Politique

« Le Togo brillera dans le concert des nations »

Le président de l’Union des Forces de Changement (UFC, opposition), Gilchrist Olympio, a adressé vendredi un message de fin d’année à ses militants et sympathisants dans lequel il explique les raisons pour lesquelles il a accepté de conclure un accord de gouvernement avec le RPT.
« (…) c’est convaincus de l’inévitabilité du chemin que nous prenons aujourd’hui, à cause des contraintes que nous héritons de notre histoire, et lucides sur les risques auxquels cette démarche nous expose personnellement, que nous sommes prêts, comme de par le passé, à faire les sacrifices nécessaires pour redonner une chance au Togo d’avancer vers un lendemain plus prospère », peut-on lire dans le message.
Gilchrist Olympio juge satisfaisante cette collaboration : « Les six premiers mois de travail au sein de ce Gouvernement de Collaboration sont prometteurs, même si tout reste à faire (…) Nos discussions sur l’avancement des grands dossiers du pays sont franches et nos échanges toujours courtois. Les questions les plus difficiles sont abordées dans une atmosphère de respect mutuel », souligne le président de l’UFC.
M. Olympio reconnaît volontiers que les résultats obtenus n’auraient pas été possibles « sans l’action et le courage d’hommes et de femmes œuvrant à un dialogue modéré et constructif au sein du RPT ».
Voici le message de Gilchrist Olympio
Mes chers compatriotes,
Je voudrais, en la solennité de ce premier jour de la nouvelle année 2011, m’adresser à vous pour vous souhaiter une bonne et heureuse année de paix, et pour partager avec vous mon espoir qu’un renouveau démocratique réel prenne racine progressivement sur la terre de nos aïeux.
L’année 2010, année charnière de notre histoire, a été pleine de symboles, d’émotions, et de bouleversements difficiles pour notre pays.
Nous retiendrons bien sur, les souffrances endurées par les victimes du fléau dévastant des inondations urbaines qu’a une fois encore connu le Togo cette année. L’histoire s’arrêtera bien entendu sur 2010 comme l’année ou notre jeune nation a marqué, avec plusieurs de ses pays frères, son 50eme anniversaire en commémorant l’élan national né de son indépendance. Et nous retiendrons enfin dans les annales de 2010 la clôture de notre premier cinquantenaire par la tenue de cette élection présidentielle tant attendue par tous, pour l’espoir d’alternance qu’elle portait en elle.
Notre désir commun de voir le Togo vivre une complète renaissance politique et l’émergence d’un système pluraliste et démocratique n’a pas vu jour en cette année charnière. Mais si cet espoir légitime a été une fois encore frustré par une réalité politique toujours grippée par les chaines de notre histoire douloureuse, nous avons pour la première fois évité les violences indiscriminées qui ont jadis rendu impensable la voie du dialogue et de la négociation.
Mais je ne m’attarderai pas d’avantage aujourd’hui sur notre passé. Je veux au contraire prendre cette occasion spéciale pour vous parler de notre avenir.
Je commencerai tout d’abord par ma perspective sur notre avenir immédiat. Comme vous le savez, au sortir de la présidentielle 2010, nous avons fait le constat difficile que nous devions changer notre approche à la recherche du changement au Togo. Après une longue période de réflexion, de consultations, et de négociations, l’Union des Forces de Changement a donc pris la décision de signer avec le RPT un accord de gouvernement pour fixer le cadre politique et constitutionnel nécessaire à la participation de l’UFC et de la Société Civile à un Gouvernement de Réconciliation Nationale et de Relance. Cette décision a été difficile. Le cadre de l’accord n’est pas parfait bien sur. Et nous sommes conscients que tout programme de collaboration qui suit une longue période de souffrance et de lutte ne peut faire l’unanimité, et expose ses acteurs à la verve des radicaux de chaque bord.
Mais c’est convaincus de l’inévitabilité du chemin que nous prenons aujourd’hui, à cause des contraintes que nous héritons de notre histoire, et lucides sur les risques auxquels cette démarche nous expose personnellement, que nous sommes prêts, comme de par le passé, à faire les sacrifices nécessaires pour redonner une chance au Togo d’avancer vers un lendemain plus prospère. Aussi nous appelons une fois encore tout nos compatriotes à nous rejoindre dans la recherche d’une réconciliation nationale, seule garante d’une paix durable en vue de notre développement. Le plus grand risque pour le Togo en 2010, aurait été que sa classe politique s’enfonce à jamais dans les plaies de l’histoire de son premier cinquantenaire.
Aujourd’hui, il nous paraît primordial de commencer à mettre en œuvre notre action, même restreinte, partielle et limitée, dans le cadre imparfait d’une collaboration avec l’ancien parti unique. C’est ce changement que nous avons engagé en 2010, après la signature, le 26 Mai, de l’accord UFC-RPT.
