Union Africaine

Cherche président désespérément

Le Soudan escompte obtenir au sommet d'Addis Abeba, les 29 et 30 janvier, la présidence de l'Union Africaine (UA), mais la crise du Darfour risque encore de l'en priver, selon les analystes.

Cette question avait déjà viré au casse-tête lors du précédent sommet, l'an dernier à Khartoum, et promesse avait été finalement faite au président Omar al-Béchir qu'il prendrait la tête des 53 pays de l'UA en 2007. "Mais la situation empire au Darfour, le discréditant et je ne parie pas sur son accès à la présidence", a affirmé le juriste soudanais Souleiman Baldo de l'ONG International center for transitional justice (ICTJ).

La communauté internationale rend Khartoum principal responsable de la poursuite d'une guerre civile au Darfour, à l'ouest du Soudan, qui aurait causé en quatre ans 200.000 morts et 2 millions de déplacés.

Alors que ce conflit déborde sur le Tchad, le président Omar al-Béchir s'oppose toujours au passage de relais aux 7000 hommes de la force de l'UA au Darfour, l'Amis.

Plusieurs voix se sont fait entendre pour empêcher le Soudan de prendre, dans ce contexte, la succession du Congo, alors que seul est prévu le principe d'une rotation en faveur d'un pays d'Afrique de l'est en 2007.

"Les pays Africains doivent rejeter la candidature du Soudan", a affirmé la semaine passée dans un communiqué l'ONG Human Rights Watch, basée à New York.

Pour son directeur Afrique, Peter Takirambudde, "offrir la présidence à Khartoum récompenserait non seulement des parrains de crimes contre l'humanité, mais discréditerait définitivement l'UA".

"Le Consortium Darfour" qui regroupe 40 ONG africaines, ou centrées sur l'Afrique, a adressé une lettre aux chefs d'Etats de l'UA pour exprimer "sa grave préoccupation" face à une possible présidence soudanaise.

Le Front national de la rédemption (FNR), coalition des principaux groupes rebelles du Darfour, opposé à l'accord de paix de mai 2006, a affirmé qu'une présidence soudanaise signifierait "l'arrêt de la coopération avec l'UA".

Selon Khartoum, la situation va au contraire en s'améliorant au Darfour, les accusations de génocide étant des exagérations de l'Occident, opinion partagée par des pays arabes sur lesquels le Soudan espère s'appuyer.

"Le soutien des pays arabo-africains n'est pas sans limite, et je ne crois pas que l'Egypte ou la Libye sacrifieront à Addis Abeba leurs intérêts pour faire plaisir au Soudan", estime M. Baldo.

On souligne cependant dans les milieux diplomatiques à Khartoum que si le désir du Soudan d'être à la tête de l'UA reste fort, l'opposition américaine, sans doute persistante, a été plus discrète.

"Nos encouragements vont au choix d'un leadership qui respecte la démocratie et la bonne gouvernance. En regardant la situation au Soudan, nous voyons les défis du Darfour, le génocide", a déclaré à la presse, sans citer la candidature Béchir, l'ambassadeur américain auprès de l'UA, Cindy Courville.

De source diplomatique occidentale à Khartoum, on souligne aussi la "modération" du régime Béchir, d'origine islamiste sur la crise somalienne, notant qu'il ne s'est pas solidarisé avec les islamistes contre le gouvernement et l'armée éthiopienne "pour ménager l'Ethiopie, pays hôte du sommet".

"Normalement la présidence revient au Soudan, mais il y a une forte opposition au sein des Etats membres, et ceux qui ne se prononcent pas espèrent que les autres vont trouver une solution alternative", a expliqué un haut responsable de l'UA sous couvert d'anonymat.

Pour M. Baldo, des pays de l'UA oeuvrent "de façon diplomatique" contre la candidature du Soudan comme le Congo, le Ghana, l'Afrique du Sud ou le Nigeria. De source diplomatique, on avance l'hypothèse de la Tanzanie, comme alternative ou de l'Angola.

Une certitude cependant, il n'y aura pas de renouvellement du mandat de l'actuel président de l'UA, le congolais Denis Sassou Nguesso.

Faure Gnassingbé, le président du Togo, sera présent au sommet de l'Union africaine.

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