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Milliards envolés

Après Redemare, les autorités s’apprêtent à sévir contre une autre structure de micro-finance, IDH. C’est ce qu’annonce mardi L’Union indiquant que les dépôts collectés par ce réseau au 31 décembre 2009 se montaient à près de 10 milliards de francs CFA.
Quant à Redemare, l’autre nébuleuse dont les activités ont été suspendues récemment par le gouvernement, elle aurait récupéré 23,5 milliards ayprès de 50.000 épargnants, estime le journal.
Reste à savoir maintenant où se trouve l’argent.

Voici une sélection d’articles publiés par L’Union
Verbatim
Agbéyomé papote toujours
Décidément, l’ancien Premier ministre sous Feu Général Eyadéma est dans un tourbillon. Il ne se passe plus de jour où le " fils adoptif " de Gnass ne cherche à ravir la vedette aux opposants togolais. Il crie, vocifère et finalement ne fait rien de concret pour montrer aux populations qu’il a de bonnes intentions pour ce pays. Sa méthode est claire : décimer l’opposition pour se positionner comme un leader incontestable de l’opposition au régime de Faure Gnassingbé. Toutes ses tentatives de se frayer une place dans le schéma gouvernemental de Faure ayant échoué. Au fil des jours, il se fait découvrir malgré ses jeux de ping-pong avec ses alliés circonstanciels.
Un confrère de la presse écrite au Togo a qualifié d’"instable" le candidat malheureux au scrutin présidentiel du 4 mars dernier, Mensan Agbéyomé Kodjo. Je ne suis pas sûr qu’il s’agisse d’une insulte grossière, mais plutôt d’un constat en rapport avec les activités politiques de ce dernier.
En effet, Agbéyomé est un pur produit du Rassemblement du peuple togolais (Rpt) parti toujours au pouvoir dont il fut trésorier général. Il a été plusieurs fois ministres après avoir occupé d’importants postes dans des sociétés d’Etat. Bref, c’est en cela que les "jaloux de ses acquis" racontent qu’il a été nourri, vêtu et enrichi au plus vieux parti politique du Togo. Là n’est pas le vrai problème.
Depuis la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle, Agbéyomé est entré en "transe". La nuit des premiers résultats, il monte au créneau pour proclamer que Jean-Pierre Fabre, le candidat du Front républicain pour l’alternance et le changement sorti de l’Union des forces de changement (Ufc) a remporté le scrutin avec plus de 400 000 voix de différence sur le candidat Faure. Lui-même conçoit qu’il ne peut jamais remporter de scrutin au Togo. D’autant plus qu’il n’a jamais contesté les résultats à lui attribués par la Ceni et plus tard confirmés par la Cour constitutionnelle.
Malgré cette logique, il a promis aux membres de son parti politique d’aller aux gouvernements. A la dernière minute, il fait volte-face et anime de vives tensions au sein de son machin. Au finish, il s’est retrouvé devant les tribunaux contre les membres fondateurs de sa formation. Finalement, le parti est dissout.
Aujourd’hui, après avoir tourné dos au Frac qu’ils sont allés créer en France avec leur mentor François Boko, Agbéyomé fait des pieds et des mains pour y revenir. Dans cet esprit de désorganiser cet ensemble sans stratégie évidente, il excelle dans les déclarations tapageuses, fougueuses…franchement non objectives. Samedi dernier, au cours du meeting hebdomadaire, il réitère : «Dans deux mois, le pouvoir lui (Faure Gnassingbé, ndlr) sera arraché et remis à Jean-Pierre Fabre ». Rien que du bavardage politique ! Croire qui peut croire!

Pour mesurer l’ampleur des dégâts
IDH-Microfinance bientôt sous administration provisoire par l’Etat
Décidément, le monde de la microfinance traverse une zone de turbulence, malgré qu’il devra être un outil de développement intégré dans la lutte contre la pauvreté.
