On savait que la Côte d’Ivoire était une cible potentielle du terrorisme islamique. Mais, alors qu’on les attendait à Abidjan, les terroristes ont frappé sur la plage de Grand-Bassam, à 40 km au sud-est d’Abidjan le dimanche 13 mars 2016.
L’attaque a été revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et a fait, selon un bilan officiel, 18 victimes civiles et trois militaires, ainsi que trois terroristes abattus.
Cet attentat survient à un moment où le pays commence à se relever d’une grave crise politique et retrouve la confiance des investisseurs. Cependant les terroristes ont cherché à exploiter les faiblesses du pays.
La reconstruction nationale n’est pas encore complète. L’armée a du intégrer les anciens rebelles qui restent puissants dans les rouages de l’Etat. Malgré la réélection au premier tour de Alassane Ouattara, une sourde guerre de succession se joue dans les coulisses entre le ministre de l’Intérieur Ahmed Bakayoko et Guillaume Soro président de l’Assemblée nationale.
Les intérêts occidentaux et notamment français sont particulièrement importants dans le pays où vivent 15.000 ressortissants français dont 13.000 à Abidjan.
Les objectifs d'Al-Qaïda sont clairs. Il s’agit d’étendre son champ d’intervention à l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest. Or, ces Etats ont des armées et des services de renseignement faibles. En obligeant ces Etats à renforcer les forces de sécurité, les terroristes les conduisent à détourner des ressources des objectifs du développement.
L’action terroriste place la France dans une position difficile. Elle doit renforcer l’intervention de son armée alors que ses crédits militaires sont mesurés. Par ailleurs, toute accentuation de la présence militaire française provoque des réactions nationalistes qui renforcent les soutiens dont peuvent bénéficier les partisans d’Al-Qaïda.
Enfin, alors que les Etats de l’Afrique de l’ouest sont engagés jusqu’à présent dans un renforcement des structures démocratiques, les nouvelles exigences de la sécurité vont conduire à mettre au second plan ces réformes. Mais ce serait tomber dans le piège des islamistes que d’oublier que le soutien des populations est essentiel dans la lutte contre les terroristes.
L’équation des pouvoirs africains est complexe: s’armer contre le terrorisme sans affaiblir le perfectionnement démocratique.
Koffi SOUZA