Uemoa

Le Sommet fait le plein

Le sommet extraordinaire de l’UEMOA s’est ouvert ce matin dans la salle des fêtes de Lomé II en présence de la totalité des présidents des Etas membres. Premier geste symbolique, l’octroi à la Côte d’Ivoire d’un don de 2 milliards de Fcfa en faveur de la toute nouvelle Commission « Dialogue vérité et réconciliation », dirigée par Charles Konan Banny, l’ancien Premier ministre.
Les participants ont ensuite écouté l’allocution de Faure Gnassingbé, président du Togo et président en exercice l’UEMOA. Le chef de l'Etat a effectué un diagnostic de la situation politique et sécuritaire au sein de l’Espace, marqué, notamment, par la récente crise post électorale en Côte d’Ivoire qui a bouleversé la stabilité de toute la sous-région. 
« Je voudrais à cet égard saluer la présence parmi nous du président Alassane Ouattara qui symbolise le retour de la Côte d’Ivoire que nous aimons tant et qui a longtemps incarné la paix et la prospérité dans notre sous région », a déclaré le chef de l’Etat
Faure a ensuit axé son intervention sur les principaux leviers qui doivent permettre une meilleure croissance et une intégration effective des Etats membres de l’espace UEMOA.
« Les soubresauts qui secouent le monde aujourd’hui, nous imposent en effet de resserrer nos rangs au sein de l’UEMOA afin de mieux gérer les défis auxquels nous sommes confrontés », a-t-il souligné.
Après ce discours, les chefs d'Etat ont abordé à huis clos les questions concrètes. Outre des discussions sur la situation économique en Côte d’Ivoire et politique au Burkina Faso, ils doivent désigner un nouveau Gouverneur à la tête de la Banque centrale (BCEAO) et un nouveau président pour la Commission de l’UEMOA.
Tous les présidents des pays membres ont fait le déplacement, Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Amadou Toumani Touré (Mali), Hamadou Issoufou (Niger), Abdoulaye Wade (Sénégal) et Blaise Compaoré (Burkina Faso), Thomas Boni Yayi (Bénin) et Malam Bacai Sanhá (Guinée Bissau) arrivé à 12h à Lomé.
Un joli succès diplomatique pour le président Faure Gnassingbé qui est parvenu à convaincre la totalité de ses homologues d’assister aux travaux ; ce qui est assez rare dans ce genre de sommet.
C’est la première fois que le Togo accueille une réunion de cette importance depuis 2005.