De quoi soutenir le financement des petits projets et ne pas exclure des populations du système bancaire classique. A juste titre, depuis 2005, le gouvernement a fait appel à plusieurs institutions de microfinance pour financer ses projets sociaux, avec des facilités de remboursement. C’est le bien-fondé de la loi n°95-014 du 14 juillet 1995 portant réglementation des institutions mutualistes ou coopératives d’épargne et de crédit, et de son décret d’application du 10 avril 1996.
Mais le cas préoccupant de l’institution « Investir Dans l’Humain » (IDH) semble renverser ce souci de développement, après d’autres structures qui se sont évaporées avec l’argent des déposants. Et il a refait surface depuis que le vaste réseau d’escroquerie par les sociétés de placement d’argent est découvert.
Selon des sources proches de la Cellule d’appui et de suivi des institutions mutualistes ou coopératives d’épargne et de crédit (CAS-IMEC), organe de contrôle auprès du ministère de l’Economie et des Finances, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) et les services techniques dudit ministère s’apprêtent à demander à l’Exécutif la mise sous administration provisoire du réseau IDH-Microfinance.
Avec la précision « sans préjudice de poursuites judiciaires à l’encontre des principaux dirigeants de l’institution ». Le tout à la suite d’un audit global à commanditer par l’administrateur provisoire que l’Etat désignera.
Car l’état actuel des informations disponibles ne permet de boucler le dossier IDH. Même si, pour le moment, on ne doit parler de poursuites judiciaires, l’hypothèse n’est pas écartée par le gouvernement. Par présomption, les premiers responsables dont le sieur Kwassi Klutsè au titre de Président du Conseil d’Administration sont responsables. Mais il faudra ratisser large, surtout que Kwassi Klutsè a lui-même commencé par faire emprisonner des employés de l’institution pour malversations.
Suivant le rapport de la mission conjointe BCEAO/CAS-IMEC, il est avéré des malversations d’un montant de 845 millions de francs Cfa perçus dans des conditions dépourvues de toute transparence. Un autre audit devra permettre au gouvernement d’apprécier les dégâts causés afin de rechercher les remèdes susceptibles de garantir le remboursement les dépôts des membres estimés à 9,6 milliards de francs Cfa. La mesure gouvernementale devra vite se faire, ne serait-ce que pour sa bonne foi à ne plus cautionner les dérives des hauts perchés du parti au pouvoir, dit-on. Et faire la lumière sur chaque responsabilité.
Auparavant, des actions sont menées depuis 2006. En application de la Convention signée en 2003 et portant agrément de la composante Microfinance du réseau IDH, une mission d’inspection fut diligentée par le ministère des Finances en 2006 pour visiter les aspects administratifs, de gestion de crédit, de la comptabilité, du système informatique, du contrôle interne et de la sécurité. Déjà, on avait noté des carences et 44 recommandations avaient été faites. Celles-ci ne furent exécutées qu’à 11%. N’empêche, une mission conjointe d’inspection BCEAO/CAS-IMEC intervient entre le 1er et le 12 décembre 2008, particulièrement auprès de la mutuelle VOVO installée dans la région Maritime. Ici aussi des dysfonctionnements dans la création de la structure faîtière qui couvre les sept (7) mutuelles du réseau, et dans la gouvernance ainsi qu’une situation financière moins rassurante. En plus des insuffisances notées dans la gestion du crédit, de la comptabilité et du contrôle interne. D’où des risques importants. Pour une seconde fois. Et la mission avait recommandé la mise sous surveillance rapprochée afin de s’assurer de l’effectivité des mesures coercitives préconisées et prévenir tout déséquilibre avancé.
C’est encore passé, jusqu’à cette deuxième mission conjointe effectuée du 22 mars au 2 avril 2010. On a réitéré le constat : non mise en œuvre des recommandations et insuffisances dans la gestion des dépôts et du crédit. Sur les 60 recommandations, on n’a appliqué que 17,9%. Rien sur les anomalies majeures établies en 2008.
