Politique

Les vérités de Kouloun N’ma Bilizim

Il a souvent été cité dans les violences qui ont secoué la ville d’Atakpamé en avril 2005. De nature réservé, le major KoulounNma Bilizim a toujours préféré garder le silence et ne pas répondre aux accusations.

Lors de son passage mardi devant la Commission « Vérité, justice et réconciliation », il a décidé de parler pour livrer sa version des faits, sa vérité.

DECLARATION  PERSONNELLE

La distribution des cartes d’électeurs s’est déroulée du 28 mars au 5 avril 2005. Du 25 au 29 mars 2005, j’étais en mission dans le Nord du Pays. A mon retour, ont m’a signalé des échauffourées entre délégués des partis politiques dans les bureaux de vote. Suivant le compte rendu de mes collègues militants, les jeunes de l’opposition s’en prenaient à ceux du parti RPT dans les bureaux de vote. 

Pour m’assurer de la véracité de ces allégations, je me suis rendu au bureau de Monsieur AMOUZOU  Midodji, Préfet de l’Ogou d’alors, qui me confirma qu’il y avait effectivement eu des échauffourées entre délégués des partis politiques d’opposition et ceux du parti au pouvoir. Il me fit savoir qu’il avait déjà pris des dispositions pour calmer les esprits. Au nom de mon parti, je l’ai remercié pour cette initiative et lui ai suggéré une rencontre entre les responsables du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) et nos frères de la coalition de l’Opposition.

Monsieur le Préfet de l’Ogou convoqua donc, le 31 mars 2005 les responsables des partis politiques : quatre (4) du RPT et six (6) de la coalition de l’opposition étaient présents.

 Après les salutations d’usage, Monsieur le Préfet de l’Ogou nous a demandé de nous présenter. A la fin de cette présentation, l’un des représentants de la coalition de l’opposition demanda à Monsieur le Préfet de l’Ogou de se présenter lui aussi. Monsieur le Préfet de l’Ogou très peiné par cette requête se présenta tout de même. Puis, un deuxième représentant de la coalition de l’opposition lui demanda de dire sa sensibilité politique et à un autre de la coalition d’enchaîner pour répondre que Monsieur le Préfet de l’Ogou est du RPT. Monsieur le Préfet de l’Ogou leur a fait comprendre que quelle que soit sa sensibilité politique, il est au dessus de la mêlée. L’ordre revint et la réunion commença.

Un membre de la coalition de l’opposition a voulu savoir qui étaient les auteurs des violences constatées dans les bureaux de votes ? Monsieur le Préfet répondit que suite aux plaintes et aux informations reçues, il ressort que les provocations émanaient des militants de la coalition de l’opposition et ajouta que c’est dans le soucis de ramener la sérénité et la confiance mutuelle que la présente réunion a été convoquée.

A cette réponse de Monsieur le Préfet de l’Ogou, un autre membre de la coalition rétorquait que pour leur part, ils ont reçu des plaintes de leurs militants disant que ce sont les militants du RPT qui les provoquent. A cela, je répondis en leur disant  qu’ils auraient pu eux aussi déposer leurs plaintes auprès de Monsieur le Préfet. Les représentants de la coalition de l’opposition ont trouvé que je n’avais pas le droit de faire cette remarque et c’est ainsi que la réunion s’est achevée en queue de poisson

Le lendemain, ils ont envoyé à Monsieur le Préfet de l’Ogou une lettre de protestation et de condamnation dans laquelle ils exigeaient que je leur présente des excuses. (Ci-joint, la copie de la correspondance qu’ils ont adressé à Monsieur le Préfet de l’Ogou : voir annexe 1).

Après l’incident et suite à mon refus de leur présenter mes excuses car j’ignorais ma faute, ils ont contacté certains de leurs jeunes qui ont adressé une correspondance aux autorités traditionnelles demandant le départ de la préfecture de certains leaders du RPT, avec en tête moi-même. (Ci-joint, la copie de cette correspondance des jeunes de l’opposition aux autorités traditionnelles : voir annexe 2).

