Politique

Fixer le cadre de la décentralisation avant les élections

Payadowa Boukpessi

Le grand chantier de la décentralisation est ouvert. Il s’achèvera par la tenue d’élections locales. Les autorités ont voulu mettre en place un exercice participatif en recueillant auprès des administrés leur point de vue.

‘Il est tout à fait normal de demander l’avis aux premiers intéressés, explique Payadowa Boukpessi, le ministre de l'Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, dans l’entretien qui suit.

Le projet de loi est actuellement examiné par les députés. Le vote du texte permettra de véritablement lancer le processus. 

Republicoftogo.com : Le Togo s’est récemment doté de 4 nouvelles préfectures, prélude à un vaste programme de décentralisation. Quelles sont les prochaines étapes ?

Payadowa Boukpessi : Les prochaines étapes, c’est la création de nouvelles communes par l’Assemblée nationale. Un projet de loi a été déposé et nous attendons le vote du Parlement pour ouvrir la voie d’autres étapes qui sont très importantes. 

Il s’agira de modifier la loi existante sur la décentralisation pour tenir compte des choix qui ont été opérés, il faudra également modifier les transferts de compétence pour les rendre plus simples et efficaces. Enfin, la population devra être informée le plus complètement possible sur les enjeux de la décentralisation, prélude à des élections locales.

L’idée est de créer une centaine de communes. Il faudra ensuite les doter d’infrastructures afin qu’elles puissent être administrées par des élus municipaux.

Concernant le scrutin, la Céni (Commission électorale nationale indépendante) devra établir des listes par communes avant de fixer une date pour une élection.

Republicoftogo.com : Quelle forme prendra cette communalisation ?

Payadowa Boukpessi : Notre constitution est claire. Il y a trois niveaux de communalisation. Il y a les communes, les préfectures animées par les conseillers préfectoraux et les régions animées par les élus régionaux. 

Nous allons sans doute démarrer par le 1er niveau, celle des communes et on verra bien comment les choses se passent avant de passer à l’étape suivante. Nous veillerons à éviter la discrimination entre les communes afin d’avoir un statut unique. C’est à dire, pas de commune d’arrondissement ou rurale. Tout le monde sera sur un pied d’égalité avec comme souci le respect de la continuité géographique. 

Les communes auront les moyens de s’auto-gérer. 

L’Etat donnera de l’argent pour les dépenses d’investissements (écoles, hôpitaux, routes, marchés etc…), mais ce seront les communes qui devront gérer leur personnel municipal, payer l’eau, l’électricité.

Cela implique que les communes soient capables de le faire, raison pour laquelle, nous avons décidé de regrouper les cantons. Les 387 ne sont pas tous viables, raison pour laquelle il a été décidé de les regrouper par 3, 4 ou 8 afin d’avoir un ensemble cohérent, viable et autonome.

BIS

Republicoftogo.com : Une partie de l’opposition réclame des élections locales avant la mise en œuvre de la décentralisation. Le gouvernement plaide pour une solution inverse ?

Payadowa Boukpessi : Je crois qu’il y a un malentendu sur cette question. La décentralisation, c’est elle qui conduit aux élections locales. La décentralisation crée les communes, transferts de compétences, l’aménagement des infrastructures avant le scrutin. 

Il faut bien que des communes soient créées avant d’organiser un scrutin. C’est la logique suivie par le gouvernement.

Republicoftogo.com : Etes-vous favorable à une concertation avant d’aller à une politique d’autonomie des régions ?

Payadowa Boukpessi : Naturellement. Avant d’établir la feuille de route de la décentralisation, nous avons regroupé les délégués de partis politiques. Plus d’une centaine ! On a estimé que la meilleure solution et la plus simple était que le débat se déroule à l’Assemblée nationale là où sont rassemblés les formations dont les représentants ont été élus par le peuple. C’est aussi un gage d’efficacité et de rapidité.

Republicoftogo.com : Il a été évoqué un exercice participatif afin de recueillir les avis  de la population. Où en est-on ?

Payadowa Boukpessi : Le processus se poursuit. Les discussions au Parlement sont le fruit des suggestions recueillies auprès de la population.

Republicoftogo.com : La décentralisation est-elle de nature à améliorer la vie des populations à la base et plus généralement des habitants ?

Payadowa Boukpessi : La réponse est oui et c’est toute la philosophie de la politique de décentralisation.

Les collectivités locales seront gérées par des élus locaux sous le contrôle de l’Etat.

Cette gestion locale va rendre plus efficace les choses car les élus seront proches de la population, ils vont pouvoir mieux définir les besoins. 

Parfois, 2 ou 3 feuilles de tôles froissées sur une école nécessite la procédure prend jusqu’à 6 mois pour les remplacer. Avec des élus locaux, les choses iront très vite. Voilà un bon exemple.

Republicoftogo.com : La décentralisation, c’est bien, encore faut-il que les fonctionnaires municipaux soient formés

Payadowa Boukpessi : Evidemment, on n’a justement un très gros programme de renforcement de capacité, cela se fera et ils seront formés. N’en doutez-pas.

Republicoftogo.com : L’Allemagne, la France et l’Union européenne encouragent la mise en œuvre de la décentralisation. Accueillez-vous favorablement cette assistance ?

Payadowa Boukpessi : Bien sûr, quelle question ? Nous attendons l’appui des uns et des autres. L’Allemagne a commencé en mettant à la disposition du Togo, des ressources pour faire face au lancement. L’UE a prévu un appui important. Il y en a d’autres comme la Francophonie, la BAD. Tous ceux qui veulent nous apporter une aide sont les bienvenus.

Republicoftogo.com : Le chef de l'état vient de lancer le PUDC Concrètement comment ce programme va-t-il se mettre en place dans les 2 prochaines années et quelles sont les premières zones concernées ?

Payadowa Boukpessi : Tous les secteurs sont couverts, les infrastructures, l’eau, l’électricité, la santé, l’éducation. 

En ce qui concerne les zones couvertes, il y a déjà une trentaine de préfectures sur 39 qui sera immédiatement concernée et tout le pays sera progressivement couvert. C’est un excellent programme pour le développement du pays.

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