Aujourd’hui au bilan : gouvernance défaillante, politique des emplois non maîtrisée, mettant en danger l’exploitation de l’institution et sa survie. Conséquence : incapacité à faire face aux demandes de retrait de la clientèle. Pourquoi avoir donc laissé pourrir la situation au point de conforter le risque systémique sur la microfinance ?
Pour rappel, la mutuelle VOVO emploie 847 personnes dont seuls 25 disposent d’un contrat de travail, soit moins de 3% du personnel.
Au 31 décembre 2009, l’encours des crédits octroyés par IDH-Microfinance se chiffrait à 6,7 milliards de francs Cfa et le dépôt collecté auprès de ses 129.708 membres à 9,6 milliards de francs Cfa. Le montant des créances en souffrance est estimé à 943,2 millions de francs Cfa. L’institution employait 2.342 agents. IDH est reconnu comme ONG de développement par le ministère du Plan à partir d’une convention signée avec l’Etat le 30 janvier 2002. Ensuite, vint la convention de 2003. En 2008, la composante Microfinance, devenue indépendante, se détacha du réseau par un agrément du ministre des Finances. Elle regroupe sept (7) mutuelles de base avec 313 points de service implantés sur l’ensemble du territoire national.

Affaire ReDéMaRe, Christitex, Karus-Togo et autres
L’Exécutif va restituer les fonds récupérés, après un audit
Depuis le 9 juillet 2010, beaucoup se demandent ce que fait le Gouvernement pour régler l’affaire Réseau pour le développement de la masse sans ressource (ReDéMaRe).
Selon nos recoupements, celui-ci s’active pour accélérer les investigations et les enquêtes autour des différentes structures de placement.
De quoi permettre de restituer les fonds récupérés aux légitimes victimes, promet-on. Ce qui ne se dit pas trop, c’est qu’il y a aussi des personnes physiques dans le lot de ceux que les fameuses victimes ne veulent pas appeler « escrocs ».
Et on annonce des montants bloqués : 4.642.781.764 francs Cfa chez ReDéMaRe, 246.366.291 francs Cfa chez Christitex, 1.225.266.209 francs Cfa chez Karus-Togo. Ce qui conforte la thèse selon laquelle les fonds collectés sont régulièrement envoyés à l’extérieur du pays dans lequel on opère. Le cas du Bénin est toujours édifiant. Un simple calcul au Togo permet de s’en convaincre : en tablant sur les 50.000 adhérents de ReDéMaRe, avec le placement moyen de 470.000 francs Cfa qui fait obtenir gratuitement à l'adhérent 75.000 francs Cfa chaque mois, on devrait être à la recherche de 23,5 milliards de francs Cfa.
Or, il y en a qui ont misé le double, le triple, le quadruple, … pour gagner plus gros. Est-ce à dire que ReDéMaRe a donc investi près de 20 milliards de francs Cfa dans ses fameux BTP ? Alors, avec quoi assure-t-on les redistributions mensuelles ? Du coup, le gouvernement entend continuer par fouiller les dossiers pour espérer davantage. Histoire de ne pas se retrouver devant un cas où ce qui est disponible aujourd’hui ne permet de satisfaire qu’une infime partie des victimes.
D’où, déjà dans les idées, l’identification des nouveaux adhérents qui n’ont rien perçu jusque-là, ceux qui ont perçu partiellement ou totalement ce qu’ils ont déposé. Au Bénin, le week-end, la cellule ad hoc mise en place pour recenser les victimes de ICC Services clamait que c’est ce qui sera récupéré qui sera retourné aux déposants.
A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle : on peut comprendre que ceux qui ont déjà tout perçu sur leur dépôt ne soient pas privilégiés.
Quant aux deux personnes physiques identifiées, en relation avec Karus-Togo, la première a fait vite vider ses comptes. On aurait découvert moins de dix mille (10.000) francs Cfa. La seconde aussi a fait passer l’éponge avant le blocage, et on a juste trouvé plus de 66 millions de francs Cfa. Au total, au nombre des banques de la place qui ont hébergé lesdites sociétés, on note quatre (4) pour ReDéMaRe, trois (3) pour Christitex, quatre (4) pour Karus-Togo et cinq (5) pour les deux personnes physiques.