Pour éviter le pire, Monsieur le Préfet de l’Ogou a initié une concertation entre les responsables locaux des partis politiques, les Chefs cantons et de communautés, les Chefs traditionnels et les responsables de la Force Spéciale pour l’Election Présidentielle 2005 (FOSEP 2005).

Cette concertation a donné lieu à la signature le 13 avril 2005, en présence de l’ex Premier Ministre Koffi SAMA qui était en tournée de campagne dans la préfecture de l’Ogou, d’un protocole d’accord de non violence avant, pendant et après l’élection présidentielle. Ce protocole d’accord stipulait en substance que les problèmes de sécurité seront gérés par un comité paritaire mixte comprenant deux  (2) membres de la majorité et deux (2) membres de la coalition de l’opposition.    (Ci-joint en annexe 3 la copie du texte du protocole d’accord).

Le 23 avril 2005, veille du scrutin, une seconde rencontre a été initié par Monsieur le Préfet de l’Ogou en vue de l’évaluation de la mise en application du protocole d’accord signé le 13 avril 2005 et des dernières dispositions. A cette rencontre, pour éviter des incidents, un membre de la majorité a proposé que le jour du scrutin, chaque électeur après son vote regagne son domicile. La coalition de l’opposition rejeta catégoriquement cette idée alors que Monsieur le Préfet de l’Ogou appuyait cette proposition qu’il a qualifiée de salutaire. Malgré les efforts du représentant du pouvoir central pour convaincre de la pertinence de cette proposition, la coalition de l’opposition a maintenu son refus catégorique.

A la fin de cette dernière rencontre, Monsieur le Préfet de l’Ogou a dit aux responsables de la coalition « Comme le RPT a accepté les dispositions intermédiaires et vous, vous les avez refusé, vous serez responsables de tout ce qui adviendra par la faute de vos militants ». C’est sur cette mise en garde de Monsieur le Préfet de l’Ogou que la réunion a pris fin aux environs de 22 heures.

Le 24 avril 2005, jour du scrutin, tout se passait bien quant aux environs de  09 heures, des plaintes nous venaient de partout de la part de nos militants. Plusieurs observateurs sont pris à témoin. Au même moment, j’ai été convoqué dans le bureau de Monsieur le Préfet par les observateurs. Je m’étais fait accompagner de Monsieur Poulougamdam, paix à son âme, Délégué Préfectoral de la JRPT et d’un conseiller du RPT Monsieur PALANGA Dadja. Là, les observateurs nous avaient demandé de gardé le calme en évitant de répondre aux provocations des militants de l’opposition en vus de sauvegarder le bon déroulement du scrutin.

Quelques temps après, les plaintes nous sont parvenues que nos militants étaient encore attaqués de partout. Certains, quoique membres de Bureau de Vote étaient systématiquement renvoyés de leurs postes, d’autres se sont vue déchirés la carte d’électeur ; pire encore, des blessés et des morts nous furent signalés. Devant cette situation, notre militant TABO Komi, membre du comité de gestion des rumeurs a saisi par voie téléphonique le Président de la coalition de l’opposition, Monsieur ADJIBA Kossi Atchossin, paix à son âme, pour qu’il puisse contacter ses militants en vue de calmer les tensions. Celui-ci répondit par la négative en ajoutant que c’était réciproque ; alors que c’étaient nos militants qui subissaient.

C’était la panique à travers toute la ville. Nous avons passé une nuit blanche. La même nuit du 24 avril 2005, j’ai pris contact avec le responsable de la FOSEP 2005 en la personne du Capitaine PAKA et ses collègues pour chercher à savoir pourquoi ils n’intervenaient pas pour ramener le calme ? Celui-ci m’a fait comprendre que c’étaient les instructions de ses chefs hiérarchiques. Cette situation avait plongé tous les militants du RPT dans un désarroi total.

