Médias

La presse privée est pour l’essentiel une presse d’opinion

Jean-Paul Agboh

Jean-Paul Agboh, le président du Conseil national des patrons de presse (CONAPP) quitte la direction de cette influente organisation professionnelle au terme de deux mandats, le maximum prévu par les statuts. Son successeur est Tchagnao Arimiyao, le directeur de la publication de Nouvelle Opinion.

L’occasion pour le patron du bi-mensuel Focus Infos de faire le bilan de sa mission et d’évoquer la situation de la presse togolaise. Les obstacles sont nombreux. En dépit d’un foisonnement de titres, le lectorat est très réduit. Le marché publicitaire ne permet pas une véritable autonomie financière. La plupart des journaux sont soutenus par des sponsors privés ou politiques. Pas idéal pour offrir une information équilibrée.

Republicoftogo.com : Vous quittez la présidence du CONAPP. La presse togolaise s’est elle, selon vous, bonifiée ?

Jean-Paul Agboh : Le secteur est plus structuré. Des journaux qui évoluaient dans l’informel se sont transformés en véritables entreprises de presse.

Le CONAPP a mis la formation et le renforcement des capacités des journalistes au cœur de notre agenda. De nombreux ateliers et séminaires ont été organisés sur différentes problématiques, allant de la rédaction d’un business plan au rôle des médias en période de crise.

La presse togolaise a fait un saut qualitatif en termes d’organisation, de production et de contenu, même si le chantier est loin d’être achevé. 

OP

Republicoftogo.com : Journaux, radios, TV et sites internet font davantage de place à l’opinion qu’à l’information. Cette tendance s’est renforcée depuis le début de la crise politique. Est-ce bien le rôle des médias ?

Jean-Paul Agboh : Pour comprendre cette situation, il faut remonter à la genèse de la presse privée au Togo. Les premiers journaux ont été des journaux d’engagement pour la conquête d’espaces de liberté, le pluralisme politique, l’état de droit et la démocratie. La presse privée était donc pour l’essentiel une presse d’opinion, clivée, plurielle sans être forcément diverse. Presque 30 ans plus tard, la mutation à une presse d’information ne s’est pas véritablement opérée, même s’il faut reconnaître quecertains journaux font des efforts pour assurer et assumer ce rôle d’information. 

Republicoftogo.com : La presse écrite compte de nombreux titres. En raison d’un lectorat très réduit, d’une distribution limité à Lomé, d’un marché publicitaire modeste et d’un pouvoir d’achat qui reste limité, qui achète ces journaux et comment sont-ils financés ?

Jean-Paul Agboh : Vous touchez du doigt les difficultés de la presse togolaise qui, soit dit en passant ne sont pas spécifiques à ce pays. 

Les journaux sont de moins en moins vendus  face à la concurrence de la presse en ligne et des réseaux sociaux, celle des émissions radio qui vident souvent le contenu des articles dès les premières heures de la publication, ou en raison du phénomène de location de journaux. 

A cela, il faut ajouter un marché publicitaire réduit et l’absence de messagerie. Quoique de moins en moins vendus, les informations publiées par les journaux continuent cependant à intéresser le public. 

Pour se financer, la presse continue à s’appuyer sur les annonceurs qui se raréfient. En l’absence d’investisseurs privés et d’un fonds de soutien public à la presse trop faible, il est difficile de joindre les deux bouts. 

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