Selon certains analystes, des banques bien que commerciales sont à incriminer pour avoir préféré les agios, ensemble avec les autorités publiques qui ont dû jouer un rôle non négligeable dans cette escroquerie à haute dose. Sur la base du seul taux d’intérêt qui ne se justifie par aucun principe financier : 212%.
Déjà, début juillet, le président de la Banque ouest africaine de développement (BOAD), Abdoulaye Bio-Tchané disait : « Actuellement, le taux d’accès aux banques est de 7% (…) Ces sociétés sont pour la plupart des sociétés illégales qui font appel à l’instinct de gain des épargnants et qui, pour l’essentiel, abusent des épargnants. La position de la BOAD est donc celle de la Banque centrale chargée de faire la police sur ce marché à côté des gouvernements. Notre point de vue, c’est qu’il faut absolument sortir du marché ces opérateurs qui, pour l’essentiel à terme, font faillite. Avec déjà un taux d’intérêt de 15%, Madoff a créé une crise financière. Alors quand on me parle d’un taux d’intérêt de 100% ou 200%, c’est absolument inimaginable. Cela n’existe pas. C’est un phénomène qui fait appel à l’instinct primaire des épargnants. Il faut absolument le combattre ».
Un autre flou persiste entre la date de l’autorisation donnée à ReDéMaRe en décembre 2009 alors qu’elle opérait depuis longtemps dans le placement d’argent. Comment les services de contrôle ont compris, dès le départ, le concept « distribution des produits de consommation et prestations diverses » sur le territoire national ? Le Togo n’étant pas en situation de famine.
N’a-t-on pas su ce qui se cachait derrière ? Beaucoup d’établissements s’adonnent, par ces moments, exclusivement à des activités illicites, tout en affichant autre chose dans la raison sociale. Il ne faut pas seulement se satisfaire de leur facilité à payer les impôts.
En rappel, le gouvernement a déjà fait bloquer les comptes, sceller les locaux d’exploitation desdites sociétés. Un mandat de dépôt est décerné le 20 juillet contre le PDG de ReDéMaRe, Sama Essohamlon, qui est depuis en prison.

Pour réaliser ses principaux objectifs
Le gouvernement identifie ses sources de croissance
Malgré un contexte de crise – alimentaire, énergétique, financière et d’inondations –, le gouvernement togolais a maintenu des politiques macroéconomiques prudentes et poursuivi la mise en œuvre de réformes de grande envergure, constate la Banque mondiale. Les résultats sont palpables sur le terrain, avec une hausse du taux de croissance réel de 1,8% en 2008 à 2,5% en 2009. Mais elle reste encore insuffisante : la croissance devrait se situer à 7,5% pour permettre au pays de réaliser les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Et c’est tout le souci du gouvernement.
Suite à des discussions techniques en janvier dernier avec des partenaires, il a été demandé à la Banque mondiale de réaliser une étude d’identification des sources potentielles de croissance du pays dans les prochaines années. Financée par la Banque mondiale elle-même, l’étude – qui a couvert les années 2006 à 2009 – a rendu ses résultats début juin 2010. Entre autres préoccupations, le rapport s’interroge sur le niveau de compétitivité des entreprises togolaises, sur la faible productivité et les coûts relativement élevés de la main d’œuvre, sur la faible utilisation des services financiers, etc. Ces résultats font l’objet, à compter de ce mardi, d’un atelier de validation de trois jours par les partenaires et les différents services concernés dont le ministère de l’Economie et des finances et celui du Commerce.
Des extraits de ce rapport à valider vous sont proposés par « L’UNION ».
Productivité des entreprises
Plus d’emplois créés depuis 3 ans
En moyenne, toutes les catégories d’entreprises ont enregistré une augmentation de leurs ventes au cours des trois dernières années. Les ventes de l’entreprise médiane togolaise ont augmenté de 20% depuis 2006. La croissance médiane des ventes déclarée a été plus rapide dans les petites (12%) et dans les entreprises du secteur manufacturier (28%) que du secteur des services. Seules les grandes entreprises et celles du secteur des services ont signalé une augmentation de l’emploi au cours de la même période, respectivement de l’ordre de 8% et 6%.
