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Faure : Un débat sur le CFA s'impose

Après Continental et Jeune Afrique, un autre magazine panafricain consacre sa couverture à Faure Gnassingbé. New African publie dans quelques jours une longue interview du président du Togo et candidat à la présidentielle du 4 mars prochain.
Le chef de l’Etat togolais aborde avec franchise des questions jamais évoquées et parle avec pragmatisme ce qui pose problème dans son pays.
Ainsi Faure reconnaît que la politique a envahi tous les secteurs au Togo et qu’il faut rompre avec le passé. « Nous voulons être considérés comme le Ghana ou le Bénin où les partis politiques sont très forts et vaquent à leurs activités sans entrave, c’est ce que nous appelons +changement+. L’autre changement est d’ordre économique. En raison des sanctions, le niveau de pauvreté dans le pays a considérablement augmenté. Nous devons changer cela aussi, et nous le faisons. Le changement est d’ordre politique, mais aussi économique », explique le chef de l’Etat.
Concernant les relations entre le Togo et la France, Faure indique qu’elles sont bonnes, « sans le paternalisme du passé ».
« La France est la France, le Togo est le Togo. Le Togo défend ses intérêts nationaux et la France fait de même. Les besoins des pays africains sont de plus en plus importants, et la France ne peut pas les aider autant que par le passé ».
L’un des passages les plus intéressants de cet entretien est sans doute celui consacré à la question du franc CFA et de ses liens avec l’euro. Avec lucidité, le président togolais estime que les choses doivent évoluer.
« Le taux de change fixe lié à l’euro nous empêche d’avoir une politique monétaire. L’unique latitude est fiscale, et non budgétaire, ce qui est un inconvénient majeur pour nos pays. Vous avez des situations économiques différentes dans chaque pays, mais la politique monétaire est la même pour tous, ce qui n’est pas idéal. Ce qui est bon à un moment donné pour la Côte d’Ivoire ne l’est pas forcément pour le Togo.
Le Bénin est stable et le Togo traverse des crises, mais nous avons la même politique monétaire, ce qui n’est pas judicieux. Et nous avons encore à mettre 65 % de nos devises dans le Trésor français ».

Un taux de change trop rigide nous pénalise

Ce qui est difficile à comprendre, c’est que les gens ne pensent pas à cela. Il devrait y avoir une réflexion, un débat sur cette question. Mais tout le monde fait mine de l’ignorer », souligne M. Gnassingbé.
New African l’interroge justement sur la position des autres chefs d’Etat de la zone franc sur cette question.
« L’intégration est certainement bonne pour tout le monde. Avoir une monnaie commune devrait normalement nous aider en termes d’intégration. Mais un taux de change fixe top rigide nous pénalise dans certaines circonstances. Au moins, on peut imaginer un système dans lequel nous aurions un taux de change de fixe non seulement avec l’euro, mais avec un panier de devises internationales.
Nous devons parvenir à un consensus entre nous et prendre les mesures qui sont nécessaires, mais nous n’en sommes pas là. Il n’y a pas de consensus parce qu’il n’y a pas de débat. Nous devons donc commencer par avoir ce débat », estime le Président togolais. Avant de préciser : « quand vous soulevez cette question, il y a des implications politiques. »
Parce que Paris pense que vous essayez d’être arrogant demande le journaliste « Je ne pense pas que la France d’aujourd’hui a la même attitude et réaction qu’avant quant à un débat sur le Franc CFA.
Mais, dans le passé, chaque fois que la question était soulevée, elle entraînait des implications politiques lourdes de conséquences. »
Baffour Ankomah de New Africain achève son interview par cette question : Que retiendra la postérité de l’action politique de Faure Gnassingbé ?
Réponse de l’intéressé : « C’est une question difficile, je veux qu’on se souvienne de moi comme la personne qui aura aidé à réconcilier le peuple togolais ».
New African (édition française), mars-avril 2010

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