Idées

Afrique : la pauvreté malgré la croissance

Il y a un paradoxe économique africain : l’Afrique ne connait pas la crise : sa croissance est forte et cependant la pauvreté y progresse.

UN BOOM ECONOMIQUE INCONTESTABLE

Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI),l 'Afrique subsaharienne devrait connaître une croissance de 6,1% en 2013.

Dix-huit pays connaitrons une croissance d'au moins 6%, deux seulement seront en récession (Guinée équatoriale et Swaziland), tandis que l'Afrique du Sud, première économie du continent, peine à décoller avec seulement 2,8% de prévu.

Selon le FMI,  "La performance généralement forte s'appuie en grande partie sur la poursuite des investissements dans les infrastructures et la capacité de production, une consommation toujours robuste et l'activation de nouvelles capacités dans les secteurs extractifs".

La Banque mondiale souligne que les investissements directs étrangers, notamment, ont augmenté de 5,5% en Afrique subsaharienne en 2012 –à cause surtout des cours élevés des matières premières--, alors qu'ils ont reculé de 6,6% dans l'ensemble des pays en développement.

ET POURTANT LA PAUVRETE EST BIEN LA

Toute cette croissance est portée par la consommation des ménages. L’augmentation de la population, booste le commerce de détail. Le développement des infrastructures dynamise les grosses entreprises. La jeunesse de la population, l’urbanisation rapide, le développement de la classe moyenne tirent l’économie vers le haut. Mais tous ces facteurs positifs ne suffisent pas à éradiquer de larges poches de pauvreté.

Le constat de la banque mondiale est sévère. "La croissance économique a beaucoup moins réduit la pauvreté que dans le reste du monde". Le tiers des habitants du monde en situation d'extrême pauvreté --avec moins de 1,25 dollar par jour— se trouvent en Afrique subsaharienne, contre 11% il y a trente ans. Soit plus de 400 millions de personnes.

Shanta Devarajan, économiste en chef pour la région Afrique de la Banque mondiale diagnostique plusieurs freins à la diminution de la pauvreté dont le manque de transparence des gouvernements quant à l’utilisation des bénéfices engendrés par l’exploitation minière et pétrolière, l’utilisation inégale des subventions agricoles, le manque d’irrigation ou un taux de natalité encore trop fort dans certains pays. En Afrique, 70% des populations pauvres ont recours à l’agriculture pour espérer gagner leur vie. Mais, le continent est le moins irrigué du monde et subit plus que les autres les changements climatiques.

Voilà pourquoi, le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon ont appelé le 19 avril à une plus grande volonté politique et davantage d'efforts pour mettre fin à la pauvreté extrême d'ici 2030 et pour promouvoir l'inclusion sociale.

Réduire la pauvreté extrême est une « tâche sur notre conscience», et la Banque mondiale s'efforce à réduire le taux global de pauvreté extrême de 21% à moins de 3% en 2030, a déclaré le secrétaire général lors d'un séminaire organisé en marge des réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale en cours.

Pour atteindre cet objectif, les progrès dans la réduction de la pauvreté en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud Est sont essentiels.

Les gouvernements doivent y prendre garde.  Sollicités par les grandes entreprises étrangères et les organismes prêteurs, ils sont souvent tentés d’accorder la priorité aux infrastructures plutôt qu’au développement humain.

Il leur faut rechercher un meilleur équilibre entre la matière et les âmes.

Koffi Souza

ANNEXE

Ratio de la population pauvre disposant de moins de 1,25US$/jour (PPA) (% de la population)

Afrique subsaharienne

48,5% 2010

Amérique latine et Caraïbes

5,5% 2010

Asie de l’Est et Pacifique

12,5% 2010

Asie du Sud

31,0% 2010

Europe et Asie centrale

0,7% 2010

Moyen-Orient et Afrique du Nord

2,4% 2010

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