Ce résultat est surprenant étant donné que, dans le modèle habituel de croissance des entreprises, les petites entreprises connaissent une croissance plus rapide que les grandes, jusqu’à atteindre leur dimension optimale. Au Togo, la situation est inversée. Deux explications sont possibles : un dysfonctionnement du marché lié soit au besoin d’investissements massifs dans les infrastructures, notamment électriques, soit aux difficultés d’accès au financement pourrait en être la première raison. Ensuite, il y a l’importance des coûts de sortie pour les entreprises installées dans un pays où les coûts d’entrée sont élevés, ce qui est incontestablement le cas du Togo).
Près de 50% des entreprises ont déclaré que leurs effectifs ont augmenté au cours des trois dernières années, tandis que 22% disent avoir réduit leur personnel. Dans ce domaine, la situation du Togo est comparable à celle des autres pays, à l’exception du Ghana et du Burkina Faso où plus de 60% des entreprises ont déclaré avoir créé des emplois. Il est important de noter qu’il y aura toujours des entreprises en déclin ou réduisant leur personnel. Les raisons sont multiples : départs à la retraite, consolidation des pratiques commerciales, adaptation aux nouvelles technologies, évolution de la demande, ou perte de compétitivité. Au Togo, les entreprises créatrices d’emplois sont deux fois plus nombreuses que celles dont les effectifs baissent. En la matière, le pays dépasse le Cap-Vert, souvent cité en exemple de réussite, où l’emploi stagne. Ce constat est encourageant, car il révèle un certain dynamisme et le développement de nouvelles opportunités.
Coûts de la main d’œuvre
Le Togo semblable aux voisins de l’Uemoa
Pour une entreprise togolaise médiane, tous secteurs confondus, le coût annuel de la main d’œuvre est de l’ordre de 1.357 dollars (environ 678.500 francs Cfa) par travailleur, soit l’équivalent d’environ 110 dollars par travailleur et par mois. Ces coûts sont nettement inférieurs à ceux des entreprises de Maurice et du Cap-Vert, supérieurs à ceux des entreprises ghanéennes, mais semblables à ceux des pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) (Burkina Faso et Sénégal). Les observations sont dans l’ensemble conformes aux références constituées par les salaires minima. Après une augmentation de 100%, en août 2008, le salaire minimum togolais a atteint aujourd’hui 28.000 francs par mois et est proche de celui d’autres pays de la zone Cfa, comme le Burkina Faso (30.684 francs), le Sénégal (36.219 francs) et la Côte d’Ivoire 36.607 francs).
Cependant, la faible productivité de la main d’œuvre n’est pas compensée par des coûts proportionnels plus bas. Les coûts unitaires de la main d’œuvre – mesurés par le ratio entre les coûts de la main d’œuvre et le total des ventes – sont plus élevés au Togo, dans le secteur des services, que dans l’ensemble des autres pays de la région. Au Togo, les coûts de la main d’œuvre représentent 23% des ventes dans le secteur des services, contre seulement 13% au Cap-Vert et 17% à Maurice. Ces coûts diffèrent considérablement d’une entreprise à l’autre : ils sont nettement plus élevés dans les grandes entreprises (2.289 dollars par an) que dans les petites (1.074 dollars). Les entreprises étrangères accordent des salaires beaucoup plus importants que les nationales. Les niveaux de salaires sont semblables dans les services et dans le secteur manufacturier, et les entreprises exportatrices de la zone franche pratiquent des salaires équivalents à ceux des entreprises non exportatrices. Les salaires médians des exportateurs ne faisant pas partie de la zone franche sont nettement supérieurs à ceux pratiqués par les exportateurs de cette zone.
