Idées

Calculs politiques et intérêts partisans

Le contexte politique est marqué ces dernières semaines par un regain de tension. Une tension prévisible et minutieusement entretenue par certains leaders de l’opposition, des organisations de la société civile et des journalistes pour galvaniser les troupes et distiller des messages d’exacerbation.

Rien de surprenant. Le gouvernement prépare les prochaines élections législatives et locales. Le nouveau code électoral introduisant certaines recommandations des différentes missions d’observation de l’Union européenne a été adopté par l’Assemblée ainsi que la loi portant le nombre de sièges de 81 à 91.

Le gouvernement se doit de respecter les délais pour l’organisation des scrutins ; il a ainsi multiplié les appels au dialogue afin d’obtenir un consensus a minima sur les deux textes.

Mais c’est sans compter avec l’agenda politique de l’opposition. Pas question, consensus ou pas, d’organiser les élections avant neuf mois, quitte à violer les dispositions légales. 

Les moyens de pression ne manquent pas, le contexte s’y prête également.

En effet, les leaders politiques savent mieux que quiconque que la communauté internationale accorde un intérêt particulier aux processus électoraux en Afrique. Et elle est particulièrement attentive au cas du Togo où jadis les élections ont donné lieu à des contestations.  

Ils profitent aussi de la libéralisation complète du secteur des médias transformé en un instrument de pression pour contraindre le gouvernement à négocier.

Il suffit donc d’un écho dans un journal, d’une rumeur sur internet pour braquer les projecteurs de l’opinion publique internationale sur le pays.

Devant pareille situation que faut-il faire ?

Avec un peu de recul, on note que la stratégie de l’opposition, loin de viser un processus électoral crédible, transparent et juste, participe plutôt d’un plan global de déstabilisation du régime avec des argumentaires qui ne tiennent pas la route. 

Faisons l’économie d’égrener toutes les réunions de conciliation tenues depuis l’APG de Ouagadougou et qui se sont soldées par un échec. Mieux vaut s’appesantir sur le fond de la polémique. 

Qu’est-il reproché au gouvernement ? D’avoir fait voter des lois électorales sans consensus préalable, prescrit par le fameux APG ? 

Argument sans doute fondé ! Mais alors pourquoi le consensus en question n’a-t-il pas été obtenu avant le vote des lois électorales ? 

La réponse est simple. Les différents dialogues initiés ça et là depuis ont été davantage mus par des calculs politiques et des intérêts partisans de certains opposants plutôt que par la recherche sincère de solutions. 

Une chose est évidente, le débat soulevé aujourd’hui par le vote des deux lois à l’Assemblée nationale manque de fond.

L’essentiel des points clés du code électoral, notamment, la composition de la CENI et le mode de scrutin, fruit du compromis politique de Ouagadougou sont restés intacts. 

Ils étaient en vigueur lors des législatives de 2007, saluées par la totalité des missions d’observations, les chancelleries et une bonne partie de la classe politique togolaise. 

Mais alors pourquoi la mayonnaise de la polémique stérile soulevée par le collectif « sauvons le Togo » prend ? 

Pour deux raisons déjà évoquées plus haut. L’image que continue de véhiculer à l’international les élections au Togo et le rôle très critiquable joué par de nombreux journaux transformés en officines des partis d’opposition.

Enfin il faut prendre en compte le niveau relativement faible d’analyse et de compréhension des populations à la base dont plus de 70% sont analphabètes, donc influençables.

Il appartient donc au gouvernement de savoir tirer son épingle du jeu. Malgré son efficacité, son pragmatisme, en dépit des progrès accomplis, il doit davantage convaincre et expliquer sa politique dont les résultats sur le terrain sont patents. 

Luc Abaki 

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