Coopération

Ouverture de l’Assemblée parlementaire ACP-UE

Le président du Togo, Faure Gnassingbé (photo), qui avait à ses côtés son homologue du Niger, Mahamadou Issoufou, a ouvert lundi matin à Lomé, les travaux de la  22e session de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP/UE qui rassemble des représentants élus de l'Union européenne et des pays ACP, à savoir des députés européens et des parlementaires des 78 États à avoir signé l'accord de Cotonou, qui est la base de la coopération au développement ACP-UE.

Etaient également présents, les coprésidents de l'APP ACP-UE, le Belge Louis Michel (Alliance des démocrates et libéraux) et le Malien Assarid Ag Imbarcaouane ainsi que le président de l’Assemblée nationale togolaise, Abass Bonfoh.

S’exprimant sans notes, Faure Gnassingbé a évoqué les dossiers prioritaires comme celui de l'emploi des jeunes, de l'insécurité dans le Golfe du Guinée et dans les pays du Sahel, de la crise financière internationale et de la justice internationale. 

Sur ce point particulier, il a plaidé pour un renforcement du pouvoir judiciaire dans chaque pays. "La Cour pénale internationale doit avoir une durée limitée et donner la chance aux juridictions nationales, une fois renforcées, de juger dignement les criminels", a-t-il déclaré.

M. Gnassingbé a enfin invité les pays européens à maintenir l'aide au développement et à engager des investissements dans des secteurs innovants. 

Lors de son intervention, M. Bonfoh a rappelé la longue histoire qui lie le Togo à l’organisation. "Le Togo a eu la primeur des accords ACP-UE et en a connu quatre au total".

Quant à Louis Michel, il a exprimé la gratitude des parlementaires européens au gouvernement togolais et à son peuple pour l'accueil chaleureux qui leur a été réservé. 

Félicitant le président Faure Gnassingbé pour « sa vision et sa politique pragmatique », le député européen a émis le vœu de voir le Togo « assurer sa croissance économique, gage d'un développement durable ». 

L’autre co-président des ACP, Assarid Ag Imbarcaouane, a souhaité que les travaux de Lomé, permettent des réflexions approfondies sur les problèmes majeurs que connaissent l'Afrique et l'Europe et qui ralentissement la croissance.

Intervenant à son tour, le président nigérien, Mahamadou Issifou, a alerté l’assistance sur le déficit alimentaire qui frappe son pays et sur la menace de famine.

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Voici l'intervention du président Faure Gnassingbé

Je suis très heureux de prendre la parole au nom du peuple togolais pour vous souhaiter la cordiale bienvenue. Nous sommes un peuple qui a le sens de l'hospitalité….. qu'il réserve  à ses visiteurs et à ses frères; toutes les fois que nous pouvons accueillir des amis et des frères, c'est toujours un bonheur pour le peuple et son gouvernement. 

C'est donc avec beaucoup de joie que je voudrais dire à mon frère et ami, Monsieur le Président Issifou, combien nous sommes heureux de l'accueillir ici et le remercier d'avoir accepté cette invitation. Cette invitation est la reconnaissance des qualités du peuple nigérien, mais aussi de vos qualités d'homme d'Etat, d'opposant responsable et qui, comme vous le dites si bien, est un produit de l'Assemblée Parlementaire Paritaire ACP-UE, c'est dire que cette Assemblée produit non seulement des présidents, mais surtout des présidents démocratiquement élus. Lomé est un comme un des enfants chéris de ce partenariat entre les ACP et l'Union Européenne. 

Vous l'avez rappelé, quatre conventions ont été signées ici et Cotonou a pris ensuite le relais. Nous sommes heureux que ce soit nos voisins du Bénin qui ont pris la suite de ces conventions. Je voudrais vous féliciter tous pour la qualité des discours qui ont été prononcés et j'espère que vous comprendrez que je ne fasse pas un autre discours, tout a été dit ou presque, mais je voudrais m'autoriser quelques commentaires, parce que je trouve que le choix des points inscrits à l'ordre du jour est assez riche et intéressant.

Je voudrais relayer ce message du St Père qui, lors de sa visite à Cotonou, invitait les leaders du continent à réfléchir aux événements qui se sont produits dans le nord de l'Afrique. Ce qui s'est passé dans cette partie de l'Afrique, c'est d'abord une révolte des jeunes. Et notre jeunesse est une préoccupation pour nous. Le sous emploi et le chômage frappent cette jeunesse, qu'elle soit rurale ou urbaine, qu'elle soit éduquée ou non éduquée. Cette situation peut conduire à des comportements de désespoir et j'espère que vos recommandations viendront compléter nos réflexions dans ce domaine. 

Nous avons mené quelques actions à travers le programme de volontariat national et à travers le programme  AIDE et d'autres programmes, mais ce ne sont que des solutions qui ne feront que retarder l'inéluctable, la vraie solution, ce sera le développement et la croissance économique. 

Le deuxième point que je voudrais commenter c'est celui de la sécurité. Nous voyons tous que ce qui se passe en Somalie, la piraterie qui se développe dans les eaux territoriales de ce pays est un phénomène grave qui représente un coup pour le commerce mondial et donc une entrave pour notre développement. Le monde ne peut pas accepter que les eaux du Golfe de Guinée ressemblent  à celles de la Somalie et de la Corne de l'Afrique.