L’indicateur « Doing Business » classe le Togo à la 159è place, sur 183 pays, en ce qui concerne l’emploi de la main d’œuvre. L’indice « Doing Business » de rigidité globale de l’emploi, qui tente d’évaluer les difficultés de recrutement et de licenciement des travailleurs ainsi que la rigidité des horaires, est plus élevé au Togo que dans tous les autres pays de comparaison à l’exception du Sénégal et du Maroc. Sur une échelle de 0 à 100, l’indice de la difficulté de recrutement attribue 83 au Togo, contre 72 au Sénégal ou 89 au Maroc ; mais 11 au Ghana, 0 au Nigeria ou encore 39 au Bénin et 33 au Burkina Faso. L’indice des problèmes de sureffectifs donne 40 au Togo et au Bénin, 50 au Sénégal et au Ghana, 70 au Cap-Vert, mais seulement 20 à la Côte d’Ivoire. Pour celui de la rigidité de l’emploi, le Togo a 54, contre 59 pour le Sénégal, 7 au Nigeria, 40 au Bénin, 21 au Burkina Faso, et 27 au Ghana.
L’accès au financement bancaire
La contrainte majeure pour les petites entreprises
Etant donné la situation difficile du secteur bancaire au Togo, on pourrait s’attendre à ce que l’accès au financement occupe une place de choix dans la liste des contraintes auxquelles sont confrontées les entreprises. Sur l’ensemble des entreprises formelles du secteur enquêtées, 59% ont cité l’accès au financement comme une contrainte majeure et 61% des micro-entreprises. Ces chiffres sont moins élevés qu’attendus et ne concerne que la capitale Lomé.
La taille de l’entreprise fait une nette différence puisque 60% des petites entreprises considèrent l’accès au financement comme une contrainte majeure, contre 44% des moyennes entreprises, et 27% des grandes. Dès résultats sans surprise, affirme la Banque mondiale. En termes d’implications pour la politique économique du pays, il est rappelé que le Togo ne compte pas beaucoup de grandes entreprises, et que l’amélioration de l’accès des PME et micro-entreprises au financement est donc un enjeu important. Le sous-secteur des services semble bénéficier d’un accès au financement plus facile que celui de la transformation étant entendu que le secteur des services exige des investissements moins importants et principalement à court terme. Il est recommandé des efforts afin d’améliorer l’accès au financement à plus long terme.
Quelque 94% des entreprises formelles possèdent un compte courant bancaire, 54% une autorisation de découvert et 21% un prêt bancaire ou une ligne de crédit. L’amélioration de l’accès aux découverts reflète l’accent mis par les banques sur les prêts à plus court terme (même si une autorisation de découvert peut se convertir en un crédit à plus long terme, en particulier en cas de défaillance). La talle de l’entreprise et l’existence d’états financiers audités ont l’effet attendu, avec un accès au financement plus facile pour les grandes entreprises et celles ayant des états financiers audités. Ce qui confirme l’importance de la transparence pour l’accès au financement bancaire.
Une comparaison internationale révèle quelques surprises : le Togo affiche une meilleure situation que la Côte d’Ivoire (même si cette différence est très faible), le Burkina Faso, le Bénin et le Ghana ; mais une moins bonne situation que le Nigeria et le Sénégal. Comme le Burkina Faso et le Bénin ont un secteur financier en meilleure santé que celui du Togo, ils devraient présenter un accès plus facile aux services financiers, mais ce n’est pas le cas.
