Politique

Développement à la base : Victoire Dogbé veut du concret

La directrice de Cabinet du chef de l'Etat, également en charge du ministère du Développement à la base, Victoire Dogbé, a ouvert mercredi à Lomé un atelier de validation de la lettre de politique et d'orientations stratégique de son département.

Les travaux doivent permette aux participants - les différents partenaires du programme de développement à la base - d'apporter les retouches nécessaires au document de politique et d'orientation en matière de réduction de la pauvreté au Togo.Voici l'intégralité de son discours

C'est avec un réel plaisir et beaucoup de joie, que je voudrais souhaiter à vous tous, une cordiale bienvenue à l'atelier de validation de la lettre de politique et d'orientations stratégiques pour le développement à la base au Togo. Pour ceux qui ont eu l'occasion d'accompagner les tout premiers pas du ministère depuis sa création en octobre de l'année dernière, notamment, ceux parmi vous, qui étaient avec nous à Kara en juillet 2009 au forum des acteurs de développement à la base, la présente rencontre constitue une occasion de retrouvailles, pour un rendez-vous qui était déjà convenu à cette époque.

Pour ceux qui n'étaient pas présents à cette cérémonie, je m'en voudrais de ne pas revenir sur la genèse de notre département ministériel, pour mieux situer, dans un parcours plus global, l'exercice qui nous réunit aujourd'hui.

Excellence mesdames, messieurs,

La démarche qui est empruntée aujourd'hui en faveur du développement à la base, trouve son sens dans le contexte de naissance et à travers l'historique de notre jeune ministère, et à travers la présentation des chantiers que ce dernier a déjà ouverts.

Le constat à faire d'abord, avec vous, est qu'avec une quinzaine d'années de crise politique, économique et sociale sans précédent, le Togo est tombé très bas. Sur cette période, son histoire a été marquée par une paupérisation croissante de la population due aux tensions sociopolitiques, à l'affaiblissement des capacités financières de l'Etat aggravée par la raréfaction des ressources d'aide publique au développement ainsi qu'à la régression économique.

Le pays a enregistré une montée sans précédent de la vulnérabilité des populations due notamment, à la modicité des moyens que l'Etat était en mesure d'investir dans le développement, à l'augmentation des populations et des besoins, et au difficile accès des populations essentiellement rurales et agricoles aux ressources indispensables à la production telle que la terre et le capital.

Le chômage, la faiblesse du revenu des emplois existants et les sous consommations sociales (santé, éducation, eau, etc…) ont fortement laissé le champ libre à l'expansion rapide et en profondeur de la pauvreté dans notre pays.

D'après le diagnostic établi par les enquêtes les plus récentes au Togo, environ 62% de nos concitoyens répartis sur plus d'un demi-million de ménages, vivraient en dessous du seuil de la pauvreté.

Par ailleurs, même si cela ne doit pas conduire à la minimisation du phénomène en ville, les statistiques révèlent que la pauvreté est essentiellement rurale où les campagnes atteignent un indice de pauvreté de l'ordre de 90% en région des savanes, 78% dans la centrale, 75% dans la Kara et 69% en région maritime. Forte inégalité entre le milieu urbain et le milieu rural !

Face à cette situation, et pour marquer le début d'un nouveau départ, le gouvernement a récemment décidé, de réajuster le tir. Ainsi, sous l'ardente détermination de son Excellence le chef de l'Etat, de renforcer la voie de la réconciliation nationale, de la cohésion sociale et du développement durable, un nouveau paradigme de développement à la base a été imaginé dont l'innovation est de mettre autant d'accent sur la création de richesses, la participation citoyenne à ce processus et le partage des fruits de ce labeur. Selon ce paradigme, le gouvernement estime qu'il est indispensable de tenir compte des besoins réels et urgents des populations à la base, et de considérer la participation et la responsabilité citoyennes ainsi que l'équité dans le partage, comme le meilleur gage de durabilité du processus de relance et de développement économique et social de notre pays.

C'est dans ce cadre que, en septembre 2008 déjà, un ministère délégué auprès du premier ministre, chargé du développement à la base a été créé.

Cinq missions ont été assignées à ce ministère : (i) Impulser la dynamique nécessaire pour promouvoir et soutenir le développement harmonieux des communautés à la base ; (ii) Coordonner la mise en Œuvre des initiatives des acteurs locaux ; (iii) S'assurer de la prise en compte des préoccupations des communautés à la base dans les politiques et stratégies de croissance pour la réduction de la pauvreté ; (iv) Mettre en Œuvre les politiques de développement communautaire sur la base du cadre de référence des priorités nationales, régionales et locales et des initiatives des acteurs locaux et des apports des partenaires au développement ; (v) Assurer le suivi, la mise en Œuvre et l'assistance des programmes et projets de développement à la base.

