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Vérité, Justice et Réconciliation : retards à l'allumage

« Le processus de Vérité, Justice et Réconciliation mené par le Haut Commissariat des Nations Unis pour les Droits de l'Homme a du plomb dans l'aile ». C'est ce que pensent certains Togolais qui accusent les autorités de traîner les pieds. Mais ce n'est pas l'avis du bi-hebdomaire L'Union qui, dans sa parution de mardi, estime que le mécanisme est tout à fait « crédible » et indépendant et « qu'il échappe à l'emprise du gouvernement et des politiques ».

C'est ce mécanisme que le Président Faure doit mettre en place. Pour le journal, les retards à l'allumage s'expliquent par le fait que « la mobilisation des ressources humaines et financières et l'expertise extérieure fait traîner les choses ».   Voici une sélection d'articles publiés par L'Union.

Verbatim

Commission Vérité-Justice-Réconciliation

Briser les tabous

Le processus de Vérité, Justice et Réconciliation mené par le Haut Commissariat des Nations Unis pour les Droits de l'Homme a du plomb dans l'aile. C'est ce que pense la majorité des Togolais. Du moins, cela se dit partout et même dans la presse. Lors de l'émission "Appel sur l'actualité" de Juan Gomes de Rfi enregistrée à Lomé le 27 avril dernier, plusieurs compatriotes interrogés sur le sujet ont ouvertement dénoncé la lenteur de l'installation de cette commission. En les écoutant, ils donnent l'impression que le pouvoir en place ne veut pas avancer dans le dossier. C'est de bonne guerre pour quelqu'un qui a été victime d'exactions et qui veut que justice lui soit rendue. Au plus vite !

Ce que je sais, pour le moment, est que l'installation de cette Commission doit tenir compte des conclusions et recommandations qui émanent des populations lors des consultations engagées l'année dernière.

Elles comportent entre autres, la forme que doit prendre le processus et le type de réparations à appliquer. Pour ce faire, il faut que les membres de la Commission soient pétris d'une crédibilité honorable afin que leur travail ne souffre d'aucune impartialité. Des garanties suffisantes de sécurité et de confidentialité dans les investigations et auditions leur sont donc nécessaires. Ils doivent  aussi jouir de certaines immunités de telle sorte qu'ils soient à l'abri de toute forme de pression, d'intimidation, d'interférence de la part du pouvoir public et des forces politiques et qu'ils puissent travailler sereinement. Il leur faut également un siège où les dossiers devront être sécurisés. A ce stade, le

problème pertinent est de déterminer les personnalités du profil de membre recherché.

L'autre paire de manches est la facture financière de l'opération. Il s'agit de trouver des ressources nécessaires pour entretenir le processus. Les membres de la Commission devront percevoir un salaire à la taille de leur service rendu à la Nation. Ils doivent être suffisamment équipés ; matériels et logistiques au point. Surtout, la Commission doit disposer de fonds propres. Il faut aussi envisager d'éventuelles réparations des préjudices que des Togolais auraient pu subir. Ce volet exige la mobilisation d'énormes ressources.

Pour espérer un travail scientifique, l'assistance extérieure s'avère indispensable. Selon les premières annonces, la Commission aura le soutien de l'Union Européenne et d'autres partenaires au développement qui doivent lui apporter expertise, assistance technique et moyens financiers. L'appui de pays ayant traversé une situation analogue de justice transitionnelle est aussi souhaité afin de ne pas reverser dans un travail bâclé. Toujours est-il qu'il faut prendre en compte nos propres réalités et notre histoire commune.     

C'est donc un mécanisme crédible qui échappe à l'emprise du gouvernement et des politiques que le Président Faure est appelé à mettre en place. Sans nul doute que la mobilisation des ressources humaines et financières et l'expertise extérieure fait traîner les choses.  En tout état de cause, la volonté d'y arriver sereinement devra permettre de briser tous les tabous.

