Politique

Auditions décentralisées

La Commission «Vérité, justice et réconciliation» a poursuivi mercredi à Dapaong la phase des auditions des victimes et des témoins. Deux sujets essentiels ont été évoqués : les événements de 1958 à 1963 et les conflits qui ont opposé les Moba aux Anufom en octobre 1991 à Barkoissi. Jeudi, les travaux seront consacrés aux problèmes liés à la faune.

La CVJR, créée à la demande du président Faure Gnassingbé, doit faire la lumière sur les violences politiques survenues au Togo de 1958 à 2005.

Voici un extrait du compte rendu de la Commission

"Les audiences de mercredi à Dapaong ont porté sur les malheureux événements qui ont mis en scène des différents acteurs des partis politiques en lutte pour l’indépendance du pays. 

Se sont exprimé six témoins des exactions, ou des personnes qui ont rapporté les récits tels que vécus par des parents ou proches à propos des violences à l’époque des faits entre 1958 et 1963. Toutes ces personnes ont dit que ces événements font partie du passé et qu’ils ont passé l’éponge. 

Le président de la CVJR leur a présenté la compassion de la Commission. Les incidents qui ont opposé Moba et Anufom à Barkoissi le 28 octobre 1991 et jours suivants ont fait l’objet des audiences de l’après-midi de ce mercredi 21 septembre 2011. Ont été auditionnés 4 témoins à qui le président de la CVJR a présenté la compassion de la Commission. Une délégation des Forces Armées Togolaises conduite par le Colonel Lemou a présenté dans une déclaration la version des faits selon les forces de sécurité et recommandé à la CVJR des mesures pour une véritable réconciliation. Jeudi, l’audience publique portera sur l’affaire de la faune".

Voici l'intégralité du discours de Mgr Nicodème Barrigah à l'ouverture des audiences à Dapaong

Après la première phase qui nous a occupés du 7 au 18 septembre 2011, la CVJR est heureuse de démarrer cette 2ème étape de ses audiences, ici à

Dapaong où, il y a un an, ses équipes mobiles avaient recueilli auprès de vous 3163 dépositions. Fidèle à sa mission de rechercher les causes des

violences qui ont perturbé notre cohésion nationale de 1958 à 2005 afin de renforcer la réconciliation sur les bases de la vérité et de la justice, elle vient à vous en ce jour, pour se mettre une fois encore à votre écoute avec un profond respect pour les souffrances endurées par les victimes.

Mes collègues et moi ainsi que toute l’équipe technique qui nous accompagne sommes profondément reconnaissants à vous tous qui avez répondu à notre initiative et nous honorez de votre aimable présence. A travers vous et les Institutions que vous représentez, nous saluons

toutes les populations de la Région des Savanes. Notre gratitude va également à nos partenaires techniques et financiers, notamment l’Union

Européenne, la France, l’Allemagne, le HCDH et le PNUD pour leur contribution à la mise en ouvre de notre mandat.

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais saisir cette occasion pour répondre à une question qui nous est souvent adressée par les populations au sujet des audiences : pourquoi faut-il évoquer des souvenirs douloureux dont la blessure semble s’être cicatrisée avec le temps ? Pourquoi exhumer un passé qui risquerait de réveiller des hostilités et rallumer des rancoeurs ? Pourquoi la CVJR veut-elle donner la parole aux victimes, aux témoins ainsi qu’aux auteurs présumés pour raconter publiquement ou à huis clos les violences et violations subies au cours des 47 années de notre histoire commune ? Sans nier les risques liés à une telle démarche, nous sommes convaincus que ce processus de vérité peut contribuer efficacement à faire la lumière sur ces faits douloureux, susciter la compassion de toute la nation à l’endroit des victimes, provoquer un élan de repentir, et initier une démarche de pardon pour que notre avenir commun soit plus serein et plus paisible.

Mesdames, Messieurs, Honorables invités,

L'eau ne reste pas sur les montagnes, ni la vengeance dans un grand coeur » nous enseigne un Proverbe chinois. Soyons donc des hommes

au grand coeur durant ces jours. Sans le témoignage sincère qui libère de la tension et guérit de la douleur, sans la contrition et le pardon qui affranchissent de la vengeance et de la rancoeur, il nous sera impossible d’espérer une réconciliation qui nous permette de regarder vers

un avenir commun apaisé. Le nombre important des dépositions recueillies à Dapaong nous a contraints à faire une sélection des dossiers qui seront présentés au cours des audiences. D’ores et déjà, nous présentons nos excuses à ceux et celles dont les dépositions n’auront pas été retenues. Mais nous voulons les rassurer que leurs récits n’ont pas été enregistrés en vain car ces derniers font actuellement l’objet d’un examen attentif en vue de la formulation de nos recommandations.

Les séances qui démarrent ce matin seront publiques, à huis clos ou privées, selon le vœu des personnes concernées et l’appréciation de la

CVJR. Si une personne physique ou morale est interpellée par un témoignage, elle dispose, en vertu des dispositions réglementaires qui

encadrent les audiences d’un droit de réponse et nous lui accorderons la parole à sa requête Ici, à Dapaong, les audiences porteront notamment sur les événements liés aux violences de 1958, aux incidents de Barkoissi, à l’affaire de la faune, aux violences électorales de 2005 et à

des violations non catégorisées.

Je voudrais particulièrement saisir l’opportunité de cette cérémonie, pour rappeler que l’accès aux audiences publiques est libre et gratuit. Le programme de nos travaux sera communiqué progressivement par voie de presse à l’opinion publique afin que les populations de Dapaong et

de la région soit suffisamment informés du contenu de nos travaux.

Mesdames, Messieurs,

Honorables Invités,

En terminant mes propos, je voudrais, encore une fois, inviter chacun de vous à s’engager avec sincérité dans ce processus de repentir, de pardon

et de main tendue dont la véritable bénéficiaire est notre Nation tout entière.

Que Dieu nous y aide.

Je vous remercie.

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