Politique

La responsabilité morale de l’armée

Le chef d’Etat major des FAT (Forces armées togolaises), le général Mohamed Atcha Titikpina, a ouvert lundi à Lomé la 3e session du Conseil supérieur de la fonction militaire. Ce forum, initié en 2008 par le chef de l’Etat et qui se réunit deux fois par an, se veut un lieu d’échange sur le métier de soldat et sur le fonctionnement de l’institution. C’est aussi l’occasion de parler du rôle de l’armée en démocratie.

« (…) bien qu'enracinée au coeur de la société togolaise, la communauté militaire a des valeurs identitaires fortes et des modes de fonctionnement spécifiques », a rappelé le général Titikpina, en soulignant que les militaires avaient « une conscience aiguë de leur responsabilité morale vis-à-vis de la Nation ».

Depuis 2005, le rôle et l’image de l’armée ont changé au Togo. La grande muette s’est rapprochée de la population, notamment par le biais d’actions humanitaires. Son prestige s’est également renforcé avec son engagement international sur différentes théâtres d’opération comme en Côte d’Ivoire et au Darfour.

Voici le discours du chef d'Etat major des FAT

C'est un plaisir particulier qui m'anime et un insigne honneur qu'il m'échoit aujourd'hui de présider avec la permission de son Excellence Monsieur le président de la République, chef des armées, la troisième session du conseil supérieur de la fonction militaire. Rappelons que le rythme règlementaire est de deux sessions par an, rythme que nous n'avons pas pu tenir cette année pour des raisons indépendantes de notre volonté. 

L'instauration du conseil supérieur de la fonction militaire en janvier 2008, s'inscrit dans le cadre de la modernisation des forces armées togolaises, modernisation instruite et voulue par le président de la République, chef des armées et président statutaire de ce conseil. Je tiens ici à vous exprimer en son nom ses remerciements et son regret de ne pouvoir présider personnellement cette troisième session compte tenu d'un emploi de temps plus que chargé. Cette institution, vous le savez est originale à plus d'un titre. 

Elle l'est d'abord par sa mission puisque les principes fondamentaux régissant l'état militaire imposent une forme particulière de dialogue social complémentaire du rôle propre du chef. Elle l'est ensuite parce que bien qu'enracinée au coeur de la société togolaise, la communauté militaire a des valeurs identitaires fortes et des modes de fonctionnement spécifique. Elle l'est enfin parce que le métier militaire est par nature un métier extraordinaire au sens propre du terme. Le droit dans certaines circonstances d'utiliser la force et en dernier recours de donner la mort, mais aussi le risque toujours présent d'en recevoir en toute instance de la mission, résume l'exceptionnelle gravité du métier des armes. Ces réalités fondamentales façonnent en profondeur l'identité du militaire, qu'il soit soldat, marin, aviateur, gendarme ou issu des services.

Ayant choisi un métier exigent à tout point de vue, le militaire a nécessairement une conscience aiguë de sa responsabilité morale vis-à-vis de la nation. Il accepte des situations peu communes et de lourdes contraintes, notamment une disponibilité élevée, contraintes qui pèsent également sur ses proches. Au sein de l'institution militaire, la valeur absolue accordée au service doit constituer un motif de fierté légitime. Notre société, parfois guettée par la tentation de l'individualisme a besoin des références collectives portées par la communauté militaire. C'est pourquoi, j'invite ses membres à s'impliquer toujours davantage dans la vie sociale de leurs garnisons ou de leurs lieux de résidence. C'est une manière efficace de conforter l'indispensable lien entre la nation et son armée. Le statut général des militaires adopté en mars 2007, précisent bien l'équilibre qu'il convient de réaliser pour conjuguer l'efficacité de notre défense avec l'épanouissement des femmes et des hommes qui l'incarnent.

Ce statut réaffirme avec force, ce qui fait à la fois la spécificité et l'honneur de l'état militaire; à savoir l'esprit de sacrifice, de discipline, de disponibilité, de loyauté et de neutralité. Ceux sont les cinq principes fondamentaux sur lesquels est bâti l'édifice entier définissant les droits et les devoirs du militaire. Prévu par le statut général des militaires, le conseil supérieur de la fonction militaire est le cadre par lequel sont examinées les questions de la fonction militaire. Il est notamment consulté sur des projets de textes d'application de ce statut. A cet effet, le conseil supérieur de la fonction militaire est un lieu de débats, de discussions et de concertation. Ce lieu doit être pour nous un lieu où nous puissions échanger sur la condition militaire et la vie du personnel. C'est une volonté affichée du président de la République de faire participer les différentes catégories du personnel, aux travaux menant aux décisions les concernant. C'est un peu pour nous, toute mesure gardée, l'équivalent du cadre du dialogue social du monde civile avec le gouvernement.

 Pas de démagogie, ni de complaisance 

Messieurs les membres du conseil supérieur de la fonction militaire, consolidé par le statut, votre conseil est la clé de voûte d'un système complet de consultation et de concertation qui porte un regard global sur la condition et la fonction militaire et favorise l'échange de l'information entre la base et le sommet. Ses avis sont écoutés avec la plus grande attention par la haute hiérarchie.  Cette année, le thème principal que vous avez choisi est l'amélioration des conditions de vie du militaire. A ce propos, avant d'ouvrir les débats en plénière, des exposés vous seront donnés à chaque fois dans les sous rubriques de la santé, du logement et autres mesures financières afin de vous éclairer sur les actions réalisées et à venir. Votre implication dans les travaux du conseil supérieur de la fonction militaire qui dureront trois jours est requise, puisque c'est ici que l'on peut le mieux discuter des textes de façon à faire en sorte que tous ceux qui sont concernés se les approprient et fassent des propositions concrètes et raisonnables. N'oublions pas que les FAT font partie intégrantes de la nation togolaise  et qu'à ce titre, nous devons tenir compte de tous les paramètres. Le Togo vient de sortir d'une longue crise politique et économique. Le gouvernement s'organise à présent à répondre aux nombreuses sollicitations de tous les togolais. 

ll nous faudrait donc de la modestie et de la patience dans notre souci du mieux être. Je sais que vous êtes bien outillés par la formation spécifique qui vous avait été délivrée depuis la première session en 2008 dans les domaines juridiques, administratifs et en communication. Cette formation est un préalable essentiel pour vous permettre d'exercer sereinement vos fonctions.

Vous connaissez bien aussi le règlement du conseil supérieur de la fonction militaire qui définit vos droits et devoirs en tant que membres du conseil. Par ailleurs, conformément aux textes, la moitié des membres sera renouvelée par arrêté ministériel sur proposition du conseil dans les jours à venir.

Et pour terminer je voudrais saluer l'engagement de chacune et de chacun d'entre vous. Votre rôle est délicat, je le sais très bien, car vous devez être tout à la fois les représentants de vos camarades et les interlocuteurs crédibles de l'Etat major et des services sans jamais céder à la démagogie ou à la complaisance. Il vous faudra donc conserver sur tous les sujets, le sens de l'intérêt général.

En vous exprimant de tout coeur mon estime et ma confiance, je déclare ouverte la troisième session du conseil supérieur de la fonction militaire et je vous souhaite plein succès à vos travaux.

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