Actu nationales

Pour solder les comptes du passé

L'audit du FER en bonne route

Le projet d'audit du Fonds d'entretien routier (FER) prend une forme pratique avec cette consultation restreinte lancée par le ministère de l'Economie et des finances pour le choix d'un consultant. Sur les ressources internes du pays, celui-ci se propose de supporter les services de consultant dans le cadre du contrat relatif à l'audit financier et comptable du FER pour la période allant de 2005 à 2008. Cet appel ne concerne que les consultants figurant sur la liste restreinte constituée uniquement de cabinets agréés par l'Etat togolais pour effectuer les audits et commissariats aux comptes dans les entreprises publiques, organismes et fonds de l'Etat.

«Il faut relever que supprimer le FER ne dégage pas ceux qui l'ont géré de leurs responsabilités. Le gouvernement prendra les dispositions pour faire la lumière sur la gestion du FER depuis sa création dans le cadre de l'audit», lançait, au titre du commissaire du gouvernement, Aharh Kpessou Mongo, secrétaire permanent pour le suivi des reformes politiques et des programmes financiers, en réponse à la question des responsabilités des différentes équipes dirigeantes du FER.

A la suite de l'Exécutif en juillet 2008, le parlement a adopté le 15 décembre 2008 l'abrogation de la loi 97-02 du 10 janvier 1997 portant création du FER, autorisant ainsi la mise en place de nouvelles structures qui doivent relever les défis de reconstruction et d'entretien des routes et pistes. Les actifs et le passif du FER sont depuis transférés au Fonds routier (FR) et à la société de péage (CAPER).

Le constat est fait que le FER a échoué par la mauvaise gestion pendant les onze années d'existence, même si l'Etat y a toujours injecté 8 milliards par an, en plus des frais des péages. Officiellement, l'autre raison en est que le FER assurait cumulativement les tâches de planification, d'exécution, de passation de marchés et de contrôle. Au demeurant, la démarche d'audit permettre de savoir pourquoi ces dérives ont été autorisées alors que ces activités ne relèvent pas des compétences du FER conformément à l'article 2 de la loi 97-02. Ou bien, pourquoi, dès le constat de cette dérive, le ministre n'a pas fait usage de la prérogative de l'article 17 de la loi 97-02 qui lui donne la possibilité de suspendre l'exécution de toute décision du conseil des routes contraires aux objectifs du FER.

Qu'à cela ne tienne, l'échec du FER continue de se ressentir dans l'état désastreux des infrastructures routières au Togo. Aujourd'hui, le Fonds routier, établissement financier à statut spécial, sera sous la tutelle du ministre des Finances, avec un conseil d'administration. La Société de péage, sous le contrôle de l'Etat, décidera du niveau de services à prester et du prix à payer pour le maintien de nos routes dans des conditions acceptables pour l'usager. Un programme annuel d'entretien routier sera soumis au Conseil national des routes pour validation. Le Conseil national des routes est l'organe chargé de soumettre au gouvernement les projets routiers (entretien, grosses réparations ou construction de nouvelles routes) via le ministère chargé des routes, qui instruit le FR à rechercher le financement ou la CAPER pour les travaux d'entretien sous le contrôle des services du ministère chargé des TP.

Réhabilitation des pistes rurales dans le Wawa

Les zones de café-cacao désormais desservies

Lancée début octobre 2008 par le gouvernement togolais, la réhabilitation des pistes rurales dans la préfecture de Wawa et la sous-préfecture d'Akébou a officiellement pris fin le 15 mai 2009 avec la cérémonie d'inauguration présidée personnellement par le président Faure Gnassingbé. Tour à tour, le Chef de l'Etat et son équipe ont fait escale à Zogbégan, Danyikonda et Mangoassé pour fouler les pistes réhabilitées, dans la ferveur populaire des populations bénéficiaires. En tout, une longueur totale de 145 kilomètres de pistes en zone de culture de café et cacao sont élargies, reprofilées et munies par endroits d'ouvrages d'assainissement comme les dalots et caniveaux.

