Idées

Lignes de force

La situation au Mali met en évidence de nombreux problèmes africains dont la faiblesse des pouvoirs politiques et des armées du continent.

 FAIBLESSE DES POUVOIRS POLITIQUES AFRICAINS

Les armées françaises et africaines sont appelées au secours du Mali. Elles doivent aider à assurer son intégrité territoriale. Mais, encore faut-il qu’un véritable pouvoir s’exerce sur cet immense territoire. Or, la situation politique est plus qu’incertaine. Un capitaine putschiste exerce un pouvoir occulte, un président intérimaire non élu est au sommet d’un Etat sans fondations solides, un nouveau premier ministre a été nommé après que la pression à la démission a contraint son prédécesseur à quitter ses fonctions. Dans ces conditions, la question se pose de savoir comment rétablir l’intégrité d’un Etat aux structures de commandement  fragiles.

Plus généralement, se trouve posé le problème de la gouvernance dans les Etats africains, un problème que l’exportation de la démocratie occidentale ne permet pas de résoudre.

La loi de la majorité qui donne tous les pouvoirs au vainqueur des élections n’est pas acceptée dans des Etats à l’unité nationale fragile, dans des pays pauvres où ceux qui exercent le pouvoir monopolisent les postes et les ressources.

En sens inverse, l’appui donné par les démocraties occidentales à tout groupe dissident au nom de l'absolutisme individualiste des droits de l’homme ruine tous les efforts pour construire un Etat stable.

Il en résulte des successions d’épisodes démocratiques avec des pouvoirs faibles suivis de coups d’état qui rétablissent autant que faire se peut des structures d’autorité.

FAIBLESSE DES ARMEES AFRICAINES

Les choses sont claires. Sans l’intervention militaire de la France, le Mali serait tout entier tombé aux mains des terroristes. Autant dire que l’armée malienne était incapable d’assurer la défense du territoire.

Il est aujourd’hui demandé aux troupes africaines de prendre le plus rapidement possible la relève de l’ancien colonisateur mais, en dehors de quelques exceptions, elles manquent de moyens et de formation pour exercer la mission souhaitée. Elles en appellent donc à l’ONU notamment pour dégager les financements nécessaires. L’ONU dont l’émissaire n’estimait pas possible d’intervenir avant un semestre…

C’est dire que l’intervention française devra être plus longue que prévu et qu’il se pose un problème plus fondamental.

La révision des accords de défense entre la France et les pays de l’espace francophone ne fut-elle pas prématurée alors que les forces armées africaines sont encore fragiles ?

QUELLE TUTELLE

La France a cru pouvoir dégager sa responsabilité de la protection internationale de ses anciennes colonies. Elle a souhaité transmettre le fardeau aux Africains eux-mêmes et à l’ONU.

Mais les institutions interafricaines sont fragiles et lentes au démarrage.

On connait par ailleurs la lourdeur de l’espace onusien.

La France se retrouve donc à son corps défendant en première ligne. Elle doit donc déterminer les lignes de force d’une nouvelle politique africaine.

Koffi SOUZA

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