Au même moment des nouvelles de violences sur nos militants dans plusieurs villages continuaient de nous parvenir.

C’est ainsi que dans la journée du 24 avril 2005. la Radio Régionale «  LA PAIX  » dont je suis propriétaire a été saccagée. Le 25 avril 2005 mon hôtel « Relais des Plateaux » a été pillé et incendié.

Après les nuits blanches des 24 et 25 avril 2005, les mêmes opérations ont continué le 26 avril 2005 jusqu’à la proclamation des résultats aux environs de  11 heurs. Juste après cette proclamation, il y a eu recrudescence de la violence empêchant ainsi le reste des militants de notre parti de manifester leur joie ; car plusieurs étaient en fuite.

Devant cette situation grave et suite à la proclamation des résultats donnant la victoire au RPT, les Forces de l’Ordre ont dû enfin intervenir pour mettre en déroute les meneurs. Il faut retenir que cette situation de troubles provenait du refus des responsables de la coalition de l’opposition de respecter les dispositions du protocole d’accord de la non violence que nous avons ensemble signé. D’ailleurs, à la veille du scrutin, ces derniers avaient distribué à leurs militants des armes blanches et des armes à feu pour servir à abattre les militants du RPT. Certaines de ces armes ont été saisies par les Forces de l’Ordre et de Sécurité et même par certains de nos militants et remises à la FOSEP 2005. Je précise aussi que des jeunes ont été recrutés de Lomé, de Tsévié et de Kpalimé pour venir renforcer leurs groupes de malfaiteurs.

J’ai appris entre temps qu’une commission d’enquête de l’ONU est passée et a pris contact avec certains responsables politiques de l’opposition et une frange de la population sans que les responsables du RPT ne soient associés ni écoutés.

Les allégations de morts attribuées au RPT sont fausses, d’autant plus que ceux-ci datent du 19 avril 2005, la veille du passage du candidat de la coalition Monsieur BOB Akitani, paix à son âme, dont voici les faits :

Le 19 avril 2005, un groupe d’une centaine de jeunes qui avaient à leur tête le sieur ZOMATCHI, chauffeur de profession originaire de Kpèkplèmè (Préfecture du Moyen-Mono) se sont regroupés au quartier campement avec une caisse soit disant le cercueil qui renfermerait mon cadavre qu’ils étaient chargés d’enterrer en face de la station Total d’Agbonou à quelques mètres près des bureaux de la CEEB et à 200 mètres de mon domicile en chantant et en dansant. Juste après l’opération d’enterrement, ils se sont retrouvés sur la nationale n°1 au beau milieu du grand carrefour Lomé-Atakpamé-Kara manifestant leur joie. Malheureusement, le Sieur ZOMATCHI organisateur de ce rassemblement, à bord de sa voiture bâchée immatriculée RT-5339-H du retour du centre ville d’Atakpamé pour rejoindre son groupe a occasionné un accident entraînant plusieurs morts et plusieurs blessés graves. Et c’est donc ces morts qu’ils ont pris en compte pour faire croire qu’ils avaient plus perdu leurs militants. En réalités, par rapport au bilan global des morts, on dénombre plus de morts dans les rangs des militants du RPT.

Sur ce, je porte plainte contre les auteurs de mes biens pillés, saccagés et incendiés. Je me constitue partie civile et me réserve le droit de me prononcer le jour du jugement.

Par ailleurs, je réclame les 2.000.000 F CFA (Deux Millions de Francs CFA) que j’ai versés au CHR d’ Atakpamé et à la Clinique Bon Secours d’Atakpamé pour les soins des blessés sans distinction d’appartenance politique.

C’est tout ce que j’ai à vous déclarer.

Je vous remercie.