 Le coût serait exorbitant et plongerait je crois, notre sous région et notre continent dans une instabilité et une crise économique. Tirant les leçons de ce qui se passe en Somalie, nous voyons tous que la communauté internationale a négligé ce pays et ses difficultés.  Nous ne devons pas laisser que des zones de non droit s'installent dans nos régions, que ce soit dans le Golfe de Guinée ou dans le Sahel. Dans le Sahel, je salue l'action concertée du Niger, de l'Algérie, du Burkina, de la Mauritanie pour lutter contre ce fléau. 

Situations d'insécurité

Monsieur le Président, vous nous avez édifiés. C'est vrai que les crises en Afrique de l'Ouest favorisent  la prolifération des armes et lorsque ces armes tombent entre dans les mains de la jeunesse désœuvrée cela peut rapidement créer des situations d'insécurité qui nous déstabiliseront tous.

Le troisième point sur lequel je voudrais dire quelques mots, c'est celui de la crise qui frappe les pays européens. Nous savons en Afrique ce que sont les plans d'ajustements structurels, et nous ne pensions que ces plans d'ajustement pourraient un jour être appliqués à des pays industrialisés.

Je crois que nous ne pouvons pas ne pas interroger nos amis européens sur les solutions qu'ils comptent apporter à ces problèmes. Je pense que vous aussi chers amis européens, vous avez une lourde responsabilité dans la croissance mondiale et si vous avez, à un moment donné, commis des fautes, si y a eu quelque part, osons le dire, une mauvaise gouvernance de votre part, il faudra corriger cela. 

Nous sommes tous allés à la mondialisation de gré ou de force, aujourd'hui elle est là, il y a une interdépendance entre les régions et nous devons diversifier les zones de croissance. S'il n'y a pas de croissance dans les pays européens, je suis heureux de vous dire que notre continent constitue aujourd'hui une zone de croissance. Et ce que je souhaite, c'est qu'il faut éviter les égoïsmes, il ne faudrait  pas que l'aide au développement soit la variable à l'ajustement, d'autres solutions doivent être préconisées dans vos pays.  Nous sommes tous en train de travailler pour que l'Afrique devienne demain, une source de croissance suffisamment forte pour qu'elle puisse compenser les récessions qu'il peut y avoir aux Etats-Unis ou dans les pays européens. Il faudrait donc continuer à financer l'aide au développement. Aujourd'hui, il y a une contrainte budgétaire dans vos pays, mais pourquoi ne pas parler sérieusement, pourquoi ne pas penser sérieusement aux financements innovants. 

Je crois que la crise que nous vivons nous oblige à essayer toutes les solutions. Je pense que la solution des financements innovants est une bonne solution et elle peut constituer un supplément d'aide au développement telle qu'on l'a connue de façon classique. Nous vous demandons et nous vous prions de le faire. Pour résoudre cette crise, acceptez de nous écouter, nous pouvons avoir de bonnes solutions pour vous.

Le quatrième et dernier point de mon intervention concerne la justice internationale. Nous savons tous que c’est parce que vous n'en pouviez plus de l'impunité que vous avez créé la cour pénale internationale. Mais nous avons l'impression que ce sont les citoyens du continent qui sont traînés devant la Cour Pénale Internationale. C'est une perception qui peut ne pas être vraie, mais elle est là et si  nous voulons que la Cour Pénale Internationale soit crédible, nous devons aussi renforcer les systèmes judiciaires nationaux. La Cour Pénale Internationale doit être transitoire  et permettre que chaque pays, chaque Etat et chaque nation puisse juger des personnes qui sont coupables des crimes quels qu'ils soient. Mais aussi faire en sorte que la justice soit accompagnée de ce que nous sommes en train d'expérimenter ici. Nous nous sommes inspirés des cas de l'Afrique du Sud. La Commission Vérité, Justice et Réconciliation que nous avons mise en place permet aussi d'établir une certaine forme de justice.

Il faut que des gens s'expriment, que les victimes narrent ce qu'elles ont vécues, que les présumés coupables puissent raconter ceux qu'ils ont fait et pourquoi ils l'ont fait et qu'à la fin toute la nation en tire les leçons. C'est aussi important, le jugement à travers la justice que nous connaissons. 

Il faudrait que la Cour Pénale Internationale ait une durée de vie limitée, pas parce que nous voulons promouvoir l'impunité mais parce que la justice aura fait des progrès dans tous les pays et si nous ne pouvons pas amener les coupables à la Haye, que nous puissions les juger devant une Cour Pénale Africaine.

Je voudrais sur ces mots vous dire que le Togo est un des pays qui a pu bénéficier de l'assistance de l'Union Européenne et du partenariat ACP-UE. Le Togo a connu des difficultés pendant plusieurs années et vous nous  avez fait confiance, vous avez fait confiance aux réformes que nous avons engagées. Nous sommes heureux de vous recevoir ici aujourd'hui parce que vous avez la possibilité de voir que la confiance que vous avez placée en nous, nous ne l'avons pas trahie. Nous avons organisé des élections et je crois que la démocratie se consolide chaque jour au Togo, c'est aussi grâce à vous. Sur ce je voudrais déclarer ouverts les travaux de la 22ème session Parlementaire Paritaire ACP-UE. 

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