Politique

Hilaire Logo Dossouvi fait sa révolution

Le 5 octobre 1990 débute au Togo un mouvement de contestation estudiantin sans précédent, appuyé par les leaders de l'opposition radicale. Parmi les principaux animateurs de cette mini-révolution figure en bonne place Hilaire Logo Dossouvi, jeune meneur d'un groupe d'étudiants chargé de distribuer des tracts anti-Eyadema.

Leur arrestation puis leur procès entrainent des mouvements de rue ; une première dans le pays.Hilaire quitte le Togo pour se réfugier Canada d'où il mène une campagne acharnée contre le pouvoir en place.

Presque vingt ans après ces évènements, Hilaire Dossouvi Logo s'est assagi et se veut pragmatique.

L'homme qui tirait jadis à boulet rouge sur le régime RPT note que des progrès ont été accomplis depuis l'arrivée au pouvoir du président Faure Gnassingbé.

Ce réalisme lui vaut d'ailleurs aujourd'hui des critiques acerbes de ses anciens camarades, mais pour de nombreux togolais, Hilaire reste le symbole de la lutte pour les libertés au Togo.

Republicoftogo.com : Que recherchiez-vous à travers le mouvement du 5 octobre ?

Logo Dossouvi :

Nous recherchions fondamentalement plus de liberté, plus de démocratie. Nous avions décidé de dire non à la dictature et à l'autoritarisme. Cette lutte nous l'avons mené avec beaucoup de courage et de détermination et nous ne regrettons pas de l'avoir engagée. Cette journée représente pour moi une triste journée qui a engendré des pertes en vies humaines, mais c'est aussi une journée d'espoir qui a    permis d'enclencher un processus de promotion de la liberté d'expression et d'action du peuple.

Republicoftogo.com : 19 ans, quel regard vous portez sur la situation sociopolitique du Togo, est-ce que les buts que vous visiez à travers votre lutte ont été atteints ?

Logo Dossouvi :

Ce que je vais vous dire me vaut déjà de l'eau chaude sur la tête, mais c'est une position que j'assume.

La démocratie n'est pas un état, c'est un processus. Depuis mon retour d'exil y a un an et demi, j'observe avec satisfaction que la démocratie marque des pas en avant dans notre pays.

Aujourd'hui, nous avons les libertés individuelles que nous recherchions, la liberté d'expression qui est réelle, la liberté d'organisation est aussi effective, j'en veux pour preuve notre manifestation de samedi dernier où les jeunes ont pris la parole et la marche de l'opposition de la semaine dernière concernant les dissensions à la CENI.

Les organisations de défense des droits de l'homme agissent réellement sur le terrain. Le RPT est certes au pouvoir, mais nous disposons aussi d'une Assemblée plurielle où les élus font des lois. La Cour des comptes est mise en place, la justice est en train d'être réformée, les leaders de l'opposition se déplacent protégés par la sécurité togolaise, Agboyibo a été premier ministre sous Faure, etc…

Je dis simplement que beaucoup de choses ont changé, ne pas le reconnaître, c'est faire preuve de malhonnêteté. C'était tout cela que nous recherchions à travers nos manifestations de 90. C'est ma conviction quelles que soient les critiques que cela me vaut et je pense que l'histoire appréciera.

Republicoftogo.com : Vous choisissez donc de soutenir la candidature de Faure pour 2010 ?

Logo Dossouvi :

Il y a eu plusieurs candidats déclarés que je connais bien comme Agboyibo et Agboyomé parce que nous sommes de la même localité. Je connais aussi Gilchrist Olympio, je les ai vu gérer leur parti et je sais ce qui se passe dans les états majors de ces formations et depuis peu de temps ; j'ai vu le Président Faure à l'Œuvre et en toute âme et conscience, je décide de soutenir Faure parce que je le trouve pragmatiste et réaliste.

Je lui souhaite bonne chance pour qu'il gagne en 2010 et qu'il prouve que ce qui se fait ailleurs peut se faire valablement au Togo en terme de démocratie, de promotion des droits de l'homme et de développement.

Je n'ai plus besoin d'attendre l'instruction de qui que ce soit pour choisir ma position. Icône ou pas icône, je pense que je suis en train de poser un acte d'envergure nationale. Ce n'est pas parce que tel leader est mon frère que je vais le suivre sans réfléchir, et ce n'est non plus parce que j'ai été torturé sous Eyadema que je ne vais pas soutenir Faure s'il pose des actes responsables et bénéfiques à la nation.

Pour que ce site Web fonctionne correctement et pour améliorer votre expérience d'utilisateur, nous utilisons des cookies. Retrouvez plus d'informations dans notre Gestion des cookies.

  • Les cookies nécessaires activent les fonctionnalités de base. Le site Web ne peut pas fonctionner correctement sans ces cookies et ne peut être désactivé qu'en modifiant les préférences de votre navigateur.