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Gilchrist Olympio préfère retourner à Accra

Sans doute consterné par ce qui se passe actuellement au sein du parti qu’il a fondé il y a plusieurs décennies, Gilchrist Olympio a préféré quitter le Togo dimanche au moment ou la Céni se livrait au décompte des voix. Selon L’Union, paru lundi, des membres de l’UFC sont venus le consulter pour lui demander son avis. Il a indiqué qu’il réfléchissait avant de prendre la route pour Accra. Tout est dit.
Voici une sélection d’articles publiés par L’Union
Verbatim
La sagesse a gagné le scrutin
Jeudi 4 mars 2010, le peuple togolais était aux urnes pour reconduire, abus de langage, pour élire le nouveau Président de la République. Ça tout le monde le sait depuis que le gouvernement a décidé de repousser la date du scrutin prévue précédemment pour le 28 février passé afin de permettre à la Commission Electorale Nationale Indépendante (Ceni) de répondre à certaines revendications de l’opposition. Tout compte fait, chacun des acteurs impliqués dans ce processus électoral jouait sa partition en vu d’un scrutin transparent, acceptable et accepté par tous. C’est la raison pour laquelle l’opposition a monté les enchères jusqu’au dernier coup de sifflet final. Le pouvoir, pour sa part, a fait des concessions jusqu’à la dernière cartouche. Malheureusement le temps ne peut s’arrêter pour que les deux camps continuent par se distraire au ping-pong.
Mardi 02 mars 2010 à 00heure. Cette date marquait la fin de la campagne électorale pour le scrutin. Les différents candidats, les sept, devraient arrêter de malmener psychologiquement leurs concitoyens avec lesquels ils ont partagé, pendant deux semaines, des paroles et des gadgets, des mots et des promesses.
Officiellement, ils n’ont plus droit de rassembler leurs militants et sympathisants et les curieux et surtout faire des sorties pour battre campagne. Cependant, aucune loi ne leur proscrit de se balader en peau de candidat, faire des clins d’œil aux hésitants et inciter quelques réactions. Bref, à la fin de la campagne, chacun fait son bilan avec son état-major, s’il en dispose. L’ultime question est de savoir s’il serait élu. Pris singulièrement, je suis tenté de demander à chaque candidat ce qu’il a fait pour se poser cette question. Faire ici ne veut pas dire seulement construire, distribuer ou promettre. Comment s’est-on présenté aux populations? Quelle a été son attitude devant les électeurs ? Quel langage a-t-on tenu par rapport aux autres candidats? Je veux parler du comportement
Mardi 16 février 2010. Les Togolais se sont réveillés avec des dizaines d’images des prétendants au fauteuil présidentiel. Ce qui a beaucoup frappé les citoyens est le sourire affiché par le candidat Faure Gnassingbé sur toutes ses affiches. Sa mine était détendue et cela a transparu dans ses différents meetings. Il a parlé un langage franc avec beaucoup d’assurance invitant le peuple à ne pas se végéter dans la violence électorale. Aucune provocation envers ses adversaires. Tandis que son challenger le plus sérieux Jean-Pierre Fabre a donné une image sévère, grave et pleine de vengeance. Tout le long de sa campagne, il n’a fait que menacer son adversaire par des propos désobligeants et des menaces de tous ordres. Ceux qui ont le plus souvent écouté ou assisté à ces scènes se demandent s’il n’est pas animé d’un esprit destructeur. Et les observateurs de la vie politique de craindre un lendemain sombre pour ce pays au cas où celui-là venait à être élu. Pour les électeurs, ils préfèrent continuer leur route avec « l’ancien démon » que de commencer une aventure avec le « nouvel ange ».
Samedi 06 mars 2010, deux jours seulement après le vote, la Ceni convoque l’ensemble des Celi - trois membres (président, vice-président et rapporteur)- à Lomé pour venir proclamer officiellement les résultats provisoires avant la validation par la Cour Constitutionnelle dans une semaine. A la fin des décomptes, le Président de la République Faure Gnassingbé a été réélu. Dans la salle, j’entends un observateur lancé calmement :" la sagesse a gagné le scrutin." Pas plus !

