Union Africaine

Ping remplace Konaré

Les 53 Etats membres de l'Union africaine (UA) réunis en sommet à Addis Abeba ont désigné vendredi le Gabonais Jean Ping pour succéder à Alpha Oumar Konaré à la tête de la Commission de l'organisation continentale. M. Ping, ministre des Affaires étrangères et vice-premier ministre du Gabon, était donné favori dans la course à la succession de M. Konaré qui préside la Commission de l'UA depuis 2003 et qui souhaitait quitter son poste.

M. Konaré doit, selon les statuts de l'UA, rester en fonction jusqu'en avril pour expédier les affaires courantes."L'élection de M. Ping a eu lieu au premier tour, les chefs d'Etat procèdent maintenant à l'élection du vice-président", a indiqué un diplomate à l'AFP.

Le Kényan Erastus Mwencha, secrétaire exécutif du Marché commun des Etats d'Afrique australe et de l'Est (COMUSA), a lui été élu à la vice-présidence de la Commission au quatrième tour, a-t-on appris auprès de l'UA.

L'élection de M. Ping est intervenue après l'étude en séance à huis clos d'un rapport d'audit très critique sur le fonctionnement de la Commission de l'UA, organe exécutif de l'organisation, et la gestion de l'institution.

"Je sais bien les qualités qu'il a. Il est capable de représenter l'Afrique toute entière. On va collaborer avec lui pour arriver à conclure l'espoir de l'Afrique: la réalisation des Etats Unis d'Afrique", a indiqué Ali Triki, ministre libyen des Affaires africaines.

"La priorité pour lui c'est de continuer de travailler pour la création d'un gouvernement de l'Union comme étape à la création des Etats Unis d'Afrique", a-t-il insisté.

Candidate malheureuse à la présidence, la Zambienne Inonge Mbikusita Lewanika a estimé à propos de M. Ping que "les présidents africains ont confiance en lui, c'est pourquoi ils l'ont choisi".

M. Konaré avait annoncé son départ de longue date, mais il avait été repoussé en raison des débats internes à l'UA sur la constitution des "Etats Unis d'Afrique et du gouvernement de l'Union" et la réforme des institutions.

Au cours de l'ouverture du Conseil exécutif, réunion des ministres africains des Affaires étrangères préparatoire au sommet, M. Konaré avait souligné la nécessité de renforcer les pouvoir de la Commission et notamment de son président.

"Il est important que notre organisation, encore jeune, se renforce et tire les leçons des quatre années passées. Le président de la Commission doit avoir une réelle autorité pour mener un vrai travail d'équipe et asseoir une meilleure gouvernance", avait-il lancé en message d'adieu.

Le président du Togo, Faure Gnassingbé, participe au sommet de l'UA.

Jean Ping : un redoutable diplomate

Diplomate expérimenté, le ministre gabonais des Affaires étrangères Jean Ping, (UA), est un homme de confiance d'Omar Bongo Ondimba, doyen des chefs d'Etat du continent et fréquent médiateur des crises qui le secouent.

Ministre sans discontinuer depuis 16 ans, et vice-Premier ministre depuis 2007, Jean Ping, 65 ans, est devenu le chef de la diplomatie gabonaise en 1999.

A l'heure où la Chine entend jouer un rôle de plus en plus important en Afrique, ce métis sino-gabonais est l'un des artisans du rapprochement de Libreville avec Pékin, présent dans les secteurs phares de l'économie du Gabon: pétrole, bois et, bientôt fer.

Jean Ping peut également faire valoir son expérience au sein des organisations internationales, lui qui a présidé, avec brio selon plusieurs diplomates, la 59e session de l'Assemblée générale de l'ONU en 2004-2005, préparant le sommet sur la réforme de l'institution mondiale.

Né le 24 novembre 1942 à Omboué, au sud de Port-Gentil, la capitale économique gabonaise, Jean Ping est titulaire d'un doctorat en économie de l'Université de la Sorbonne (France).

Mais c'est en tant que fonctionnaire international qu'il entame sa carrière dans les années 70 au sein de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), à Paris.

Ouvert et affable, il entre réellement en politique au Gabon en 1984, lorsqu'il devient le directeur de cabinet du président Bongo.

Brièvement ministre de l'Information en 1990, puis des Mines jusqu'en 1991, il enchaîne sans interruption depuis 1992 les postes ministériels: aux Affaires étrangères une première fois, avant de passer à l'Economie et à la Planification.

Depuis 1999, Jean Ping est redevenu le chef de la diplomatie gabonaise, également chargé de la Coopération et de la Francophonie.

Il s'agit d'un poste-clé au Gabon de M. Bongo, qui, au pouvoir depuis 40 ans, entend être reconnu comme un médiateur d'envergure des crises africaines, et souhaite que Libreville soit un carrefour diplomatique en Afrique francophone.

Le vice-Premier ministre Ping est d'ailleurs considéré comme un des collaborateurs les plus écoutés du chef de l'Etat.

Ce dernier l'a surnommé "Mao" du fait de ses origines asiatiques - son père était un forestier chinois installé au Gabon. Il a eu deux enfants avec la fille aînée du chef de l'Etat, Pascaline, actuelle directrice du cabinet présidentiel.

Aujourd'hui marié à une Italo-Ivoirienne, Jeanne-Thérèse Ping, cet homme au tempérament discret est père de huit enfants.

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