Dans les détails, on y cite les voies Katchabo-Mangoassé (16,50 km), Danyikonda-Bethel (7,60 km), Dzogbe-Atikpa (6,10 km), Mangbe-Abore (4,50 km), Odomi Abra-Kpete Bibi (18,60 km), Kougnohou-Brounfou (38 km), Wampakope-Ovlogbofou (12 km),

Zogbegan-Tetebe (42 km).

Les travaux, qui ont duré six mois, sont supportés par le Fonds européen de développement (FED), particulièrement la partie réservée sur les fonds STABEX 90-94, soit 731.289.205 francs Cfa. Déjà, on précise qu'une période de douze mois constitue le délai de garantie, une condition rigide de l'Union européenne. Autrement, toute défaillance constatée durant ce temps sera automatiquement réparée par l'entreprise prestataire, sur fonds propres. Ce qui contredit une autre pratique qui veut qu'une entreprise de travaux publics défaillante ne soit nullement inquiétée après avoir réalisé de mauvaises prestations.

Le plus important reste l'entretien des ouvrages réceptionnés. Et, chaque deux ans au moins, il faudra les gradériser pour l'entretien, dit-on. Pour ce faire, poursuit la cellule de coordination du projet, il sera brièvement mis en place un programme à l'endroit des populations elles-mêmes pour s'approprier les pistes et veiller à leur bon usage. Ici, on y voit des travaux légers de réparation quotidienne des ouvrages. A défaut, les populations devront retrouver la situation ante.

«Vous avez fait du bon boulot», a fini par lâcher, à l'escale de Danyionda, Faure Gnassingbé, visiblement ému, à l'endroit d'Antonio Legreco, Chargé du développement à la délégation de l'UE au Togo. C'est aussi à cette étape que les populations ont merveilleusement chanté leur doléance : «On est à une frontière, on a la route, maintenant on veut le courant». Faure Gnassingbé a bien enregistré.

L'ambition du Président de la République

Une mobilisation des chefs traditionnels et des populations des cantons de Wawa attendait Faure Gnassingbé à Mangoassé où l'un des chefs-cantons a d'entrée de jeu garanti que 2010 est déjà gagné. Et en mina (langue vernaculaire du sud Togo), Faure répond en trois minutes. Chrono en main. Pour dire qu'on fera plus à condition qu'il y a la paix car l'UE et les autres partenaires veulent nous soutenir. Nonobstant les crises de confiance du passé, c'est plutôt une route bien goudronnée qu'on doit être en train d'inaugurer et non une piste, mais prenez d'abord ceci et votons seulement dans la paix en 2010… «Ce que je vous demande, c'est de faire encore d'effort pour sortir de la terre plus de café et cacao, comme au bon temps de l'OPAT. En parlant beaucoup, je ne pourrai plus revenir vous voir», a conclu le Chef de l'Etat.

Aujourd'hui, il est urgent d'agir dans les autres zones de production surtout que l'idée est réelle de lancer d'autres appels d'offres d'ici trois mois pour couvrir les autres localités englouties de la grande région des Plateaux. Pour l'heure, c'est un vrai calvaire à vivre entre Tetebe et Danyi, allant vers Kpalimé. La réhabilitation actuelle s'étant arrêtée sur les 42 km séparant Zogbegan et Tetebe.

Rappelons que les difficultés de transport agissent fortement sur le rendement des paysans. Selon les données de la campagne agricole 2007-2008, la Fédération des producteurs de café cacao annoncent une quantité de cacao de 8.000 tonnes, et 10.000 tonnes pour le café. Contre, respectivement en 2006-2007, 13.000 tonnes (y compris des stocks venus de la Côte d'Ivoire) et 10.000 tonnes. Des chiffres largement en-dessous du pic atteint dans les années 80, soit 30.000 tonnes pour le cacao et 25.000 tonnes pour le café. Pour les autorités, il faut donc revoir tous ces chiffres à la hausse. Dans la foulée, on annonce la réception pour ce jour d'autres pistes rurales dans la préfecture de Zio.