Le récidiviste Codjo se ferme la porte dessus
Comme en 2007, le membre de l’UFC a récidivé en 2010 en claquant la porte de la CENI avec tout le bruit qu’on lui connaît. Par contre, Améléwonou Essem du même parti s’éclipsait, surtout par discipline au parti. Sans trompette. M. Codjo a longtemps traîné sur la cour de la Foire Togo 2000 pour se justifier à tous ceux qui s’y intéressaient.
«Nous devons examiner les procès-verbaux bureau de vote par bureau de vote, CELI par CELI. Maintenant, nous avons zappé cet aspect-là pour tout de suite venir examiner des résultats globaux présentés par les présidents des CELI. Là encore, je n’ai aucun problème là-dessus. Mais, lorsque ces documents ne sont même pas authentifiés, validés et que la CENI les fait publier sur les médias, je dis qu’il y a quelque chose qui ne va pas. La plupart des procès-verbaux ont été signés ; sur certains, la signature manque. Mais nous n’avons pas encore les spécimens de signature pour voir si ce sont les personnes indiquées qui ont signé. Et si on découvre par après que d’autres personnes ont signé, on fait quoi ? Et au fur et à mesure que c’est présenté, ils sont en train de les balancer à la presse alors qu’eux-mêmes n’ont jamais voulu que rien filtre tant que la CENI n’est pas en mesure de proclamer ses résultats provisoires. Moi, j’ai claqué la porte parce que les procédures que nous avons arrêtées ne sont pas celles qui sont en cours. A plusieurs reprises, nous avons tiré la sonnette d’alarme pour fustiger le fait que le processus allait à la dérive. Moi, ce processus, je l’ai oublié», dixit le patron de la sous-commission des opérations électorales.
Seulement, on peut rétorquer que les 35 CELI ont défilé devant la presse sans que les composantes UFC ne fassent défection. En lieu et place de l’envoi par VSAT (qui ne répondait pas pour avoir été installé tardivement et sans essai), les trois premiers responsables des CELI ont finalement fait le déplacement de Lomé. Interrogé sur la question du bourrage, un délégué de l’UFC n’en est pas convaincu ; il veut plus voir un achat de conscience ou autre chose, car il ne peut comprendre que des bureaux de vote, avec un président de l’UFC, enregistrent zéro voix en faveur du candidat Fabre. Et le même président a signé et apporté les PV jusqu'à la CELI. «Depuis Kara, j’ai reconnu les signatures de nos délégués», lâche Katasa Masama de l’UFC Kozah.
Plus est, le révolté Codjo (même s’il dit ne pas être pourtant en colère) a manqué de rappeler que des correspondances internes à la CENI se sont retrouvées dans la presse proche de ces membres qui voyaient tout en noir dans l’Institution. C’est aussi ce qui a renforcé la méfiance. Tout filtrait donc.

Et l’inconditionné de Fo Gil acheva sa fronde !
Il ne jurait que par le leader incontesté de son parti. Seul lui pouvait le faire changer d’avis dans la guerre contre le candidat de recours de l’UFC. Pour couper avec l’hypocrisie des autres, il s’affichait : je ne peux soutenir Jean-Pierre Fabre. Avant d’ajouter, plus tard, que si le candidat Fabre gagnait dans les urnes, il ne pourrait cautionner que sa victoire soit détournée.
Le procès-verbal de la CENI consacrant la victoire par les urnes de Faure Gnassingbé a été signé par le seul représentant de l’UFC, les deux autres ayant décidé de se retirer avant la fin des décomptes des voix. Jean-Claude Homawoo est certainement convaincu de ce qui était fait et se désolidarise du coup des affidés du candidat de recours. La consigne (?) de Fo Gil est certainement encore respectée. Et déjà, au sein du parti depuis samedi, des zélés tirent sur le frondeur en chef et l’accusent d’être acheté. Un disque rayé depuis que l’inconditionné de Fo Gil déclarait : «La crise vient de ce qu’il y a eu un hold-up sur la candidature de Gilchrist Olympio. Celui-là même qui a été le seul et unique candidat désigné par le congrès du parti lors de ses assises le 17 et 18 juillet 2008 ; le congrès n’en a pas désigné d’autre. L’UFC est vraiment en crise. Je ne sais d’où sort cette candidature de Fabre. Ce n’est pas un choix fait par les instances du parti». Entre-temps, la décision de Fabre & Cie de le suspendre n’aura servi à rien. L’homme est reste constant.
Et, pour la première fois, le propriétaire du parti a été prévoyant : «notre soutien ne suffit pas nécessairement pour qu’il (Fabre, ndlr) remporte cette élection, il se peut qu’il perde. Je dois préciser que son éventuelle défaite ne doit certainement pas conduire la population à la violence». Les journalistes experts peuvent continuer par croire qu’il était hyper fatigué en prononçant ces mots.




Ban Ki-moon : Réclamer par les moyens juridiques
Le secrétaire général des Nations Unies, appelle de nouveau les dirigeants politiques et leurs partisans à s'abstenir de tout acte qui pourrait compromettre la conclusion paisible du processus électoral. Il appelle à traiter toutes les réclamations par le biais de moyens juridiques et institutionnels et exhorte à réexaminer et à traiter ces réclamations d'une manière juste et transparente", indique un communiqué de l’Organisation des Nations Unies.