Les six premiers mois de travail au sein de ce Gouvernement de Collaboration sont prometteurs, même si tout reste à faire. L’action collective du groupe minoritaire UFC commence à faire avancer certains dossiers clés qui devraient rapidement améliorer le quotidien de nos citoyens. Sous ma présidence, l’instance de suivi de notre accord se réunit régulièrement. Nos discussions sur l’avancement des grands dossiers du pays sont franches et nos échanges toujours courtois. Les questions les plus difficiles sont abordées dans une atmosphère de respect mutuel. Et sur les dossiers les plus importants, plusieurs avancées sont à noter.
Sur le plan économique, l’accord UFC-RPT et l’offensive diplomatique qui l’a suivi ont ouvert de nouvelles perspectives concrètes, en raison du support immédiat que la communauté internationale et les partenaires étrangers du Togo ont apportés après avoir salué unanimement cet accord de sortie de crise. C’est en effet avec grand plaisir que nous avons obtenu l’effacement de 82% de la dette extérieure du Togo, soit 900 milliards de Francs CFA. Cette réduction drastique de nos obligations externes a considérablement amélioré la situation financière du pays, libérant le nouveau gouvernement du fardeau de la dette accumulée par les administrations précédentes.
Sur le plan du développement urbain (l’habitat, les infrastructures routières, l’assainissement public), plusieurs avancées méritent mention. Nous avons obtenu le financement nécessaire à l’établissement de cartes satellitaires numériques, couvrant un tiers du territoire national, et pour l’établissement de la carte hypsométrique complète de la ville de Lomé, devant permettre un meilleur contrôle des zones inondables. Celle-ci est maintenant complète. Par ailleurs, le code de l’urbanisme et de la construction, et le projet de loi régissant la promotion immobilière viennent d’être élaborés et ont étés soumis au Gouvernement. Le Togo a aussi reçu, pour la première fois depuis 1967, un apport financier considérable de ses partenaires étrangers pour la réfection et la modernisation de nos infrastructures de transport (routes, ponts etc.) afin de redonner un nouveau départ à son économie.
Sur le plan de l’enseignement technique et de l’enseignement supérieur, nous soulignons un contrat très important pour l’ouverture de huit nouveaux collèges techniques dans le pays, et dont le financement est acquis en partenariat avec le gouvernement Autrichien. Nous soulignons aussi la reprise des activités pédagogiques de l’Ecole Normale Supérieure d’Atakpamé, et un début d’expansion des infrastructures académiques de l’Université de Lomé.
Sur le plan constitutionnel, nos discussions sur les amendements nécessaires à la constitution avancent. Elles portent, entre autres, sur les problèmes clés du mode de scrutin, du cadre institutionnel des élections, et du mandat présidentiel. Nous avons espoir que la majorité présidentielle et les partis d’opposition arriverons a un compromis a même d’assurer les bases d’une démocratie durable. Le recensement de la population et de l’habitat, premier recensement effectué au Togo depuis 1981, a enfin été complété en bonne et due forme, nous donnant enfin les outils nécessaires à assurer des élections représentatives et justes. Par ailleurs, un projet de loi devant mener à l’élection des maires et autres responsables locaux est un des nombreux chantiers en travail pour doter le Togo d’une démocratie représentative.
Sur le plan des droits de l’homme, malgré de nombreux échanges verbaux et écrits avec le Chef de l’Etat et le Chef du Gouvernement, les réclamations de l’UFC concernant notre souci de protéger le droit de manifestations et d’expression populaire n’ont pas avancées à hauteur de nos espérances. Mais nous continuons à insister sur la défense de ces droits, et sur les principes fondamentaux de liberté d’expression, que nous savons partager avec le peuple Togolais.
Enfin, le budget national 2011. Celui a fait l’objet d’un travail consensuel et rigoureux, et le résultat inclut des propositions neuves et régénératrices. Ce budget 2011 comprend par exemple une allocation spéciale pour la réduction du chômage et la relance de l’emploi des jeunes, diplômés ou non ; des mesures de lutte contre la corruption et les fraudes administratives : et un programme de dotation pour accélérer le développement du secteur agricole. Après les négociations qui lui ont donné forme, cette loi de finance 2011 a été voté et adopté à l’unanimité par les députés de l’UFC, du CAR et du RPT.
Nous devons bien sur avoir la sagesse de reconnaître que ces résultats n’auraient pas étés obtenus sans l’action et le courage d’hommes et de femmes œuvrant à un dialogue modéré et constructif au sein du RPT. Nous saluons par exemple le travail considérable accompli par le Ministre des Finances et par toute son équipe, afin d’assurer avec rigueur une conformité des comptes de l’état aux règles internationales établies pour rendre possible la réduction de la dette extérieure du Togo. Plusieurs autres membres du gouvernement aujourd’hui toujours dominé par le RPT ont su dépasser les rigidités existantes pour commencer à travailler avec une nouvelle équipe, afin d’assurer que le processus en cours n’avorte pas.
