armées professionnelles européennes par des contingents asiatiques ou africains mal équipés", souligne un autre agent onusien.

Les soldats togolais sont exceptionnels

Le représentant de l'ONU au Tchad rétorque qu'"on est injuste envers les militaires du tiers-monde". "Par exemple, le Togo, un pays sans grandes ressources, nous a envoyé des soldats exceptionnels qui sont tout le temps sur le terrain."
"On fait plus de patrouilles", assure M. Angelo. "On sécurise des marchés et les routes qui y mènent. Il y a des zones où la sécurité s'est améliorée mais il y a eu d'autres endroits où il y a une aggravation."
Le chef de mission d'une ONG affirme qu"il faut arrêter de raconter que ça s'améliore doucement" car, dit-il "la situation se dégrade".
Mais un militaire français tempère: "Il n'y a pas brusquement une augmentation du nombre d'incidents et des enlèvements parce que la Minurcat a remplacé l'Eufor. Il y a de nombreux autres facteurs" à l'augmentation de l'insécurité, comme la démobilisation de certains rebelles tchadiens de l'est du pays qui pourraient être tentés de mener des activités crapuleuses pour survivre.
Les autorités tchadiennes, qui ont plusieurs fois évoqué la possibilité ne pas reconduire le mandat de la Minurcat censé se terminer le 15 mars mais reconductible, ne cachent pas leur agacement.
"On ne voit pas beaucoup ses soldats sur le terrain. Ils sont encore en sous-effectifs. L'Eufor faisait bien son travail mais la Minurcat est une machine lourde. On ne doute pas de leur bonne foi mais...", analyse le représentant spécial du président tchadien auprès de la Minurcat, le général Oki Dagache.
Autre critique: les 768,2 millions de dollars de l'opération pour l'exercice 2009-2010. "On manque souvent de moyens: imaginez ce qu'on pourrait faire avec cet argent", relève une humanitaire.
"C'est un vieux débat. Cet argent provient du tiroir +opération maintien de la paix+ des Etats membres, il ne peut servir à des projets de développement", répond M. Angelo.
"Il est possible d'instaurer un climat de sécurité à l'est du pays", assure-t-il. "Il faut une conjugaison des différents instruments: police, information, coordination avec les autorités".

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