Solitoki Esso comblé
«Je suis comblé, car mon candidat a gagné largement. A travers cette victoire, le peuple est satisfait du travail qu’il a abattu. C’est une victoire qui fait dissiper tout ce qui plane comme doute sur le processus», a déclaré à l’Agence Savoir News le secrétaire général du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT, au pouvoir). Peu après l’annonce des résultats, samedi nuit.

Louis Michel répond à la presse qui le déshonore
On savait que l’opposition et la presse qui la défend allaient rougir en voyant le député européen Louis Michel parmi la délégation de la mission mixte d’observation. D’autres naïfs ont même dit qu’il est arrivé à Lomé à titre personnel pour aider le pouvoir en place. Et un journaliste n’a pas manqué de lui dire que c’est son fils qui a fourni les « kits défectueux » à la CENI. L’ancien Commissaire européen au développement et à l'action humanitaire, aujourd’hui député au Parlement de Strasbourg, rougit : «Mes fils ne font pas d’affaires, ils ne dirigent pas de sociétés et ne siègent à aucun conseil d’administration ; ils font de la politique. J'ai veillé de manière impartiale à développer les relations entre la Commission de l'Union européenne le Togo. J'ai toujours été à la disposition de tout le monde (opposition comme majorité présidentielle). Je n'entends plus être obligé de répondre à des attaques qui mettent en cause mon honorabilité. Sinon, je prendrai les voies juridiques qui s'imposent pour me défendre». Face à l’intéressé, les accusateurs n’ont pas pu apporter la preuve. M. Michel ne veut, à aucun moment, être taxé de partialité dans sa mission.

La peur jaune de Fabre Jean-Pierre
Gilchrist Olympio, après le hold-up de certains de ses lieutenants quant à sa candidature, a opéré un retour à Lomé pour…surveiller de près les dissensions au sein de son cher parti. Même s’il ne veut l’admettre : «Je suis à Lomé principalement pour gérer des problèmes familiaux et c’est ce qui motive essentiellement mon déplacement». Le mythe Olympio résiste aux désirs de ceux qui veulent l’affronter. Il a fallu annoncer l’arrivée de Fo Gil pour s’en apercevoir de la marrée jaune de ce dernier jour de campagne à Lomé. Au-delà de ce soutien par le meeting du stade municipal, le fils de l’indépendance est resté dans un rôle inhabituel. Jusque-là, il ne se prononce pas trop. Il laisse son fiston gérer les directives du FRAC.
Aujourd’hui, l’ambiance du scrutin présidentiel retombe et il faut repréciser les rôles. Puisqu’il y a échec cuisant, le bouillant franco-togolais Kofi Yamgnane devra vite oublier son poste de Premier ministre. Abi Tchessa et Dahuku Péré devront retourner aux amours de leur parti propre. Fabre devra retrouver son poste de Secrétaire général. Les ambitions doivent être revues à la baisse. Selon ses fans, le candidat de recours allait gagner pour s’imposer au parti, ce qui effacerait de fait le Maréchal du camp. C’est avec le galon de Président de la République que l’ami Fabre peut prétendre dominer voire s’imposer aux frondeurs. Malheureusement ! Et il devra affronter son président et le clan AGO. Il doit revenir sur terre. Les rejets risquent d’être plus forts. Désormais. S’il franchit l’étape, il grandit.

Et Fabre revoit ses ambitions à la baisse
L’Union des forces de changement (UFC) ne "reconnaît pas" le résultat du scrutin présidentiel. Ce qui était connu avant le scrutin, à moins de sa victoire. Seulement, le candidat ne sait plus où se donner la tête. Après s’être attribué «entre 75 et 80 des voix et même peut être plus» avec le motif que le parti avait tout mis en place pour recueillir les vrais résultats. Et entre vendredi et dimanche, l’archiviste maison de l’UFC trouve qu’il n’a plus les vrais résultats. Il s’est trompé. Maintenant, il est élu avec «entre 55 et 60% des voix».
C’est déjà le signal sur les arguments que l’UFC va brandir devant la Cour constitutionnelle pour porter plainte. Comme en 2005 ou en 2007. Des rumeurs et des accusations sur des faits dont il est difficile de rapporter la preuve. Même si l’adepte de la rue n’envisage pas la démarche, contrairement à ce que son mentor Yamgnane déclare chez ses amis des médias français. «S’agissant d’un éventuel recours devant la Cour constitutionnelle, nous allons réfléchir», dit M. Fabre. Wait and see !