ELECTION PRESIDENTIELLE DU 24 AVRIL 2005

DECLARATION RPT-OGOU

La problématique

La disparition brutale du Père de la nation le 5 février 2005 commandait une nouvelle élection présidentielle dans les 60 jours, comme le prévoit la constitution en de pareilles circonstances. Ainsi, le décret n°2005-13/PR du 04 mars 2005, pris par le Président de la république par intérim convoquait le corps électoral pour le 24 avril 2005.

Le code électoral assorti d’un protocole d’accord intervenu entre la mouvance présidentielle et l’opposition, sous l’égide de la CED  EAO prévoit la représentation des partis politiques au sein des Commissions Administratives(CA) et des Commissions Administratives des Listes et Cartes(CALC). Il prévoit également que les activités de révision des listes électorales et de distribution des cartes d’électeurs soient réalisées en une seule opération. Aussi certains des différents protagonistes ont-ils délibérément choisi chacun à sa manière de se lancer dans l’interprétation de ce code électoral au détriment de son application pure et simple.

Par ailleurs, des rumeurs persistantes d’origine diverses faisant état de tentative de blocage des élections, des intimidations de tout genre, des appels à la violence, des menaces d’expulsion des populations allogènes ont profondément marqué les populations dans leur globalité. La peur, l’inquiétude et l’angoisse gagnaient les esprits.

Pour comprendre ce qui s’est réellement passé au cours de cette période électorale, le présent rapport s’efforcera de retracer les différents temps forts de cet événement à travers trois phases essentiels.

- Phase pré scrutin

- Phase du scrutin et d’attente des résultats

- Phase de la proclamation des résultats

1. Le déroulement

2-1  La phase pré scrutin

Tout commence par la mise en place de la Commission Electorale Locale Indépendante (CELI) et de la Commission Administrative des Listes et Cartes (CALC). Au regard des compétences des deux organes, la CELI , composée sur le modèle de la CENI dont elle est la représentante locale, a pour mission de superviser et de contrôler le déroulement du scrutin. Elle désigne son représentant dans chaque bureau de vote (BV). Ce représentant, appelé délégué de la Commission Electorale Locale Indépendante, est issu de la mouvance présidentielle pour les bureaux de vote à numéros pairs et de l’opposition pour les bureaux de vote  à numéros impairs. La Commission Administrative des Listes et Cartes de son côté, représente au plan local la Commission Administrative et se compose de quatre personnes ressources désignées indépendamment des sensibilités politiques. Elle identifie et propose à la Commission Administrative  la nomination des membres des bureaux de vote. Elle les forme et veille au bon déroulement de la révision des listes électorales et des activités dans les bureaux de vote  jusqu’au dépouillement.

Dans cette phase de pré scrutin, les problèmes sont apparus au cours des activités suivantes :

- Formation des membres des bureaux de vote (BV) et des délégués de la Commission Electorale Locale Indépendante

- Distribution des cartes d’électeurs

- Campagne électorale

2.1.1 La formation des membres des bureaux de vote (BV) et des délégués de la Commission Electorale Locale Indépendante (CELI)

L’Administration électorale est chargée de former les membres des bureaux de vote et les délégués de la Commission Electorale Locale Indépendante à la révision des listes et la distribution des cartes. Déjà à ce stade diverses organisations de l’opposition ont créé des problèmes dans certaines localités :

-tentatives farouches des délégués de la Commission Electorale Locale Indépendante  de l’opposition et de leurs partisans de se substituer aux membres des bureaux de vote

- expulsion et contestation par l’opposition de certains membres de bureaux de vote  et de délégués de Commission Electorale Locale Indépendante jugés proches de la mouvance présidentielle ;

- intimidations et menaces à l’égard des secrétaires de cellules cantonales et urbaines du RPT, cas de : ADOGBENOU, DATCHA, KATORE, ATAKPAME, etc., et des présidents ou rapporteurs des bureaux de vote, cas de KOTCHADJO  et de bien d’autres,

- empêchement de la formation sur le processus du déroulement du scrutin dans de nombreuses localités telles que GLITTO, ATCHINEDJI, OUNTIVOU, etc.

