Politique

Gilbert Fossoun Houngbo, "l'oiseau rare"

Le choix du président Faure Gnassingbé de nommer au poste de Premier ministre Gilbert Fossoun Houngbo, novice en politique mais rompu à la gestion financière, est un signal fort aux bailleurs de fonds qui ont renoué avec le Togo, selon des experts.

"M. Houngbo est un financier très compétent. C'est un bon choix en raison de la situation économique du pays", a estimé un responsable du bureau du Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud), à Lomé.Ayant été privé d'aide substantielle des bailleurs de fonds, notamment de l'Union européenne (UE) durant quinze années, l'économie togolaise est malade, la croissance économique est en berne par rapport aux voisins régionaux.

Négative entre 2001 et 2002, elle n'a pas atteint la barre des 2% entre 2004 et 2006, selon les principaux indicateurs macroéconomiques publiés en avril par l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).

Le secteur du phosphate, vital pour l'économie du pays (premier produit d'exportation avec 40% des recettes), est sinistré et la production a chuté de plus de moitié ces dix dernières années.

Peu connu des Togolais, M. Houngbo, 47 ans, qui a officiellement pris ses fonctions lundi, a dirigé le Pnud pour la région Afrique depuis décembre 2005.

Il a également été directeur de cabinet du Pnud ainsi que membre de l'équipe stratégique et directeur administratif et financier de cette agence onusienne.

Côté formation, il détient une maîtrise en Gestion des entreprises de l'Université de Lomé ainsi qu'un DESS en comptabilité et finance de l'Université de Trois Rivières, au Québec. Il est membre de l'Institut canadien des comptables certifiés.

Calme et rigoureux, M. Houngbo a déjoué tous les pronostics, car la plupart des Togolais, notamment militants et sympathisants du Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir) s'attendaient à la nomination d'une personnalité proche du pouvoir et habituée des affaires politiques pour conduire le parti à la présidentielle de 2010.

Cette nomination est "une manière de redonner confiance aux bailleurs de fonds et surtout de les rassurer, car le pays a fonctionné pendant plusieurs années dans un système de gestion financière archaïque", a commenté le responsable d'une institution financière internationale.

Après le retour en décembre de l'UE qui avait rompu ses relations avec le Togo en 1993 en raison d'un "déficit démocratique", la plupart des bailleurs, dont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), ont renoué avec Lomé suite aux efforts fournis par les autorités dans le domaine du respect des droits de l'homme.

"Le choix (du nouveau Premier ministre) n'est pas mauvais, vu la place qu'occupe cette personnalité dans une grande institution internationale. En tout cas, sa +carte de visite+ est bien remplie pour rassurer les bailleurs de fonds", a estimé pour sa part un diplomate en poste à Lomé.

Des journaux parus lundi ont loué les "compétences" de l'homme.

"Ceux qui l'ont connu attestent qu'il est un homme averti qui allie une philosophie du travail lucidement bien centrée sur les résultats à une forte intégrité personnelle", a écrit le journal Golfe Info.

Pour le Combat du peuple, M. Gnassingbé a finalement trouvé "l'oiseau rare", car le "temps des complaisances est révolu".

M. Houngbo succède à Komlan Mally qui a présenté vendredi sa démission au président Faure Gnassingbé. M. Mally, 48 ans, avait été nommé en décembre au lendemain des élections législatives remportées par le RPT qui avait obtenu 50 des 81 sièges du Parlement.

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