Pour éviter la pagaille
Gilchrist lâche l’UFC et quitte le pays
Depuis qu’il est rentré au pays, Fo Gil se repose calmement chez lui, à Tokoin Protestant. Il ne veut se prononcer sur rien. Comme pour dire Fabre a voulu être candidat, il n’a qu’à l’assumer.
Et le comble, au moment où la CENI compilait les résultats des différentes CELI sur le site de la Foire Togo 2000, quelques dizaines de jeunes se regroupaient pour contester les résultats provisoires.
Après avoir été dispersés par les forces de la FOSEP, certains débarquent chez le président pour lui demander de s’impliquer dans ce qui arrive à ses militants. Le garde-corps rentre et revient plus tard pour transmettre que le patron dit qu’il est en train de réfléchir à la situation. En fait, le message originel était qu’ils aillent eux-mêmes les problèmes. Et aussitôt après, Fo Gil prend la route pour Accra pour se reposer. Fabre qui appelle les gens dans la rue, sur instruction de son nouveau mentor Kofi le franco-togolais n’a qu’à gérer la situation.

Agbéyomé dérouté dans ses prophéties
Appel à la mobilisation générale. C’est ce qui reste du candidat Agbéyomé Kodjo qui, en quelques heures, établissait deux classements : le premier le place en tête jeudi nuit, le second le projette en 3ème, vendredi matin. Avec la CENI, tout est nul. Et les prophéties de l’expert de Tokpli. Dès les premières heures du jour du scrutin, l’ancien baron du RPT dit à la Mission de la CEDEAO découvrir un montage «dans la ville de Lomé, Résidence du Bénin, une installation de système informatique destiné à être mis en réseau avec le système informatique de la CENI ou la collecte et la centralisation des résultats, en provenance des CELI. Ce système parallèle à celui de la CENI serait installé par les techniciens de la société I2C, les mêmes techniciens requis par la CENI et serait à la solde d’un candidat à cette élection. Ce système frauduleux est censé contenir de faux résultats préfabriqués qui seront lus depuis la CENI, après le traitement informatique de centralisation et par la suite déversés sur le système informatique de la CENI en remplacement des vrais résultats centralisés par la CENI». C’est le risque de l’a priori. Finalement, les responsables des CELI ont physiquement amené les chiffres à Lomé. La CENI n’a plus rien enregistré dans sa base de données avant que les résultats ne soient connus de la presse. Les PV lus étaient les originaux, signés du président, du vice-président et du rapporteur. Si la vision était vraie, il reste au titulaire du Master ès RPT d’aller démolir le fameux système frauduleux.
Selon les chiffres réels des 5.930 bureaux de vote, Faure Gnassingbé totalise 1.243.044 voix (60,92%) contre 692.584 voix (33,94 %) pour Jean-Pierre Fabre. Yawovi Agboyibo obtient 60.388 voix (2,96%), Agbéyomé Kodjo 17.397 voix (0,85%), Kafui Adjamagbo-Johnson 13.451 (0,66%), Bassabi Kagbara 8.357 (0,41%) et Jean Nicolas Lawson 6.029 (0,30%).

Faure va savourer un second mandat
Terminus, parlons de développement !

Au-delà d’une légitimation qui devra trancher avec les violences de 2005, le scrutin de 2010 devra dégager la dominante des tendances politiques du pays. Il faut clarifier la scène politique, après les rangs obtenus en 2007. L’autre challenge était aussi que les Togolais doivent commencer par considérer la politique comme une activité de ceux qui en ont fait une profession. Il faut oublier les clivages politiques et ne s’en souvenir qu’à des périodes précises. Et consacrer le reste du temps aux initiatives de développement, au travail surtout. Durant son premier mandat, Faure s’est démarqué par sa volonté d’aller au-delà des partis politiques. C’est un signe. A juste titre, le président réélu se livre au magazine panafricain New African de mars-avril 2010. Il aborde, avant la tenue de la présidentielle, ce qui pose problème ici : la politique a envahi tous les secteurs au Togo. «Nous voulons être considérés comme le Ghana ou le Bénin où les partis politiques sont très forts et vaquent à leurs activités sans entrave, c’est ce que nous appelons +changement+. L’autre changement est d’ordre économique. En raison des sanctions, le niveau de pauvreté dans le pays a considérablement augmenté. Nous devons changer cela aussi, et nous le faisons. Le changement est d’ordre politique, mais aussi économique».
Dans ces pays cités en exemple, le développement a pris le pas sur la politique. La jeunesse ne s’en mêle que pendant les élections.
Au demeurant, Faure peut s’enorgueillir de la légitimité de son second mandat. Il en parlait pendant la campagne : quel que soit le prochain président, il a besoin de sentir la masse derrière lui l’accompagnement du peuple pour réaliser les actions de développement. C’est chose faite avec les scores du scrutin présidentiel, calculés sur la base des 3.277.492 inscrits, 2.119.829 votants, 2.040.546 suffrages exprimés. Faure Gnassingbé obtient 1.243.044 voix contre 692.584 pour Jean-Pierre Fabre. 60.388 pour Yawovi Agboyibo, 17.397 pour Agbéyomé Kodjo, 13.451 pour Kafui Adjamagbo-Johnson, 8.357 pour Bassabi Kagbara et 6.029 pour Jean Nicolas Lawson.