2.1.2 La distribution des cartes d’électeurs

La Commission Administrative des Listes et Cartes a mis à la disposition des différents bureaux de vote les listes et les cartes d’électeurs de même que des cartes vierges pour les nouvelles inscriptions. L’opération de révision et de distribution des cartes est prévue pour la période du 28 mars au 05 avril 2005 ; une période qui a connu aussi d’énormes difficultés.

En dépit des élections qui se sont succédées dans notre pays, il y a encore de nombreux citoyens qui, ayant dépassé la majorité électorale n’ont pas leur nom sur la liste électorale et incapables de se justifier, profèrent des menaces.

Par endroits, il y a eu des intimidations suivies de menaces contre des populations allogènes soupçonnées de sympathie au RPT, cas de OLESSE, GLITTO, etc. Certains même ont été empêchés de s’inscrire ou de retirer leurs cartes d’électeur. Des groupes organisés de l’opposition ont dans beaucoup de cas tenté de s’accaparer de force des cartes d’autres électeurs dans certains bureaux de vote occasionnant soit des affrontements entre les membres des Bureaux de Vote et les militants de la coalition de l’opposition ou la suspension provisoire de la distribution des cartes, cas de HOUNTO dans le canton d’ATCHINEDJI. Les propriétaires terriens de leur côté n’ont cessé d’intimider et de menacer d’expulser les paysans allogènes qui seraient tentés de voter le candidat du  RPT.

Bref tout semble être mise en œuvre pour que les élections n’aient pas lieu ou si elles devaient l’être, le militant du RPT fut-il allogène ou autochtone ne puisse pas participer au vote.

 2.1.3 La campagne électorale

 La campagne électorale devait se dérouler du 8 au 22 avril 2005 de 6h à 22h selon les dispositions du code électoral.

 Il est à noter que si la première semaine de cette campagne électorale s’est quasiment bien passée sans incident majeur avec le RPT, la deuxième quant à elle avec l’entrée en campagne de la coalition de l’opposition, a connu beaucoup d’épreuves et de violations du code électoral.

En effet, cette entrée en campagne au cours de la dernière semaine sur fond de haine et de colère a accentué les provocations et déclenché les violences et les atrocités de tout genre. Au titre des provocations, on a relevé principalement :

- l’implantation de jeunes palmiers entiers (Symbole politique de l’UFC) et leurs dérivés (Sodabi et huile rouge dans les bouteilles) en pleine chaussée, dans les carrefours, obstruant les voies et créant des difficultés de circulation.

- les scènes de provocation de palmier et ses dérivés jusque dans les meetings des militants du RPT.

- les photos du candidat du RPT systématiquement déchirées ou brûlées par endroit par les militants de la coalition de l’opposition.

- des embuscades tendues pour empêcher le passage des équipes de campagnes du RPT.

Au mépris des dispositions du code électoral, la campagne de la coalition de l’opposition se déroulait 24 h sur 24, et créait toutes sortes de nuisances mettant les populations sous tension et sous stresses, car le calme est mis à mal. La tension a été plus vive à la veille de l’arrivée du candidat de l’opposition à ATAKPAME où les militants toute la journée ont occupé les rues provoquant ainsi un accident de circulation qui fit plusieurs  morts et de nombreux  blessés graves.

En dehors de ces incidents, de nombreux cas de violences sont survenus dans Atakpamé et ses environs. A titre d’exemple on note :

 - ADOGBENOU le 19 avril, et Anié les 21 et 22 avril, il y eu des tentatives d’assassinat des responsables locaux du RPT ;

- DATCHA le 22 avril où la milice de la coalition a molesté les militants du RPT et incendié leurs maisons et leurs biens.