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Voici le discours prononcé par le président Faure Gnassingbé
Je voudrais tout d’abord vous dire combien le Togo et les Togolais se sentent honorés d’accueillir la  session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de notre organisation commune, l’Union économique et monétaire ouest-africaine. C’est en effet le Peuple togolais tout entier et son Gouvernement  qui  vous souhaitent, par ma voix, la bienvenue à Lomé, avec la chaleur, le sens de l’accueil et de l’hospitalité qui caractérisent si bien les peuples  de notre Union.
Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Je saisis cette occasion pour vous réitérer ma profonde gratitude  ainsi que celle du peuple togolais,  pour l’insigne honneur que vous m’avez fait en me confiant la mission de présider pendant une année aux destinées de notre Union.
En effet depuis le mois de janvier, j’assume avec engagement et détermination les responsabilités que vous m’avez confiées. Je sais que je peux compter à tout moment sur votre contribution à tous. C’est pour moi une source de motivation supplémentaire face aux défis qui nous attendent.
Je rends aussi hommage à mon prédécesseur, le Président Amadou Toumani Touré pour le dévouement dont il a fait preuve et  la manière remarquable dont il a dirigé l’Union dans un contexte particulièrement difficile.
Depuis le début de l’année, notre Union a dû faire face à des défis  éprouvants, dans un contexte international mouvementé. Les effets résiduels de la crise économique et financière, ainsi que les conséquences des changements climatiques continuent à être ressentis à des degrés divers dans la plupart de nos pays.
Mais la crise postélectorale qui a éclaté en Cote d’Ivoire à la fin de l’année 2010, est de loin l’événement qui a le plus marqué et bouleversé la vie de l’Union au cours des derniers mois. C’est pourquoi le rétablissement de l’ordre constitutionnel en Cote d’Ivoire a été  accueilli par nous tous, avec un grand soulagement.
Je voudrais à cet égard saluer la présence ici du Président Alassane    Ouattara.
Monsieur le Président,
Votre présence ici symbolise le retour parmi nous de la Cote d’Ivoire que nous aimons tant. Le retour à la paix en Cote d’Ivoire suscite en effet une grande espérance au sein de notre Union. Je formule le vœu ardent que le processus de réconciliation nationale que vous avez engagé puisse être couronné de succès dans l’intérêt de la Cote d’Ivoire mais aussi de l’ensemble de notre Union.
Permettez-moi  de saluer aussi la présence parmi nous du Président Mahamadou Issoufou qui assiste pour la première fois à nos assises. Je voudrais en votre nom, lui réitérer mes chaleureuses félicitations pour sa brillante élection et lui renouveler mes vœux de  succès dans les hautes charges que le peuple nigérien vient de lui confier.
Je voudrais enfin renouveler mes chaleureuses félicitations au Président Yayi Boni pour sa brillante réélection et lui souhaite plein succès au cours de son nouveau mandat.
Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Mesdames et messieurs,
Nous vivons aujourd’hui une ère de mutations rapides dans un contexte de tensions multiformes qui nous imposent d’anticiper et d’innover  constamment pour mieux assurer notre avenir commun.
Nous avons tous été témoins des crises à répétition qui ont secoué le monde ces trois dernières années. La crise alimentaire, la crise économique et financière, la flambée des prix des produits pétroliers ainsi que les perturbations liées aux changements climatiques ont considérablement affecté nos sociétés. Aucun pays n’a été épargné.
Mais quel que soit leur impact, ces crises doivent nous inciter à prendre toute la mesure de l’interdépendance et de la complémentarité entre nos Etats. Les soubresauts qui secouent le monde aujourd’hui, nous imposent en effet de resserrer nos rangs au sein de l’UMEOA afin de mieux gérer collectivement les défis auxquels nous sommes confrontés. C’est le seul moyen d’améliorer durablement nos performances économiques et de créer les conditions nécessaires à l’épanouissement de nos populations.
Pour y arriver, nous devons en effet intensifier nos actions en faveur de l’intégration, en  poursuivant l’harmonisation des législations nationales, l’unification des marchés intérieurs et la mise en œuvre effective des politiques sectorielles dans les domaines  qui nous tiennent le plus à cœur tels que les infrastructures, l’agriculture,  l’énergie, le commerce, par exemple.
De plus, l’existence d’une monnaie commune, le FCFA, a toujours  crédibilisé la politique d’intégration au sein de notre espace communautaire. Mais pour que cette monnaie continue de jouer pleinement son rôle de ciment de l’intégration, nous devons pérenniser la cohérence et l’efficacité  de nos politiques économiques nationales qui sont le fondement de la stabilité monétaire.
Je me réjouis à cet égard de constater que la surveillance multilatérale mise en œuvre depuis quelques années a permis d’accélérer la convergence des politiques nationales dans les domaines d’action prioritaires.
Je me félicite aussi qu’au fil des ans, la Commission de l’UEMOA ait réussi à s’imposer dans le paysage institutionnel comme un acteur de poids. Son rayonnement rejaillit positivement sur le positionnement même de notre Union sur l’échiquier sous-régional et international.
Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Messieurs les présidents des institutions communautaires,
Nous devons nous mobiliser davantage pour propulser encore plus en avant notre organisation commune sur la voie de l’intégration et de la prospérité partagée. Poursuivons ensemble les efforts que nous avons engagés pour accélérer le processus d’intégration régionale afin de garantir à nos économies une compétitivité efficiente et durable !
Un tel résultat ne sera atteint que si nous faisons front commun autour des grands défis de l’heure.
Nous devons à cet égard accentuer nos efforts en vue d’améliorer le taux de mise en œuvre de nos politiques sectorielles. Leur mise en œuvre effective est un enjeu vital pour le succès de nos politiques communes dans  les domaines d’action prioritaires de l’UEMOA. 
Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Messieurs les ministres,
Mesdames et messieurs,
La paix est le premier facteur de développement pour nos pays. C’est aussi le préalable pour une intégration réussie au sein de l’espace UEMOA.
Les objectifs stratégiques que nous nous sommes fixés  resteront lettre morte si notre espace communautaire ne bénéficie pas d’un climat  apaisé et sécurisé.
Les crises successives auxquelles notre Union a été confrontée ces derniers mois posent à cet effet des questions nouvelles sur notre devenir commun.
Si notre Union s’est bâtie depuis bientôt deux décennies dans une perspective essentiellement économique et monétaire, les récents soubresauts enregistrés ici et là doivent nous inciter à engager une réflexion approfondie sur les moyens de jeter les bases d’une sécurité commune qui est un pré-requis pour une paix durable dans notre espace communautaire.
La prise en compte des questions de paix et de sécurité au sein de l’UEMOA, n’est certes pas une nouveauté. Mais celle-ci prend aujourd’hui un relief tout particulier à la lumière des événements récents.
Comme vous le savez, les enjeux liés à la paix et à la sécurité dépassent largement, de par leurs répercussions, l’horizon de nos frontières nationales. Les stocks d’armes pillés dans certains pays en crise aggravent l’insécurité dans les Etats de l’Union qui partagent une zone frontalière avec ces pays.
Comment alors devons nous procéder pour permettre à nos Etats d’être à la hauteur des enjeux de paix et de sécurité tels qu’ils sont apparus ces derniers mois dans notre espace communautaire ?
L’un des défis majeurs auxquels nous sommes confrontés dans l’immédiat est donc de trouver des mécanismes appropriés pour renforcer l’agenda politique de notre organisation commune, notamment en matière de gestion des crises.
Pour répondre à ces besoins nouveaux avec cohérence et efficacité, il nous faudra sans doute tenir compte du cadre institutionnel existant pour éviter les doubles-emplois et les chevauchements de compétences et d’attributions avec d’autres entités.
La réflexion sur le devenir de notre organisation commune gagnerait à promouvoir une approche intégrée des enjeux stratégiques actuels, liés à la paix et à la sécurité sans sacrifier le volet économique ainsi que les questions complexes que sont notamment la promotion de la démocratie et le respect des droits humains.
Je reste également convaincu que la consolidation des acquis économiques et la préservation du climat de paix au sein de l’UEMOA, doivent se conjuguer avec l’impératif de solidarité entre Etats membres. Et cette solidarité ne prend tout son sens que dans les épreuves.
Mais cette solidarité ne doit pas être seulement une affaire entre Etats. Elle doit s’étendre aux peuples de l’Union dans leur immense diversité. Les peuples de l’Union doivent s’approprier les idéaux de l’intégration régionale. C’est seulement à cette condition que nous parviendrons à asseoir une vraie Union, axée sur la promotion active de la culture de la citoyenneté, de la démocratie et de la paix, au-delà des frontières nationales.
Sur ce, je déclare ouverts, les travaux de la session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEMOA.
Je vous remercie.

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