La CDPA ne souhaite pas le cycle perpétuel d’« élection-violence-dialogue…»

Le parti de Léopold Gnininvi accepte le verdict des urnes, sans le dire clairement. Il fait plutôt une analyse d’un taux de participation faible par rapport à 2007 et 2005, de la bipolarisation de plus en plus marquée de la vie politique. « La classe politique doit avoir le courage d’en tirer les leçons qui s’imposent », précise un communiqué de la CDPA. Et d’ajouter : «La voie proposée par la CDPA, à savoir créer les conditions pour entrer dans une vie démocratique normale (réconcilier, rassembler, reconstruire l’Etat), n’a pas eu l’onction des populations. La CDPA en prend acte. Elle estime cependant que, moins que la justesse de sa proposition, c’est le contexte politique qui rend inaudible son message. Elle se fera le devoir de procéder à une explication plus soutenue».
Au finish, le parti demande que toute contestation soit examinée sans complaisance dans la sérénité avec le concours de la communauté internationale et les différentes missions d’observation. En tout état de cause, la CDPA souhaite vivement que ce scrutin présidentiel ne s’inscrive pas lui aussi dans le cycle perpétuel d’«élection-violence-dialogue…».

Malgré des imperfections retenues par l’UE
L’attribution des voix s’est faite de manière raisonnable et cohérente
C’est la conclusion préliminaire faite par la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (UE), exposée 48 heures après le scrutin présidentiel du 4 mars 2010. Des remarques pertinentes sont faites sur plusieurs aspects du processus ayant conduit à la réélection de Faure Gnassingbé. Le Rapport final de la mission sera délivré environ deux mois après la fin du processus électoral et du contentieux généré par les candidats sur la régularité des élections devant la Cour constitutionnelle Extraits.
La campagne électorale s’est déroulée dans une atmosphère calme et sans incidents majeurs. Dans l’ensemble, la liberté d’expression et la liberté de circulation des candidats ont été respectées. Tous les candidats se sont exprimés à plusieurs reprises en faveur d’une élection apaisée. Réalisée sans actes de violence notable, la campagne a cependant été largement dominée par la machine électorale de Faure Gnassingbé.
Concernant la modalité d’authentification des bulletins au moment du vote, l’UFC a refusé le système des vignettes autocollantes, tandis que le parti présidentiel a rejeté le principe de deux signatures de membres de chaque bureau de vote. A quelques jours de l’élection, les membres de la CENI n’ont pu s’entendre sur un mode d’authentification consensuel et se sont ainsi privés d’un garde fou pour le jour du vote.
Tant pendant la précampagne que durant la campagne électorale, les médias d’État n’ont pas respecté les dispositions de la loi qui assurent l’égalité de traitement des candidats à l’élection présidentielle. Pendant la campagne, en dehors des émissions réglementées, respectueuses de la législation, les autorités compétentes n’ont pas assuré cette égalité.
Enregistrement des électeurs
L’absence de données démographiques fiables a rendu difficile la vérification de l’âge et de la nationalité des personnes souhaitant s’inscrire au fichier électoral révisé, ainsi que l’apurement des données des personnes décédées dans les listes. Les données brutes de la révision, partagées avec les partis politiques lors de la réunion organisée par la CENI le 21 janvier 2010 ont révélé une progression d’environ 320 000 nouveaux inscrits ce qui représente environ 10% du fichier électoral final. Ces nouveaux inscrits sont localisés pour 42,5% dans le nord, fief électoral du RPT, tandis que les nouveaux inscrits dans le sud représentent presque 30% et 27% dans le centre du pays. Ce déséquilibre peut être expliqué par une mobilisation beaucoup plus forte du RPT que des autres partis politiques. Ce contraste a néanmoins alimenté le déficit de confiance des partis politiques d’opposition dans l’intégrité du processus de révision des listes électorales.
En réponse aux doutes soulevés par les représentants de l’opposition, la CENI a mené une opération de révision supplétive le 31 janvier 2010, dans 115 Centres de révision et de vote (CRV) sur 3571 dans lesquels le taux de nouveaux inscrits effectifs par rapport au fichier de 2007 était inférieur à la moyenne nationale de 11%. Les observateurs de la MOE UE ont suivi sur place ce processus dans 51 de ces 115 CRV répartis sur l’ensemble du territoire national et ont constaté une affluence supérieure dans le nord par rapport au centre et au sud du pays. Les observateurs ont rapporté des cas d’enregistrement de mineurs notamment dans la région de la Kara et des Savanes, ainsi qu’un problème général de non respect des procédures d’identification des candidats à l’inscription par le recours important au témoignage des chefs traditionnels.
Par ailleurs, plusieurs partis d’opposition, plus implantés dans le sud, ont indiqué à la MOE n’avoir pas particulièrement mobilisé leurs partisans à se faire enregistrer lors de la révision des listes. Enfin, les interlocuteurs de la MOE UE sur le terrain ont tous souligné le manque de sensibilisation de l’électorat, sur les lieux, dates et modalités de la révision du fichier électoral.