- Dans la commune, les responsables et les militants du RPT ont été violemment mis en garde contre une éventuelle victoire du candidat du RPT à l’élection présidentielle du 24 avril. Des consignes auraient été passées par l’opposition à ses militants d’invalider les résultats des bureaux de vote qui seraient favorables au candidat du RPT. Selon les mêmes consignes, en cas de la victoire de la coalition de l’opposition, les représailles devraient être plus lourdes. Autant de faits et de menaces qui devaient laisser augurer des lendemains d’élection très conflictuels, voire incertains.

Pour éviter cette sombre perspective, le Préfet de l’Ogou d’alors M. AMOUZOU Komla Midodzi a initié une concertation entre les responsables locaux des partis politiques, les chefs de communautés, les chefs traditionnels et les responsables de la Force Spéciale pour l’Election Présidentielle 2005 (FOSEP 2005). Cette concertation a donné lieu à la signature le 13 avril 2005 d’un protocole d’accord qui stipulait en substance que les problèmes de sécurité sont réservés à la FOSEP 2005 et les rumeurs sont gérées conjointement par la majorité et l’opposition (voir la copie du texte du protocole d’accord en annexe).

Le 23 avril, veille du scrutin, à une réunion d’évaluation de l’application des dispositions du protocole d’accord, les participants ont été globalement satisfaits des résultats. Aussi, ont-ils envisagé d’autres mesures pour garantir le bon déroulement du scrutin du 24 avril. Pour ce faire il fallait d’abord proscrire les attroupements des électeurs ayant déjà voté autour des bureaux de vote afin de prévenir d’éventuels conflits ou bagarres, et ensuite sécuriser le dépouillement en respectant les dispositions du code électoral. Ces deux mesures devraient faire l’objet d’un nouvel accord. L’opposition refusa d’adhérer à cette idée.

2.2. La phase du scrutin et d’attente des résultats

Cette phase couvre la période comprise entre le dimanche 24 avril et le mardi 26 avril 2005 en fin de matinée.

Le scrutin a démarré dans le calme et la sérénité avec un réel engouement des citoyens d’accomplir leur devoir civique. Très tôt le matin, les électeurs ont pris d’assaut les bureaux de vote. En témoignent les longues files d’attente.

 Malheureusement, aux environs de 8 heures, on a constaté dans certains bureaux de vote à ATAKPAME, des groupes de personnes, ayant déjà voté ou ne devant pas voter dans ces bureaux de vote, s’attribuer des missions qui n’étaient pas les leurs, car non prévues dans le code électoral. En effet, ces groupes étaient composés des personnes qui intimidaient, brutalisaient et contrôlaient les cartes d’électeurs et au besoin, les arrachaient à leur profit. Les victimes de ces exactions sont généralement des militants et sympathisants du RPT. Exemple les cas de la Mairie , des Affaires Sociales, d’Akpessémé, de la Petite Mission , d’Agbonou-Kpotamé, de Lom-Nava et de ceux des environs d’Atakpamé comme Agbédrafo, Gléi etc.

Il s’en est suivi des incendies de voitures, des violences physiques et de casses. Ces opérations sont conduites par des groupuscules se passant pour des agents de sécurité ou de supervision des abords des bureaux de vote pour le compte de la coalition. Un lourd climat de malaise et d’inquiétude est ainsi créé parmi les électeurs.

Les bureaux de vote sont fermés à 17 heures et le dépouillement a démarré conformément au code électoral.

Déjà aux environs de 9 heures on notait la présence des barricades, des incendies de pneus et des manifestations des jeunes de l’opposition dans toute la commune.