Au titre de son premier chantier, sur des besoins relevés au titre prioritaire,  une série d'actions urgentes ont été rapidement conçues et engagées sur le terrain.

a)    Ainsi, en date du 18 décembre 2008 à Atakpamé, fût lancé, par Son Excellence, Monsieur le Président de la République, le projet de soutien aux initiatives économiques des groupements. (projet PSEAG). Le projet est aujourd'hui dans sa phase d'exécution. En effet, des centaines de groupements ont reçu l'appui matériel du gouvernement, et des membres de ces groupements ont bénéficié de formation. Les formations se poursuivent toujours.

b)    Le volet micro crédits a également démarré et des ressources ont été mobilisées.

Toutes ces opérations ont été rendues possibles grâce au concours des différents partenaires, je m'en voudrais de ne pas les citer.

(i)    Il s'agit d'abord de l'Etat togolais qui a généreusement donné l'exemple en accordant un montant initial de 520 millions de fcfa en vue de démarrer les activités du PSAEG en faveur des populations. Nous voudrions exprimer de nouveau notre gratitude à SE M. le Chef de l'Etat qui s'est personnellement investi pour faire aboutir  ce premier montage de décaissement.

(ii)    Il s'agit aussi du Bureau du programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD-Togo) qui a contribué dans ce projet à hauteur de 76 millions de fcfa. Une partie de ce montant a servi à organiser la première série de formations en faveur des groupements. Une autre partie a été destinée à réaliser des diagnostics complémentaires qui ont permis d'identifier les besoins prioritaires et de mieux cibler les bénéficiaires et les appuis les plus pertinents dont les groupements ont besoin. La dernière partie de ce financement a servi à financer les activités de coordination du projet.

(iii)    Il convient de relever l'effet levier que le concours du gouvernement a apporté par rapport à d'autres partenariats. En effet, environ 50% du montant alloué par l'Etat ont servi à couvrir l'achat des équipements cités ci-dessus, le reste a été utilisé pour constituer un fonds de garantie responsable de 320 millions pour permettre aux institutions de mico finance, de mettre en place près de 800 millions de fcfa de ligne de crédit remboursable en faveur des groupements. En outre, des partenariats divers avec d'autres institutions tels que OIKO Crédit et PASNAM vont permettre d'élargir la gamme des produits et d'étendre la portée des appuis du PSAEG.

Nous voudrions ici aussi saisir l'occasion de remercier toutes ces institutions et en appeler aux autres pour qu'elles empruntent la voie de leurs consoeurs.

(iv)    Des pourparlers sont en cours avec d'autres partenaires dont certains sont déjà passés au stade de promesses. Nous voudrions citer ici la FAO et nous réjouir à travers l'exemple de SHARE que le secteur privé aussi n'est pas insensible au développement à la base.

Au total, aujourd'hui, le PSAEG, a déjà mobilisé environ un milliard dont environ 10.000 bénéficiaires, essentiellement des femmes opérant en faveur d'autant de ménages.

Quand on tient compte de la jeunesse de notre département ministériel, et surtout de la modicité des moyens dont le gouvernement togolais dispose, on peut déjà se réjouir de cet énorme sursaut d'efforts qui rend le ministère apte aujourd'hui, a voler dans l'urgence, avec ces maigres moyens, au secours des populations parmi les plus démunis.

Plusieurs autres actions identifiées comme prioritaires, sont soit déjà réalisées, soit en cours de réalisation ou à la recherche de financement dans le cadre du projet d'urgence. Nous citerons entre autres : le programme conjoint (Commune de Millénaire » qui est en cours d'exécution avec l'appui du système des Nations Unies ; le projet pilote Minimum vital commun des populations vulnérables des cinq régions du pays ; le projet d'appui à l'insertion socioprofessionnelle des jeunes filles déscolarisées dans les cinq régions, le projet d'appui à la transformation des produits locaux, qui sont à la recherche de financement.

Nous ne pouvons pas passer sous silence les microprojets réalisés ou en cours de réalisation dans plusieurs domaines grâce à l'appui financier des partenaires en développement tels que le PNUD, la Banque Mondiale, l'UNICEF, Plan-Togo, l'Union Européenne, l'OMS, la FAO pour ne citer que ceux-là.

Je saisis l'occasion pour leur exprimer toute la reconnaissance de mon département pour leur appui matériel et financier qu'ils nous apportent.

Excellence, Mesdames, Messieurs,

Parallèlement au déploiement des premiers pas vers des actions d'urgence sur le terrain, le second chantier, capital pour un jeune Ministère, consistait à concevoir, élaborer et mettre en place les outils de pilotage du secteur de Développement à la base.

Sous ce chapitre, le Ministère s'est attelé à formuler une note d'orientations qui a été présentée à un atelier d'orientation, tenu en janvier dernier à Notsè.

Par la suite, parallèlement aux interactions avec la cellule en Charge de préparer le DSRP, le Ministère s'est attelé à l'élaboration d'une « lettre de politique et d'orientations stratégiques » dont le présent atelier constitue un des points culminants de son processus.

Sans vouloir anticiper sur le contenu de ce document que vous êtes appelé à analyser, je voudrais juste relever l'esprit et les principes qui en ont guidé l'élaboration.