Les quelques grandes lignes ci-dessus ne représentent qu’un bilan partiel, et ce discours ne se prêterait pas à un long exposé sur les progrès de chaque dossier en cours ministères par ministères. Mais nous sommes heureux de pouvoir affirmer que nous avançons, sur certains points à grands pas, sur d’autres à petits pas. Nous restons prudents mais résolus. Nous savons que les avancées du projet démocratique seront lentes, gagnées une à une, de façon progressive. Mais l’histoire est écrite par ceux qui la jalonnent de faits concrets. Et c’est avec le recul de notre propre expérience que nous voulons aujourd’hui privilégier l’obtention de résultats concrets, à portée de main, plutôt que l’obtention d’une page blanche ou nous pourrions écrire un programme d’action entièrement libéré des bagages de la situation existante…
Nous pouvons décider d’attendre encore une génération dans l’espoir qu’un miracle transforme notre société grippée. Ou, nous pouvons agir aujourd’hui à la rebâtir, pierre par pierre, avec l’abnégation et la patience confiante du bâtisseur, qui connaît la durée incertaine du chantier mais qui ne doute pas de la destination que l’histoire réserve aux hommes dignes et libres, prêts à commencer chaque jour un nouveau voyage. J’ai pleinement conscience que ce message est difficile à accepter pour certains de nos partisans, mais je sais aussi qu’ils sauront en accepter l’inévitabilité et la sagesse. Nos objectifs doivent être jugés à la lumière des objectifs du peuple que nous voulons servir. La finalité ultime du peuple togolais est sa liberté et sa prospérité économique.
Je voudrais enfin finir avec le plus important : notre Futur a plus long terme. Parce que c’est au regard de ce futur, que nos actes d’aujourd’hui seront jugés.
Alors que notre premier demi-siècle de vie et de conscience nationale arrive à son terme, un nouveau cinquantenaire s’ouvre devant nous. 2011 sera la première année de ce deuxième demi-siècle de vie. Ce canevas, lui, est vide et reste entièrement à remplir. Ce futur n’a comme limites que les limites de notre imagination et de notre confiance collective. Imaginez donc une nouvelle nation, pleine de rêves et de possibilités. Imaginez l’élan et l’anticipation qui animaient nos ainés au lendemain de l’indépendance, et regardons le futur avec le sourire aux lèvres. Nous sommes pauvres, mais bouillonnants d’idées, plein d’espoir et de confiance. Imaginez ce que pourraient devenir les rêves qui vivent dans les esprits de nos élèves, de nos étudiants, de nos entrepreneurs, et de nos mères de famille. Mes chers compatriotes, n’expliquons plus notre présent et un inévitable futur médiocre par notre histoire. Ce serait tricher nos petits-enfants. Croyons en nous et nous pourrons à nouveau être cette nation, radieuse et les yeux tournées vers l’avenir !
Prenons ensemble nos 50 prochaines années à pleines dents. Rayonnons à nouveau comme un pays donnant à ses voisins et au monde qui l’entoure un exemple africain de progrès et de croissance économique, un centre financier, économique et culturel où bat le cœur du meilleur que notre continent a à offrir. Rien ne nous condamne à voir nos enfants revivre les parties les plus noires de notre histoire. La prison la plus facile à échapper est celle de l’esprit, celle des barrières mentales nées de traumatismes passés. Voici donc mes frères, mes sœurs, mes fils et filles, mon message pour la nouvelle année 2011.
Je remercie le seigneur de m’avoir donné jusqu’ici une vie si longue et si remplie. J’ai eu l’honneur et le privilège de lutter aux côtés de mes concitoyens pour faire reculer l’intolérance, l’injustice et l’arbitraire, et je continuerai à défendre nos idéaux communs aussi longtemps que ma vie et ma santé me le permettront. Mais au soir de ma vie, je vois se dessiner pour notre pays une nouvelle époque. Et alors que je vois la nation Togolaise passer d’une enfance tumultueuse à un nouvel âge, je ne peux que m’émerveiller sur son « futur possible » et m’atteler à recharger ses fils et filles de l’énergie créatrice qui avait donné à nos aînés l’élan générateur et industrieux des années 60. Bien sûr, je ne serai plus parmi vous quand il sera l’heure de dresser le bilan de notre prochain cinquantenaire de souveraineté, mais je sais aujourd’hui au fin fond de mon cœur, que le Togo brillera dans le concert des nations.
Cette conviction vient de ce que je vois quand je vous regarde, quand je te regarde toi togolais. Reprends confiance en qui tu es, en toutes ces qualités jadis admirées par tous ceux qui te rencontraient : ton éthique et ta rigueur de travail, ton esprit entreprenant et commerçant, ton industrieuse qualité d’artisans, ton intégrité et ta sagesse.
Togolaises, Togolais,
Que cette nouvelle année soit pour chacun de vous et pour notre Nation une année de renouveau, de prise de conscience en un futur éclairé, et de mise en action des germes d’un nouveau cinquantenaire Togolais.
Ablodé ! Ablodé ! Ablodé Gbadja !
Gilchrist Olympio 


Président National de l’Union des Forces de Changement (UFC)

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