Le soulagement chez les producteurs

Dans l'euphorie de la réception des nouvelles pistes rurales, nous avons posé trois questions à Karabou Essolakéna, Président du conseil d'administration de la fédération des producteurs de café cacao.

Qu'est-ce que vous ressentez aujourd'hui avec ces nouveaux ouvrages ?

Nous sommes dans la joie en réceptionnant ces pistes, car vous n'allez pas savoir les difficultés que nous endurons pour le transport de nos produits café-cacao avec la dégradation des pistes, l'embourbement des véhicules créant des pannes qu'on peut éviter. Nous ne pouvons que remercier cette action qui nous donne un accès facile aux zones de commercialisation.

Est-ce que le manque d'infrastructures routières constitue votre seul problème ?

Non. Nous avons aussi des problèmes de magasins, de centralisation des produits, mais dites-vous qu'on ne peut pas tout faire à la fois. On va les prendre progressivement.

Et les aléas climatiques.

C'est un point auquel nous adhérons très difficilement. Néanmoins, avec les acteurs impliqués et les bailleurs de fonds, nous sommes en train d'étudier la question à fond pour voir la faisabilité d'agir pour le changement climatique.

Economie

Coopération internationale

La BEI reprend avec le Togo

La Banque européenne d'investissement (BEI) a décidé, mercredi dans une rencontre à Dakar, de reprendre sa coopération avec le Togo et le Liberia, pays avec lesquels elle avait rompu ses relations il y a 20 ans, a indiqué son vice-président Plutarchos Sakellaris. L'accumulation des arriérés de paiement, pendant ces longues années, conséquences des problèmes politiques, avait poussé la BEI à rompre, d'après les explications de M. Sakellaris, en marge des 44-èmes assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD). Selon lui, «ce sont ces arriérés qui, aujourd'hui, font l'objet pour partie d'une annulation et pour partie d'un rééchelonnement».

«A partir de ce jour, il faut considérer ces années d'isolement comme passées. Notre institution est de retour et participera, j'en suis sûr, à de nombreux financements dans les prochaines années», a décrété Plutarchos Sakellaris. Décision également valable pour le Liberia.

Joignant l'acte à la parole, la BEI a aussitôt signé un accord avec le Togo pour l'allègement de la dette du pays dans le cadre de l'Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE). Il s'agit de l'annulation d'une dette de 8,3 millions d'euros, l'équivalent de 5,436 milliards de francs Cfa, contractée par le Port autonome de Lomé, il y a plusieurs années, pour sa modernisation. D'après le ministre Adji Othèth Ayassor des Finances et de l'économie, l'Etat togolais, qui était garant de cette dette, va réclamer le remboursement de la somme par le Port autonome de Lomé.

Le Togo, a précisé le ministre, devra bientôt atteindre le point d'achèvement dans le cadre de l'Initiative PPTE, ce qui lui permettra l'effacement d'une bonne partie de sa dette extérieure. Le montant de celle-ci est actuellement estimé à 700 millions de dollars (350 milliards de francs Cfa) après l'annulation de 90 pour cent de la dette de la BAD, de la Banque mondiale et du Club de Paris.

Les relations ayant repris avec la Banque européenne d'investissement, on devra s'attendre, au Togo, que ses équipes soient engagées dans le cadre du projet régional de réhabilitation et d'extension de la ligne électrique reliant le Bénin et le Togo. Ce projet sera prochainement présenté au Conseil d'administration de la BEI en septembre. Approuvé, il pourra être financé à hauteur de 30 millions d'euros, soit 19,65 milliards de francs.

© L'Union du 19 mai 2009

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