Administration électorale
A la différence de la situation en vigueur au sein de la CENI, la collaboration entre les membres des CELI a été décrite comme généralement acceptable, voire bonne. Toutefois, les membres de onze CELI sur 35 se sont plaints d’un manque de collaboration et d’accès à l’information. Durant la phase préparatoire du scrutin, de nombreux membres des CELI ont regretté l’absence de réactions de la CENI face à leurs requêtes ainsi que le retard dans la prise de décision.
Campagne électorale
Le Code électoral (article 86) prévoit que la campagne électorale est ouverte pour quinze jours francs avant la date du scrutin et que nul ne peut, par quelque moyen et sous quelque forme que ce soit, faire campagne en dehors de la période réglementaire. Or une précampagne officieuse s’est déroulée dans tout le pays, visible dès l’arrivée de la MOE UE dans le pays le 19 janvier 2010. Réalisée sans actes de violence notable, cette campagne déguisée, observée par la plupart des équipes dans de nombreuses préfectures du pays, a été menée par les principaux partis, mais massivement dominée par la machine électorale de Faure Gnassingbé.
Le candidat Faure Gnassingbé a disposé des moyens logistiques les plus importants, et a été le seul à mobiliser l’ensemble des moyens de communication politique en période électorale. Parallèlement, le candidat-président s’est appuyé sur plusieurs groupes de soutien et associations qui ont milité pour sa réélection, en multipliant les événements culturels et en menant une campagne de porte-à-porte.
Vote anticipé des forces de l’ordre
Les observateurs de la MOE UE ont noté que dans plus d’un tiers des bureaux de vote observés, les traces d’encre indélébile sur le doigt des votants n’étaient pas vérifiées. Sur les cinquante bureaux de vote observés les observateurs ont noté 4 132 votants ayant voté par dérogation et 628 procurations sur un total de 6018 observés. La conduite des opérations électorales ont été évaluées négativement dans plus de 15% des bureaux observés. Les problèmes ont été concentrés dans les régions des Savanes et de la Kara où les procédures encadrant le vote par dérogation et le vote par procuration n’ont pas toujours été respectées, à titre d’exemple, dans le bureau de vote 3-07-03-04-D (préfecture de la Kozah) la grande majorité des électeurs ont voté par dérogation et étaient porteurs d’une procuration. Aucun des membres des forces armées togolaises votant par dérogation n’a présenté d’ordre de mission. Plus inquiétant, la majorité des procurations étaient incomplètes puisque le nom du mandant et sa signature manquaient, de même que le numéro du bureau de vote du mandant et du mandataire. Sur 322 votants, 245 étaient porteurs de procuration.
Scrutin du 4 mars
Les élections présidentielles se sont déroulées dans le calme, sans qu’aucun épisode sérieux de violence ne soit à déplorer. Les électeurs se sont rendus en grand nombre dans les bureaux de vote pour exercer leur devoir civique. Le matériel électoral était généralement présent dans les bureaux de vote qui, dans leur grande majorité, ont ouvert à l’heure. Cependant les opérations ont révélé une préparation souvent insuffisante des personnels de bureaux de vote, reflétant sans doute les retards de calendrier accusés tout au long du processus.
Les délégués des candidats étaient présents dans la quasi-totalité des bureaux de vote observés, les observateurs nationaux dans 75% de ces derniers, leur présence conjointe est une contribution importante à la transparence du scrutin. Toutefois, près de 20% des délégués sont intervenus ou ont dirigé le travail des membres des bureaux de vote. Le secret du vote a généralement été garanti. Si l’évaluation des opérations de vote a été très largement positive, il a été observé que dans près de 58% des 576 bureaux de vote observés le contrôle de la présence d’encre indélébile sur les doigts des électeurs n’a pas été effectué. Il apparaît clairement que l’importance de cette procédure n’a pas été comprise.
La qualité des scellés n’était pas optimale, d’autant que le choix de la CENI de distribuer à chaque bureau de vote des séries de scellés portant le même numéro de série est discutable. Plusieurs équipes d’observateurs se sont rendues dans les bureaux de vote qui avaient été ouverts le 1er mars pour le vote anticipé des corps de sécurité. Elles y ont constaté que de nouvelles listes d’émargement avaient été utilisées.
Bien que de nouvelles instructions concernant la validité et l’invalidité des bulletins marqués aient été communiquées très tardivement, l’attribution des voix s’est faite de manière raisonnable et cohérente et tous les responsables des bureaux de vote observés étaient d’accord sur les chiffres à inscrire sur le procès verbal. Quelques erreurs procédurales ont été observées, sans qu’elles soient de nature à remettre en cause les opérations de décompte et d’allocation des voix. La conduite du dépouillement a généralement été évaluée positivement par les observateurs, bien que la copie du procès verbal et de la feuille de dépouillement n’aient été affichées immédiatement pour examen public que dans 35% des cas. Cependant, les copies des procès verbaux ont été distribuées aux délégués des partis politiques.