L’imposition et la fiscalité nuisent aux affaires
Les taux d’imposition sont classés comme une préoccupation majeure par 40% des entreprises togolaises, et une proportion similaire inscrit l’administration fiscale au nombre des problèmes majeurs L’administration fiscale constitue une plus grande préoccupation pour les entreprises togolaises que pour celles de beaucoup de pays de référence. C’est aussi le cas des taux d’imposition, mais dans une moindre mesure. Selon l’enquête 2010 de « Doing Business », le taux d’imposition total (la somme des taxes sur les bénéfices, des taxes et contributions salariales et d’autres impôts sur les sociétés) calculé pour les entreprises représente 53% du bénéfice total. Ce qui est beaucoup plus élevé que celui de Maurice (23%) ou du Ghana (33%), mais semblable à celui d’autres pays de la région
Cette même enquête classe le Togo vers le bas de l’échelle (155è sur 183 pays) par rapport à son taux d’imposition total, ce qui confirme la préoccupation exprimée par de nombreux gestionnaires d’entreprises. Une analyse plus approfondie du système fiscal révèle des multiples taxes dont une entreprise formelle au Togo doit s’acquitter. Les taxes directes impliquent la Taxe sur bénéfices (27 à 30% selon l’entreprise) ou une taxe minimum périodique sur le chiffre d’affaires annuel au lieu de la taxe sur les bénéfices ; la Taxe sur les salaires (7%), l’Impôt foncier et la Taxe professionnelle. Celles indirectes se composent de la TVA (18%), des Taxes sur les activités financières (10%) et les Impôts indirects (produits pétroliers, par exemple).
Les récentes lois des Finances de 2009 et 2010 ont réduit l’impôt sur les bénéfices (IS) de 37 à 27% pour les entreprises industrielles et de 40 à 30% pour toutes les autres catégories. Le nouveau taux d’imposition sur les bénéfices est aligné sur celui de la plupart des pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemo). La taxe sur les salaires de 7% est considérée contre-productive dans un pays où le taux de chômage est élevé et où la création d’emplois constitue une priorité. Le Togo et le Bénin sont les deux seuls pays de l’Uemoa qui perçoivent toujours des taxes si élevées sur les salaires. Les autres perçoivent une taxe d’apprentissage et de formation professionnelle représentant environ 2% des salaires totaux, et qui est ensuite versée dans un fonds spécial de formation professionnelle dans lequel les entreprises peuvent puiser pour financer la formation de leurs employés.

Besoins de liquidités sur le marché Umoa
Une nouvelle injection de 3 milliards Cfa du Togo

La Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (Bceao) a procédé, valeur 26 juillet 2010, à une injection de liquidités d'un montant de 110.000 millions de francs Cfa, dans le cadre de ses adjudications régionales hebdomadaires. Cette opération arrive à échéance le 1er août 2010, indique la Banque centrale dans un communiqué. L'appel d'offres a enregistré des soumissions de 12 établissements de crédit provenant de 07 places de l'Union monétaire ouest africaine (Umoa) dont le Togo qui y a contribué à hauteur de 3 milliards de francs. Le taux marginal et le taux moyen pondéré issus de l'adjudication se sont établis respectivement à 3,2500% et 3,3734%.
Les plus gros adjudicataires ont été le Bénin (51,974 milliards), le Burkina Faso (37,00 milliards) et le Sénégal (13,676 milliards), alors que la Guinée-Bissau n’y a pas participé. Les établissements de crédit de la Côte d’Ivoire (1,0 milliard), du Mali (2,0 milliards) et du Niger (1,25 milliard) arrivent après ceux du Togo.
L'Institut d'émission a également procédé, valeur 26 juillet 2010, à une injection de liquidités de vingt-huit (28) jours, d'un montant de 66.405 millions. Cette opération arrive à échéance le 22 août 2010. Pour cette opération d'appel d'offres à un mois, 11 soumissions ont été reçues de 5 places de l'Union. Le taux marginal et le taux moyen pondéré se sont situés respectivement à 3,5100% et 3,6932%.
Tenant compte de l'évolution prévisible de la liquidité bancaire, la Banque Centrale décide de lancer une nouvelle opération d'injection de liquidités sur le guichet des appels d'offres à une semaine à taux variables, d'un montant inchangé de 110.000 millions, avec comme date de valeur le 2 août 2010. Cette opération est assortie d'un taux minimum de soumission de 3,2500%.

Société
Moins de honte à épouser une fille plus âgée que soi

Épouser une femme plus âgée que soi est aujourd'hui plus facilement accepté par la société, malgré des résistances liées à la tradition. La contribution grandissante des femmes aux charges du foyer favorise l'évolution des mentalités.

