Société

La cocaïne fait escale en Afrique

Des policiers de haut rang originaires de six pays africains dont le Togo, le Bénin, le Burkina, le Ghana, le Nigéria et la Côte d’Ivoire vont se retrouvent lundi à Lomé pour un séminaire consacré à la lutte contre les trafics internationaux de stupéfiants dans la sous-région. 


Cette réunion est organisée à l’initiative du Service de sécurité intérieure de l’Ambassade de France au Togo et sous le haut patronage du ministère de la Sécurité et de la Protection civile.


Des officiers de liaison européens en poste dans la zone et des formateurs français de l’Office Central de Répression des Trafics Illicites de Stupéfiants (OCRTIS) sont présents.

L’Afrique de l’ouest demeure à ce jour une route préoccupante du trafic de cocaïne en provenance d’Amérique latine et à destination de l’Europe.
Les Nations Unies estiment qu’environ 50 tonnes de cocaïne d’une valeur estimée à 1,8 milliards de dollars circulent illégalement via l’Afrique de l’Ouest et jusqu’en Europe, chaque année.
Même si les saisies qui y sont ponctuellement réalisées connaissent un certain fléchissement depuis 2010, le rôle de stockage, de reconditionnement et de distribution joué par l’Afrique de l’Ouest, notamment par la sous-région du Golfe de Guinée n’est pas démenti. La diversification et/ou l’interconnexion des groupes criminels locaux, comme l’augmentation significative de la consommation locale et l’évolution rapide des routes de la drogue se confirment également. Les renseignements recueillis dans les rapports reçus laissent supposer que les narcotrafiquants privilégient davantage l’intérieur des terres ainsi que le transit par la zone sahélo-saharienne. Ils profitent aussi de l’absence d’homogénéité des contrôles effectués dans les zones portuaires notamment.
Les modes d’acheminement de la cocaïne sud-américaine semblent s’être diversifiés, la nouvelle tendance d’usage du vecteur aérien pour acheminer de grosses quantités paraît encore usitée (en dépit de l’absence de constatations récentes par les services répressifs).
Compte tenu des quantités supposées transiter et des faiblesses de contrôle constatées dans les zones portuaires, le transport de grosses quantités par voie maritime à l’aide de porte-conteneurs ou de bateaux de pêche est pertinent mais aussi la poursuite de l’acheminement de quantités plus modestes par voie aérienne, sur des vols impliquant un nombre élevé de passeurs agissant pour le compte des organisations criminelles nigérianes notamment.
Zone de transit, l’Afrique de l’ouest reste également une zone de production et, deviendrait de plus en plus une zone de consommation selon l’ONUDC. Le cannabis y reste la drogue la plus cultivée. Le transit de la cocaïne et de l’héroïne a également donné naissance à des marchés de consommation locaux qui restent toutefois limités par rapport à d’autres parties du monde.
L’engagement de la communauté internationale à un niveau politique a permis l’établissement progressif d’une stratégie globale visant à endiguer le narcotrafic, notamment par le renforcement des capacités de réponse des pays touchés. Il s’est concrétisé par différentes initiatives ayant vocation à pallier les insuffisances constatées. La communauté internationale s’est pleinement emparée de cette question dans les différentes enceintes internationales ou régionales, formelles ou informelles (Union européenne, Nations unies, Groupe de Dublin, CEDEAO).
L’adoption du pacte européen contre la drogue le 3 juin 2010 constitue un signal politique supplémentaire de la priorité affichée par les gouvernements européens en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants. Au sein de ce Pacte, l’amélioration de l’efficacité de la lutte contre le trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest fait l’objet d’un traitement spécifique, qu’il s’agisse de renforcer les capacités d’analyse, d’interceptions et de renseignement des Etats de la région ou d’améliorer la coordination de l’assistance technique entre Etats membres de l’Union européenne et pays tiers.
La situation de l’Afrique de l’ouest reste donc particulièrement préoccupante.
En effet, le trafic de stupéfiants prospère dans les pays en proie à la pauvreté, à l’instabilité économique et à la mauvaise gouvernance.
La situation est aggravée par la porosité des frontières maritimes, aériennes et terrestres, et la faiblesse des structures de contrôle.
De nombreux pays ont des difficultés à contrôler leur territoire, à administrer la justice et la corruption endémique, obère l’efficacité de la lutte anti-stupéfiants.
De surcroît cette situation alimente un sentiment de défiance vis à vis des autorités, tant de la part des populations locales que des partenaires institutionnels occidentaux.

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