La vision centrale de cette politique repose sur l'amélioration de l'accès des communautés à la base et des populations les plus pauvres au « minimum vital commun » et à une finance inclusive.

Elle nécessite la mise en place de deux outils opérationnels appropriés : l'option envisagée étant d'alléger la structure centrale du Ministère, et de procéder à la création d'une agence et d'un fonds d'appui au développement à la base chargé d'assurer la mise en place de la politique sectorielle.

Soucieux d'asseoir les bases d'une approche participative depuis la conception jusqu'à la mise en Œuvre, le document de la lettre de politique et d'orientations stratégiques a été largement partagé, à Kara en juillet dernier, lors du forum des acteurs de développement à la base.

Excellence, Mesdames Messieurs,

Au stade ultime de ce processus de consultation et de validation, il nous a paru primordial de nous mettre ensemble avec les technocrates des différentes structures partenaires afin de mettre la dernière touche au document combien important pour le pilotage du développement à la base. Cela devrait permettre de vérifier si tout a été pris en compte en termes de voies et moyens consensuels et concertés de tous les acteurs pour concrétiser la vision décrite ci-dessus, ainsi que les approches préconisées pour mieux conjuguer et optimiser les efforts des différents intervenants, au bénéfice des populations soucieuses de sortir de la pauvreté.

L'atelier qui réunit aujourd'hui les représentants techniques des acteurs du développement à la base s'est fixé quatre objectifs :

-Examiner le contenu du document en vue d'apporter des enrichissements quant à la vision et aux objectifs à assigner au secteur, ainsi qu'aux stratégies et outils à mettre en Œuvre,

-Procéder à une analyse critique et enrichir les domaines d'opérationnalisation proposés pour la mise en Œuvre du minimum vital commun ainsi que le cadre logique de la politique sectorielle,

-Echanger sur l'inventaire des acteurs, les zones de complémentarités ainsi que les synergies à développer dans la mise en Œuvre de cette politique ;

-Formuler des recommandations appropriées pour cette mise en Œuvre.

Mesdames, messieurs,

Comme nous l'avons déjà fait à Kara en juillet dernier, nous voudrions réitérer notre appel à vous tous présents ici. Le défi pour nous tous, aujourd'hui, est de dépasser le rang de simples discours, ou de querelles d'influence, des risques de querelles possibles sur nos zones traditionnelles respectives d'opération. Il faut penser au sort de cers populations démunies pour lesquelles nous devons Œuvrer ; cela nous permettra d'aller plus loin dans notre démarche et prendre un engagement ensemble. L'engagement que nous attendons, en ce jour, devrait permettre à chacun d'entre nous d'orienter ses efforts, ses talents, ses capacités, son professionnalisme vers des actions concrètes visant à améliorer le bien être et la garantie à tous les citoyens d'accéder le plus rapidement possible à des droits fondamentaux de l'homme et arriver à découvrir ses droits ainsi que les besoins fondamentaux associés que sont : se

vêtir, se nourrir, se loger, s'instruire et que sais-je encore… mais pour rétablir la dignité humaine.

Le département en charge du développement à la base est conscient des enjeux des attentes des populations togolaises, je sais pouvoir compter sur le soutien et contribution de tous pour aider les communautés à la base à se prendre en charge et sortir durablement de la pauvreté.

Mesdames, messieurs,

Au-delà des perspectives de long terme, au minimum, notre action commune devrait, à l'issue de vos travaux, permettre de relever quatre défis de court terme :

1-Concentrer davantage les efforts au niveau local en appuyant le développement institutionnel et les relations institutionnelles entre les collectivités locales et les institutions communautaires, en accordant une attention spéciale à la prestation de services de base à destination des populations des plus vulnérables ;

2- Propulser de l'innovation dans la capacité des communautés à la base à devenir leaders et gestionnaires de leur propre développement par la propension croissante à la maîtrise de la planification et de la budgétisation des activités, de la gestion et du suivi de projets communautaires ou individuels avec pour objectif la promotion du bien-être et l'épanouissement des populations.

3- Conduire des activités pilotes qui vont s'intégrer parfaitement dans le cadre des politiques nationales et qui peuvent être répliquées à plus grande échelle en vue de réaliser un développement autogéré ;

4 Réaliser des infrastructures dans le cadre des projets de développement initiés par la base, par le biais de collectivités locales et communautaires qui agissent comme de véritables agents du changement en vue d'influer positivement sur la mise en Œuvre des politiques en  faveur des populations.

En attendant d'accéder aux résultats de vos délibérations, je nourris l'espoir que chacun de vous y mettre du sien pour enrichir le document de la lettre de la politique et d'orientations stratégiques qui vous est soumis, afin de nous permettre, à l'issue des riches débats que vous allez mener, de traduire en réalité cette politique du gouvernement en matière de développement à la base, apte à contribuer de manière efficace à la lutte qu'il a engagée contre la pauvreté sous toutes ses formes.

Que Dieu bénisse vos travaux !

Je vous remercie.

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