Société

Combattre le mal à la racine

Le Togo et les pays d'Afrique de l'Ouest, démunis face aux flux croissants de cocaïne produite en Colombie ou au Pérou, comptent sur l'Amérique du Sud pour combattre ce nouveau mal à la racine.

"L'Afrique de l'Ouest est devenue une plaque tournante sur la route de la drogue vers l'Europe", déplore l'Union africaine, qui a imposé ce sujet lors du deuxième sommet Amérique du Sud-Afrique, qui s'est déroulé le week-end dernier à Porlamar, principale ville de l'île de Margarita (nord du Venezuela) en présence du président Faure Gnassingbé.Même si les prises de cocaïne en Afrique de l'Ouest restent marginales à l'échelle mondiale, elles ont été multipliées par sept en dix ans, pour atteindre un total de 5,5 tonnes en 2007, selon le Bureau des Nations unies pour la lutte contre la drogue et le crime (ONUDC).

L'an dernier, l'ONUDC a certes enregistré une "baisse substantielle des prises en provenance d'Afrique", mais elle a encore dénoncé il y a un mois l'existence de laboratoires clandestins en Guinée (Conakry) susceptibles de produire esctasy, cocaïne et héroïne.

"Face aux contrôles renforcés en Europe, dans la zone Schengen, les trafiquants sud-américains ont préféré passer par la voie africaine pour remonter ensuite la cocaïne par petites quantités jusqu'au marché européen", explique Gilles Sabatier, attaché de sécurité intérieure auprès de l'ambassade de France au Venezuela.

Une voie "plus courte" et moins surveillée, car "l'Europe et les Etats-Unis n'ont pas les moyens de patrouiller en permanence au large de l'Afrique occidentale" et "les pays africains n'ont ni les ressources ni les capacités nécessaires pour intercepter des cargaisons", détaille Jay Bergman, directeur régional de l'agence antidrogue américaine (DEA) à Bogota.

Les pays sud-américains ont entendu le message, à commencer par la Colombie, premier producteur mondial de cocaïne.

"Le général en chef de la police nationale colombienne, Oscar Naranjo, a invité les chefs des polices de plusieurs pays africains à assister à des conférences sur les stratégies de lutte antidrogue en Colombie", témoigne M. Bergman.

Le Brésil a également "commencé à former des policiers de Sao Tomé et Principe, de Guinée Bissau, d'Angola et du Cap Vert" et est "prêt à créer une académie de police en Guinée Bissau" à condition que l'Europe y participe, selon Luiz Cravo Dorea, directeur de la lutte antidrogue au sein de la police fédérale brésilienne.

"L'Afrique et l'Amérique du Sud doivent être aidés par les pays consommateurs", abonde M. Sabatier, qui cite l'exemple d'un projet lancé en Colombie par l'ONUDC, avec des fonds européens.

Il vise à renforcer la coopération entre les forces de sécurité et les services de renseignement des pays d'Amérique latine et d'Afrique occidentale dans la lutte contre le trafic de cocaïne.

"Beaucoup de choses ont déjà été réalisées, mais il nous reste encore un très long chemin à parcourir", estime M. Bergman, pour qui "la meilleure option est de couper la route de la drogue en Amérique du Sud".

"Cela prendra des années, voire des décennies, de mettre en place les ressources nécessaires en Afrique de l'Ouest. C'est beaucoup plus facile de couper le flux de cocaïne à la source", plaide-t-il.

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