Au stade de dépouillement, les attroupements s’intensifiaient et les jeunes lançaient des invectives et des projectiles aux membres des bureaux de vote chaque fois que le résultat n’était pas favorable au candidat de l’opposition. Ils promettaient des sévices et même la mort aux membres des bureaux de vote. Ce climat de forte tension a régné pendant des heures jusqu’à la fin du dépouillement et la transmission des résultats à la Commission Electorale Locale Indépendante. Ce sombre tableau indique clairement que les menaces ci-dessus proférées ont été effectivement mises à exécution. On retiendra entre autres les cas de :

 - GLEI, zone dont les résultats étaient favorables au candidat du RPT,  où le véhicule de la SOTOCO ramenant les membres des bureaux de vote et les  urnes a été mise à feu par les groupes de jeunes de l’opposition à AGBONOU-KPOTAME. On y déplore un mort et de nombreux blessés graves parmi lesquels un agent de la FOSEP 2005.

- ATCHINEDJI où le convoi des urnes du canton était tombé dans une embuscade dressée par les mêmes groupes de l’opposition à NYEKONAKPOE ; ces urnes ont été sauvées de justesse par la FOSEP 2005 ;

- ATAKPAME où :

- Le bureau de vote 1037 dont le délégué de la Commission Electorale Locale Indépendante, membre de l’opposition a pris la fuite sous la menace des siens pour avoir confirmé la victoire du candidat du RPT dans ce bureau de vote  en signant la fiche des résultats.

On relève des blessures graves et de nombreux cas de mort cette journée du 24 avril parmi les membres des bureaux de vote, les militants et sympathisants du parti RPT. On note de même la destruction systématique des biens, des maisons et des services appartenant à ces derniers. On citera en exemple les véhicules ciblés en déplacement qui ont été brûlés tels que ceux du Ministre OSSEYI, Membre du Comité Central du RPT, de Madame IHOU, Membre du Bureau Politique du RPT et Délégué National de l’UNFT ; celui de Monsieur ADJONOU, Président de la Délégation Spéciale de la Commune d’Atakpamé cassé ainsi que celui de monsieur LEGUESIM ex Directeur Général de la SOTOCO. On relève aussi la mise à sac de «Radio la Paix », le pillage et l’incendie de l’hôtel "Le Relais des Plateaux", du bar " La Sueur "et du Motel "Mon Beau Village" ; le pillage des magasins de commerce et des baraques de la place, vol de passeport et autres documents importants des observateurs de la CEDEAO  ; assassinat de Monsieur BATOMA, Président de bureau de vote après l’avoir obligé à boire la boue d’une douche et de plusieurs militants et sympathisants du parti. Certains ont été sauvagement agressés et blessés à leurs domiciles tels que Messieurs KARABOU, HOUNDJO, EDOH, KPENOUFEYI, pour ne citer que ceux la ; on déplore également cinq cas de viols de femmes perpétrés devant leurs maris, dont quatre à Kossi-Kiti et une au siège de C2A d’Atakpamé.

Ces exactions ne se sont pas limitées à la ville d’Atakpamé. De nombreux témoignages recueillis dans les contrées proches ou lointaines font état de menaces, d’intimidations, d’agressions sur les militants et sympathisants du parti RPT. Cette situation d’insécurité extrême et généralisée a duré toute la nuit du dimanche à mardi en fin de matinée. Les forces de sécurité mobilisées dans le cadre de l’opération FOSEP-2005, bien que déployées sur toute l’étendue du territoire préfectoral se sont montrées trop discrètes, voir invisibles pendant cette période. La population était pratiquement abandonnée à elle-même.