En attendant le futur gouvernement de Kofi

«Je suis surpris, ce sont des chiffres totalement fantaisistes. Nous allons contester les chiffres circonscription par circonscription pour montrer que qu’il y a eu un vrai vol, un vrai hold-up de ces élections. Nous avons dans les 75% dans la Région maritime et à Lomé et dans les 60% dans les Plateaux. Et ces deux régions-là constituent les deux tiers des électeurs. Nous, on souhaite que le peuple togolais s’exprime fermement mais calmement pour réclamer sa victoire. De toute façon, ils ne nous auront pas sur ce plan-là, parce que nous n’avons aucune intention de manifester violemment».
Ainsi claironnait, dimanche matin sur RFI, le candidat raté aux deux dates de naissance. Sa hargne, c’est contre des résultats qui le donnent perdant. Il affiche l’air si intelligent, avec une touche européenne. Il n’avait pas du tout apprécié, sur Africa24, que le secrétaire général de la présidence Arthème Ahoomey-Zunu l’accuse d’avoir voulu mettre le feu au pays et de rejoindre sa France adoptive.
Et pourtant. Kofi Yamgnane n’est pas loin de la réalité. Dans une interview au confrère français L’Express, il était confiant d’être nommé Premier ministre de Jean-Pierre Fabre. C’est un contrat, avait-il insisté. C’aurait été un affront de ne pas se voir à un tel poste, histoire de se faire une nouvelle vie, enfin !!!, au pays. Et c’est ce que justement les résultats de la présidentielle ont osé faire : afficher l’impopularité du candidat du FRAC, et du coup briser la carrière politique togolaise naissante de Kofi. Quel crime !!
Porte-parole du Front, Kofi Yamgnane entre comme en «rébellion». Et veut diriger, d’après le communiqué n°1 signé par lui le 6 mars et remis à la presse, un gouvernement parallèle à nommer bientôt par «Monsieur Jean-Pierre Fabre, président élu par le peuple souverain». Quel enfantillage !! Kofi appelle cela «préserver la paix sociale». «A compter de ce jour, la lutte pour la prise du pouvoir sera quotidienne». En versant d’innocents enfants dans la rue. Un langage pas très loin de celui du Mouvement citoyen pour l’alternance (MCA). Malgré sa fougue, son charisme et sa popularité, même Gilchrist Olympio n’est pas allé aussi loin. Les forces de l’ordre n’ont qu’à bien se tenir.
«Nous osons croire que ceux qui seraient tentés de lancer le pays dans la voie de la violence vont se ressaisir. Dans tous les cas, on comprend leur amertume. Mais à ceux qui seraient tentés de commanditer des actes de violence, nous leur disons : la loi sera appliquée», a prévenu le ministre Pascal Bodjona de l’Administration territoriale. Parlant de commanditaire, le FRAC, Front républicain pour l’alternance et le changement, en est vraisemblablement un.
On le croyait plus … Même Jean-Pierre Fabre est plus… !!

