Région & Afrique

Goodluck Jonathan s’installe

Une nouvelle équipe ministérielle, un nouveau patron de la compagnie pétrolière nationale: le président intérimaire du Nigeria parachève son installation à la tête de la 2e puissance économique subsaharienne sur laquelle il fait souffler un vent de changement.
Sa capacité à mettre en oeuvre des réformes promises pourrait cependant être limitée car il ne dispose que d'un an avant la présidentielle de 2011 et doit composer avec de nombreuses pressions et ambitions politiques au sein du parti au pouvoir, estiment les observateurs.
Des 42 ministres du cabinet du chef de l'Etat Umaru Yar'Adua, écarté du pouvoir pour raisons médicales, M. Jonathan en a retenu 14 pour former son gouvernement de 38 membres présenté mardi.
Multipliant les mesures visant à asseoir son autorité et mettre fin au flottement à la tête du pays, il avait dissous le gouvernement le 17 mars, un peu plus d'un mois après avoir été nommé président par intérim.
Parmi les nouveaux ministres les plus remarqués figure Olusegun Aganga, ex-dirigeant à Londres de la banque Goldman Sachs, nommé aux Finances, un poste clé à l'heure de la réforme du secteur bancaire.
"C'est quelqu'un de très déterminé et franc (...) Il devrait être un bon catalyseur pour la coordination des politiques monétaire et fiscale", a estimé l'économiste nigérian Bismarck Rewane.
"Aura-t-il le temps de faire quelque-chose?", s'est pour sa part interrogé un banquier sous couvert d'anonymat, soulignant que sa capacité à coopérer avec la Banque centrale serait décisive.
Goodluck Jonathan a aussi nommé un nouveau duo chargé du pétrole, un secteur crucial pour l'économie du 8e exportateur mondial de brut.
L'attribution du ministère du Pétrole à Diezani Allison-Madueke, ancienne ministre des Mines et ex-directrice des Affaires externes de Shell Nigeria, semblait recevoir un accueil mitigé.
Elle succède à un poids lourd, Rilwanu Lukman, ancien dirigeant de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et va devoir s'atteler à la délicate réforme du secteur des hydrocarbures, actuellement devant le Parlement.
Le quotidien financier Business Day soulignait mercredi "l'incertitude" créée par sa nomination, relevant qu'elle était "perçue par le secteur comme n'étant pas à la hauteur" pour mener à bien la réforme.
Le président par intérim a également limogé mardi le patron de la Compagnie pétrolière nationale du Nigeria (NNPC) nommé par M. Yar'Adua il y a un peu plus d'un an, sans fournir d'explication, et l'a remplacé par Shehu Ladan, un ancien directeur exécutif de la société.
"C'était une bonne décision (...) Jonathan devait le faire pour renforcer sa crédibilité", a estimé un diplomate sous couvert d'anonymat.
Avec la formation d'un nouveau gouvernement, le président intérimaire "est parvenu à se débarrasser des fidèles de Yar'Adua et à placer ses hommes dans des ministères clés tels que ceux du Pétrole, du Delta du Niger (région pétrolifère en proie aux violences) et de la Défense", a estimé le diplomate.
"Il ne semble cependant pas que le cabinet soit fortement en faveur de réformes", selon cette source qui estime que M. Jonathan a dû "beaucoup consulter" les ténors du puissant parti du pouvoir, le PDP.
D'autres observateurs étaient aussi d'avis que le nouveau cabinet était le fruit de compromis, notamment parce que la Constitution de la fédération nigériane (150 millions d'habitants) veut que chacun de ses 36 Etats propose un ministre.
Goodluck Jonathan, qui a assuré s'inscrire dans la continuité des travaux entamés par M. Yar'Adua, dont l'état de santé réel n'est pas connu, a promis d'oeuvrer notamment pour une amélioration de l'approvisionnement en électricité du pays et pour la tenue d'élections "libres et justes" en 2011.

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