Société

Le « système » Marguerat

Le chercheur français Yves Marguerat, jugé pour des viols sur mineurs, a affirmé vendredi avoir simplement "manqué de discernement" face aux enfants des rues qu'il hébergeait à Lomé, au quatrième jour de son procès à Nanterre, près de Paris. Le chercheur a maintenu sa ligne de défense, se bornant à avouer des attouchements sexuels sur des jeunes "demandeurs" en "carence affective", mais niant de véritables viols.

Vendredi, la cour s'est intéressée au "système" qu'aurait instauré l'accusé dans sa maison privée de Lomé au Togo, qui voulait selon plusieurs témoins que les faveurs sexuelles s'échangent contre de petites sommes d'argent, dans un environnement de misère totale.L'une des deux victimes présumées présentes au procès avait expliqué mercredi que les enfants des rues, poussés par la faim, ne pouvaient refuser.

"Jamais je n'ai lié des jeux sexuels avec les jeunes à de l'argent", répète pourtant Yves Marguerat, 64 ans.

Pour expliquer que les adolescents, parfois âgés de 12 ou 13 ans, étaient demandeurs de caresses sexuelles, il ajoute avec un certain aplomb: "l'homme ne vit pas que de pain".

Puis, il se lance dans une longue explication sur sa propre naïveté, laissant entendre que les jeunes avaient voulu le piéger.

"Je les ai vus demandeurs", mais "peut-être étaient-ce des manoeuvres" de leur part, suppose-t-il.

"Il est possible qu'un certain nombre, plus ou moins volontairement, plus ou moins hypocritement, aient eu recours à des faveurs sexuelles" pour obtenir quelque chose, ajoute-t-il, estimant avoir "manqué de discernement".

"Pourquoi venaient-ils vous offrir leurs faveurs sexuelles ?", demande la présidente Sabine Foulon. "Parce que j'ai laissé créer les conditions qui le permettaient. J'aurais dû refuser", répond Yves Marguerat.

Et lorsque l'avocate générale lui assène "on a quand même l'impression que vous passiez beaucoup de temps dans votre lit avec des enfants", il rétorque immédiatement: "parce qu'il n'y a que ça qui vous intéresse."

Le chercheur, spécialisé dans la géographie urbaine, a vécu à Lomé de 1978 à 1994, travaillant pour le compte d'un organisme public français, l'Orstom, devenu depuis l'Institut de recherche pour le développement (IRD).

Outre son travail de scientifique, il s'était investi dans des projets humanitaires, fondant un foyer d'accueil à Lomé et hébergeant en permanence dans sa maison des dizaines d'enfants.

Il s'était fait verser d'importantes sommes d'argent par des oeuvres charitables, plus d'un million d'euros entre les années 80 et 90.

Yves Marguerat est accusé de viols sur deux mineurs, dont un âgé de moins de 15 ans, entre 1991 et 1995. Le verdict est prévu le 21 septembre.

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