Politique

Le changement s'observe dans la rue

La politique de réconciliation prônée par les nouvelles autorités togolaises a trouvé un allié inattendu, la toponymie: deux grandes rues de Lomé portent depuis quelques mois le nom de Sylvanus Olympio, premier président du Togo assassiné le 13 janvier 1963 lors d'un coup d'Etat. "C'est une décision salutaire du gouvernement, car Sylvanus Olympio fut un grand homme qui a marqué l'histoire de notre pays", se réjouit Hortense Kokoué, responsable d'une association féminine.

Durant toute cette période, le nom du "Père de l'indépendance" a été jeté aux oubliettes de l'histoire: aucun édifice, aucune rue, aucune place publique n'honore sa mémoire. Son nom était carrément tabou.Son fils Gilchrist, qui vit en exil en France depuis 1999, n'a cessé de combattre le régime d'Eyadéma.

A Lomé le Général Eyadéma était jusqu'à présent la seule "vedette": "boulevard Eyadéma", "camp Gnassingbé Eyadéma", "aéroport général Gnassingbé Eyadéma".

On peut pratiquement lire tous les évènements et étapes de sa vie sur un plan de la capitale: boulevard du 13 Janvier (1967, date de sa prise de pouvoir), Hôtel du 2 février (1974: date de son retour à Lomé après un accident d'avion à Sarakawa, au nord), Avenue de la libération (liée au 24 janvier 1974, date de l'accident d'avion), Hôtel Sarakawa etc...

Deux ans après le décès de son père, Faure Gnassingbé, qui est arrivé au pouvoir lors de la présidentielle contestée d'avril 2005, prône la réconciliation et a décidé d'honorer tous les anciens présidents, à commencer par Sylvanus Olympio, mais aussi d'autres personnalités ayant marqué l'histoire du Togo.

Ainsi, huit rues et places publiques ont été rebaptisées aux noms d'anciens présidents sur les recommandations d'une commission nationale créé par Faure (comme l'appellent souvent les Togolais) et présidée par l'archevêque émérite de Lomé Mgr Robert Dosseh-Anyron.

La "rue du commerce" et la "rue des lacs" au centre ville s'appellent désormais "Avenue Sylvanus Olympio", tandis que "Fréau jardin", une célèbre place publique de la capitale, porte maintenant le nom d'un ancien ministre, Anani Santos.

L'ancien président Kleber Dadjo, ainsi que deux anciens ministres, Ben Apalo et Mama Fousséni, ont eu eux aussi droit à une plaque à leur nom.

"Ce sont des actes significatifs et de grande portée visant à réconcilier les togolais. Car il est temps d'oublier le passé et de penser à la reconstruction du pays", estime un responsable du Parti pour la démocratie (PDR, opposition).

"Nous sommes dans une nouvelle dynamique et tous les Togolais ont intérêt à nous accompagner", affirme de son côté un ministre issu du Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir).

Par ailleurs, des statues seront érigés à l'effigie de tous les anciens présidents et leurs noms également attribués à des écoles, des hôpitaux et des édifices public.

Des distinctions honorifiques seront également décernées aux personnalités qui n'en ont pas encore ou qui n'en auraient pas eu de leur vivant.

"Un grand pas a été franchi ces derniers mois grâce à certaines décisions, car la résolution de la crise togolaise passe nécessairement par l'apaisement des esprit et la tolérance", estime un diplomate.

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