Seuls deux ans les séparent. Cette différence d'âge est pourtant un fossé infranchissable pour certains dans leur entourage. Marie, 34 ans, et Blaise, 32 ans, se sont cependant mariés, il y a 4 ans, bravant l’idée communément admise qu'un homme ne doit pas épouser une femme plus âgée que lui. Aujourd'hui, le couple vit des jours heureux. «Comme on s'aimait bien, on a décidé de se marier malgré les moqueries des gens», se souvient Blaise. «On ne peut pas empêcher les gens de cancaner», poursuit Marie. Des deux côtés, les parents avaient cédé à la volonté de leurs enfants et accepté cette union.
Petit à petit, les mentalités évoluent. Honnis dans les campagnes, de pareils couples sont plus facilement acceptés en ville. En parler reste cependant tabou. Craignant d'être mal vus par leur entourage, la plupart des jeunes ouverts à cette évolution ont requis l'anonymat pour exprimer leurs points de vue. «Pourquoi ce sont toujours les hommes qui doivent épouser les femmes plus jeunes ? Il faut que ça change un peu non !», martèle Aimée, 24 ans, étudiante. «L'essentiel, c'est l'amour !», tranche Julius, un célibataire.
Dans la trentaine, Jeanne est plus nuancée : «Pas de problèmes si le garçon est mon cadet d'un ou de deux ans, mais pas trois, car ce serait très visible». Mathias, 23 ans, pense lui aussi que si la femme est beaucoup plus âgée, il sera difficile de vivre ensemble, car l'homme aime bien être au-dessus et avoir le contrôle sur tout. Cette volonté de domination semble, en grande partie, justifier cette tradition, car, à l'inverse, l'union entre un homme de 60 ans et une adolescente de 15 ans, de moins en moins accepté en ville, est encore considérée en milieu rural comme normal… 


Épouses et chefs de famille
Ceux qui soutiennent que l'homme doit absolument être le plus âgé défendent leur avis, expérience personnelle parfois à l'appui. «J'ai été horrifiée quand j'ai découvert sur une pièce d'identité que mon fiancé, que j'aimais pourtant beaucoup, était plus jeune que moi. J'ai tout de suite rompu, même s'il a essayé de me convaincre qu'il était en réalité plus âgé», confie Stéphanie, 26 ans. «Sortir avec une femme plus âgée me couvrirait de honte !», lance de son côté Adrien, célibataire et mécanicien à Lomé.
Le fait que l'homme soit le chef de famille est une volonté du maire, du prêtre, du pasteur, sans oublier la société traditionnelle, et non une exigence de la nature. Pour que la domination soit effective, l'homme se sert de quelques atouts, dont l'âge. Il a ainsi plus de maturité et peut plus facilement imposer son rôle de chef. D'autres arguments sont invoqués, tel le désir pour les hommes d'avoir à leurs côtés une compagne jeune, capable de procréer plus longtemps. Cela compte pour cette femme de 33 ans, toujours à la recherche d'un partenaire plus âgé : «Je ne peux pas épouser un homme plus jeune que moi, car la femme vieillit plus vite et, à un moment, il va me délaisser pour une plus jeune».
Ces positions conservatrices et ces idées reçues perdent cependant, progressivement, du terrain, surtout en ville. Bon nombre de femmes rapportent désormais l'essentiel des revenus du couple et sont devenues, dans certains cas, chefs de famille. Avec la crise économique associée aux programmes d’ajustement structurel, quand l'homme perd son emploi ou connaît une réduction importante de salaire, le soutien économique des ménages est souvent assuré, surtout dans les villes, par la femme.
Cette analyse se vérifie aujourd'hui. Grâce notamment aux progrès de la scolarisation des filles, les togolaises sont de plus en plus nombreuses à travailler. On comprend donc mieux l'avis de Théophile, 27 ans, célibataire, prêt, sous certaines conditions, à quelques concessions : «j'épouserais volontiers une fille plus âgée, si elle a des revenus».


© L’Union du 27 juillet 2010

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