La CEDEAO fait le constat
Après l’expérience réussie des législatives – et saluée par la communauté internationale –, les voisins de la sous régions réunis dans la Communauté économique des Etats de l’Afrique (Cedeao) sont revenus sauvegarder et préserver les acquis de 2007. Le vote du jeudi leur a donné raison. Dans un dossier préliminaire pondu vendredi soir, les observateurs, militaires et civils réunis, ont fait le constat d’un « scrutin libre ». La Commission électorale nationale indépendante (Ceni), organisatrice du scrutin, est mise en avant pour le «travail de qualité qu’elle a abattu, sous pression». Au grand dam des détenteurs de chiffres… erronés, la Ceni y a mis une touche en organisant la proclamation samedi de résultats partiels, avec en acteurs les trois premiers responsables des Commissions électorales locales (Celi). «Comme cela, on ne nous traitera pas de tripatouilleurs», explique son président Taffa Tabiou.
Néanmoins, aucune élection n’étant jamais sans faute comme, il est recommandé aux autorités publiques d’être plus attentives quant à l’Etat civil qui privé des citoyens d’actes légaux, source des malentendus sur le fichier électoral. La mission de la Cedeao recommande, par ailleurs, de conférer à la Ceni un caractère permanent, de renforcer son indépendance afin de lui permettre de mieux s’acquitter de ses missions de formation, de sensibilisation et de conduite efficace du processus électoral.

L’Afrique en lutte contre la poliomyélite
Le Togo débute sa campagne le 21 mars
Neuf pays d'Afrique de l’ouest et du centre -Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Guinée, Libéria, Mali, Mauritanie, Sénégal et Sierra Leone – sont considérés ayant des foyers actifs de poliomyélite. . Pour mettre fin à cette épidémie une série de campagnes synchronisées de vaccination transfrontalières est menée simultanément dans 19 pays dont le Togo
Ainsi, à partir du 21 mars, 1.8 million de doses de vaccin antipoliomyélitique oral (VPO) seront mises à la disposition de 1.5 million d’enfants togolais de moins de cinq ans. Chaque enfant recevra deux gouttes de vaccins à domicile par le biais des 11000 agents de santé prévus pour cette opération. Les derniers cas signalés de cette épidémie au Togo remonte en mars 2009 (6 au total). A ce jour, le Togo a étouffé l’épidémie, zéro cas selon les dernières statistiques.
Cette nouvelle campagne fait suite au constat que celles de 2009 n’ont pas stoppé complètement l’épidémie en raison du fait que le nombre d’enfants vaccinés n’était pas suffisant pour arrêter la transmission de la poliomyélite. Et, s’inscrit-elle dans la réponse à l'épidémie qui s’est propagée en 2008, à partir du Nigéria, pays endémique, vers ses voisins exempts de cas et continue de paralyser encore des enfants en Afrique de l’ouest et du centre.
En effet, après des années sans aucun cas de polio, certains pays n’avaient plus les compétences et l'expérience nécessaires pour répondre de manière adéquate à l'épidémie. C’est pourquoi de nouvelles approches qui sont initiées cette année prévoient un suivi standardisé indépendant afin de déterminer si les enfants ont bien été vaccinés. En amont, les initiateurs prennent en compte une meilleure formation des vaccinateurs pour une meilleure planification, ainsi que le déploiement de personnel expérimenté.
Le 6 mars déjà, 16 pays y inclut les 9 où le foyer épidémique est actif, ont débuté leur campagne ainsi que le Nigéria et trois pays qui ont réussi à stopper l’épidémie – Ghana, Bénin et République centrafricaine (RCA). La Gambie, le cap vert et la Guinée Bissau ne sont pas réinfectés mais participent à la campagne pour assurer que l’immunité de leur population contre toute réinfection. La Côte d'Ivoire, le Niger, qui ont également réussi à stopper l’épidémie, vont commencer tout comme le Togo leur campagne à partir du 21 mars pour les mêmes raisons qui sont : une transition politique ou les élections. Un second tour aura lieu du 24-27 avri
Dans l'intervalle, les enfants de six pays, ayant notifié des cas récemment, recevront une dose supplémentaire le 26 mars dans le cadre d'une nouvelle stratégie dite de la dose supplémentaire dans un intervalle court (SIAD), qui s'est révélée efficace pour construire rapidement l'immunité de la population en cas de besoin. Ces six pays sont le Burkina Faso, la Guinée, le Libéria, la Mauritanie, le Sénégal et la Sierra Leone.
Cette opération logistique complexe est en grande partie rendue possible grâce à un financement exceptionnel de 30 millions de dollars US$ venant du Rotary International, un partenaire majeur dans l'effort mondial pour stopper la polio. «Nous, au Rotary, sommes fiers d'avoir fourni les fonds nécessaires pour les tours de mars », a déclaré le Président du Comité régional PolioPlus pour l’Afrique du Rotary, Ambroise Tshimbalanga-Kasongo. Et, exhortant d’autres partenaires à leur emboité le pas, il ajoute : «nous appelons tous les autres acteurs à jouer leur rôle pour éliminer la polio d’Afrique, en fournissant les fonds nécessaires à l’organisation de campagnes visant une couverture plus élevée»

© L’Union du 8 mars 2010

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