2.3. La phase de la proclamation des résultats

Elle a été la phase de tous les dangers et a failli faire basculer la préfecture dans la guerre civile si on en juge par l’ampleur et la tournure des événements. Une fois les résultats proclamés aux environs de 11 heures, Atakpamé est entrée en totale effervescence. Des bandes de militants de l’opposition radicale, jeunes en tête composée essentiellement de vandales, de pilleurs et de voleurs agissant comme des drogués ont déferlé de toutes parts. La proclamation des résultats a donné l’impression d’un véritable déclic de mise en œuvre de leur plan de destruction de biens, d’enlèvements et d’assassinats de personnes ciblées dont ils détenaient la liste. C’est ainsi que les milices de la coalition, puissamment armées de gourdins, de coupe-coupe, de haches, de bidons d’essence, et même d’armes automatiques passaient de maison en maison attaquer leurs victimes devant une population impuissante et abasourdie. Chose étonnante, on notait dans le lot des enfants en bas âge, des femmes , jeunes et vieilles, parfois des cohabitants et certains qu’on croyait des amis, inciter visiblement à la tuerie sauvage, à la casse , bref à l’apocalypse. Des groupes de femmes de l’opposition étaient chargés de servir des boissons et des nourritures droguées aux assaillants. Dans la Commune  seule, près de soixante quinze (75) personnes ont été victimes de cette faiblesse humaine. On en veut pour preuve les cas suivants :

- à Atakpamé : saccage du CIB-INTA, et des domiciles de sieurs DOSSOU Délofon, KARABOU Komlan, HOUNDJO Jean, HODIN Kokou, BATCHOUDI Kpolokpolo, Mme TADJOKA Palakyiem, Monsieur BAWE Wiyao ; décès des militants comme SEKOU Essohana, DJAFALO Komi, AWONGA Aluan, et d’autres encore. (voir la liste annexée)

- Hors d’Atakpamé : Directeurs d’école et Enseignants renvoyés de leurs localités comme : à AKAKAYI, AYORE, AKPARE, BOCCO, KAVE, MADJAMAKOU, etc.

Conclusion

On note que les inquiétudes et les rumeurs dont on a fait état dans ce document sont malheureusement des réalités. Tout porte à croire qu’il s’agit d’actions savamment planifiées, orchestrées et exécutées selon le film qui vient d’être déroulé. Ce climat de vives tensions et de violences inouïes a au-delà des dégâts humains et matériels ci-dessus relatés, entraîné des migrations massives et forcées. Comme par enchantement, l’homme dans la préfecture de l’Ogou est devenu subitement un loup pour l’homme, avec l’impression que cette élection présidentielle a été l’occasion de règlement de comptes. On peut sans se tromper déduire de ce constat que les leaders de l’opposition radicale, loin de former leurs militants et les togolais à l a citoyenneté et au civisme pour le développement de la démocratie dans notre pays, appellent plutôt à la violence, à la haine, à la chasse à l’homme, au tribalisme, à la division et au vandalisme en jouant sur la naïveté des populations. L’histoire de notre pays nous enseigne que de 1958 à 1963, puis de 1990 à 1993 et en 2003 et 2005, les mêmes événements, non seulement se répètent, mais s’amplifient. Force est de déduire que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Puissions-nous un jour dire "Plus jamais ça sur la terre de nos aïeux"?

Au vu de ce qui précède et en ma qualité de coordonnateur des activités du RPT dans l’ogou pour l’élection présidentielle de 2005 je porte plainte contre les leaders de la coalition de l’opposition dans l’ogou, en occurrence :

1-ADJIBA Kossi Atchossin

2-NAGBE K. Ekpé

3-KODJOPVI Ayéfounin

4-OKOUTA Bayédjè

5-ATCHIKITI Ségla

6-KOME

7-AKODA Yao dit Charles Taylor

Pour :

1-Homicide volontaire des militants du RPT sans défense

2-Usage des armes blanches et des armes de guerre

3-Traitement dégradant et inhumain des militants du RPT

4-Viol des femmes militantes du RPT originaires du nord du Togo

5-Association de malfaiteurs

6-Destruction volontaire des biens des militants du RPT

7-Destruction volontaire de la station Radio la Paix et l’hôtel relais des Plateaux

8-Vol et complicité de vol des biens appartenant aux militants du RPT

Je me constitue partie civile et laisse le soin aux supérieurs hiérarchiques du parti RPT de décider du sort à réserver aux auteurs de ces violences.

Je vous remercie

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