Médias

Nouveaux médias, nouvelles frontières

La Journée mondiale de la liberté de la presse – dont le thème est cette année Les médias du XXIème siècle : Nouvelles frontières – sera célébrée le 3 mai. Les événements les plus marquants se dérouleront à Washington DC et à New York (Etats-Unis) mais d’autres célébrations, locales ou régionales, se tiendront un peu partout dans le monde.
A cette occasion, Patricia M. Hawkins (photo), ambassadeur des Etats-Unis au Togo, souligne dans la Tribune publié ci-dessous, qu’à mesure que le monde évolue, la définition de la liberté de presse se modifie, elle aussi. Le journalisme citoyen et l’utilisation des réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans le drame qui se déroule aujourd’hui au Moyen-Orient et en Afrique ». Un rappel quant à l’utilisation de Facebook et Twitter dans les révolutions en Tunisie et en Egypte.
Voici la Tribune de Patricia M. Hawkins
Notre communauté internationale, des villages de la campagne tunisienne aux rues de Benghazi, Abidjan connaît une phase de métamorphose de son histoire. Dans le monde entier, des populations demandent plus de liberté, de transparence et de libre choix tandis que la presse, grâce aux satellites d’Al Jazeera, des chaines de télévision internationales, aux tweets des manifestants et au travail de courageux photojournalistes, se trouve partout en première ligne.
Le 3 mai, en cette Journée mondiale de la liberté de presse, nous commémorons ce qu’il en coûte à certains de nous informer et nous rendons hommage à ceux qui ont parfois payé de leur liberté, voire de leur vie, la volonté de nous tenir au fait de l’actualité et de la vérité.
La Journée mondiale de la liberté de presse, qui se déroule tous les ans à travers le monde, a été instaurée par les Nations unies pour célébrer les principes de la liberté de la presse et honorer ceux qui sont morts en voulant les mettre en pratique. C’est pourquoi les Etats-Unis se sont associés cette année à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) afin d’organiser pour la première fois les commémorations officielles.
Le thème de cette année, « Les médias du XXIe siècle : nouvelles frontières », ne pouvait être davantage prémonitoire. La création et l’essor d’une presse indépendante, pluraliste et libre sont essentiels au développement des sociétés civiles et de la démocratie sur toute la planète.
A mesure que le monde évolue, la définition de la liberté de presse se modifie, elle aussi. Le journalisme citoyen et l’utilisation des réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans le drame qui se déroule aujourd’hui au Moyen-Orient et en Afrique. Dans de nombreux pays de la région, notamment en Tunisie, en Egypte, en Libye, au Yémen et en Syrie, l’Internet est l’accélérateur qui permet aux journalistes, comme aux militants ou aux simples citoyens, d’être reliés les uns aux autres, de partager à l’échelle de la planète leurs histoires et leurs appels au changement.
Dans ce nouvel espace public, débordant d’informations et des bruits les plus divers, le journaliste est un acteur essentiel qui recherche la vérité, analyse les tendances, veille à la crédibilité et produit des reportages dans le souci du bien public. A l’évidence, l’avènement de l’ère numérique – l’essor de l’Internet, l’émergence de médias innovants et la montée en puissance des réseaux sociaux en ligne – a suscité de nouvelles interrogations : qu’est-ce qu’un journaliste, quel est le rôle des blogueurs, quelles seront les répercussions, sur la presse d’aujourd’hui et de demain, de la fusion des genres entre journaliste citoyen et professionnel ?
L’Internet est une porte sur le monde. Il amplifie les revendications en faveur de la liberté d’expression, facilite l’ouverture de débats animés sur une large palette de sujets et, enfin, relie ensemble tous les citoyens de par le monde. L’accès à l’information s’est trouvé profondément modifié par l’avènement de l’ère numérique.
« Nous avons été coupés de tout pendant cinq jours, sans connexion à l’Internet ni aux mobiles. Nous étions en Egypte comme dans une immense prison », explique Dalia Ziada en parlant du blocage par le régime de l’ancien président Hosni Moubarak de l’accès à l’Internet et à la téléphonie mobile. C’est ainsi que la blogueuse égyptienne a ressenti cette tentative de museler la presse et d’empêcher les citoyens d’exercer leur droit de s’informer librement et de se réunir pacifiquement. Un tel silence n’a toutefois pas freiné le rassemblement de la population dans les rues pour appeler au changement. « Le mouvement en faveur des droits civiques n’a rien de nouveau, précise Dalia Ziada. Mais il lui a fallu pour aboutir l’apparition de l’Internet et de réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, qui ont attiré une multitude d’Egyptiens. »
La secrétaire d’Etat Hillary Clinton l’a déclaré en début d’année : « L’Internet est devenu l’espace public du XXIe siècle, la grand-place du monde, sa salle de classe, son marché, son café et sa discothèque. Plus de deux milliards d’entre nous le façonnent et sont façonnés par ce qu’il s’y passe. »
En 2011, seize journalistes sont morts dans l’exercice de leur métier, ce qui porte à 861 ce triste bilan depuis 1992, date à laquelle le Comité pour la protection des journalistes a commencé à recenser les décès. Selon le Comité, 145 journalistes sont actuellement détenus dans diverses prisons à travers le monde, d’autres sont portés disparus ou pris en otages, comme le Sud-Africain Anton Hammerl. En cette Journée mondiale de la liberté de presse, il revient à chacun d’entre nous de rendre hommage à leur contribution et de faire tout ce qui est en notre pouvoir – à la fois dans le virtuel et dans la réalité – pour défendre leur liberté et la liberté de presse, droit fondamental dont chacun, partout, doit pouvoir jouir.
En cette Journée mondiale de la liberté de presse, nous célébrons également les journalistes qui ont le courage de dire la vérité aux instances gouvernantes du Togo, même quand cette vérité est déplaisante pour les dirigeants. Le rôle du journaliste est d’assurer une veille, d’être le gardien de nos gardiens. Sans presse libre pour demander des comptes aux puissants, il n’est souvent pas de recours pour le citoyen. Un des plus grands journalistes américains, Edward Murrow, a dit : « Ne confondons pas différence d’opinion et déloyauté. » Ne confondons pas non plus expression de la vérité et opposition politique. Les meilleurs patriotes sont parfois les citoyens les plus critiques.
« Lorsqu’un média libre est en péril, a déclaré Hillary Clinton, ce sont tous les autres droits qui se trouvent également menacés. Dans cette même ligne de pensée, continuons à défendre ceux dont les voix s’élèvent en faveur de la liberté de presse – et à dénoncer ceux qui s’y opposent. Et travaillons sans relâche à construire un monde où la libre circulation de l’information et des idées reste une source inébranlable de progrès. »

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