Diplomatie

Une Assemblée tournée vers l’avenir

Lors de la réception donnée dimanche par l’ambassadeur de France au Togo, Nicolas Warnery, à l’occasion du 14 juillet, le diplomate a longuement commenté la situation politique locale avec la tenue prochaine des élections législatives.

‘Tout doit être fait pour que ces élections soient incontestables et constituent une réelle avancée démocratique, ouvrant la voie, le plus rapidement possible, aux élections locales que tout le monde attend et à une poursuite des discussions sur les réformes politiques et institutionnelles évoquées, ces derniers mois, par les acteurs politiques. Tout doit être fait pour qu’il n’y ait, comme en 2010, pas une seule victime. Tout doit être fait pour que ce scrutin débouche sur l’élection d’une Assemblée pleinement légitime qui se tourne vers l’avenir et travaille au développement du pays’, a déclaré l’ambassadeur.

M. Warnery a également salué le combat mené par le Togo contre le terrorisme, la piraterie maritime et lutte contre le trafic de drogue.

Voici l'intervention de l'ambassadeur de France au Togo

Mes premiers mots seront, cette année, pour le Mali. Nous sommes intervenus ensemble, avec d’autres pays africains, dans ce pays qui risquait de s’effondrer sous les coups mortels du terrorisme et nous pouvons en être fiers. Le contingent togolais, qui s’y était préparé depuis des mois, a été le premier contingent africain arrivé à Bamako. Il est passé sous mandat des Nations Unies le 1er juillet. Nous avons mesuré à nouveau, dans cette crise, l’importance de l’assistance militaire technique et de la coopération en sécurité intérieure françaises qui aident les forces armées, la police et la gendarmerie togolaises à se préparer à des opérations de maintien de la paix sous casque bleu.

Cette coopération, menée souvent avec d’autres pays, nous permet également d’aider le Togo dans sa lutte contre la piraterie maritime, qui menace le port, atout économique n° 1 du pays. La France soutient, par ailleurs, les efforts du Togo en matière de renforcement de la sûreté aérienne et de lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue ou le commerce illégal d’essence de contrebande. Nous en sommes convaincus : Il n’y aura pas d’avenir heureux pour le Togo sans combat résolu contre la criminalité sous toutes ses formes. Malgré la crise qui sévit et perdure en Europe, la France poursuit son effort, en étroite liaison avec l’ensemble de ses

partenaires, en faveur du développement du Togo. L’AFD mène des programmes ambitieux en matière d’éducation, de formation professionnelle, de santé, d’eau et d’assainissement, d’infrastructures urbaines, de traitement des ordures, de microcrédit, d’agriculture et d’énergie. Le Service de coopération et d’action culturelle conduit des actions multiples dans le domaine de la gouvernance, qu’il s’agisse de finances publiques, d’enseignement supérieur ou de politique culturelle. Il agit aussi, directement, dans les domaines de la formation universitaire et de la recherche, de la santé, du développement durable, de l’appui à la société civile et de la francophonie. Il mettra de plus en plus l’accent, dans les années qui viennent, sur les projets de développement à la base pris en main, sur le terrain, par les communautés concernées. L’Institut français, fermé en 2013 du fait de sa réimplantation sur un nouveau site, rouvrira en janvier prochain et retrouvera son rôle de plateforme de diffusion et d’échanges culturels. Nous réfléchissons à nos projets des prochaines années en étroite coordination avec nos collègues de la délégation de l’Union européenne et de l’ambassade d’Allemagne.

J’aimerais insister sur deux grands défis qui continuent à nous inquiéter et que la France souhaite aider le Togo à relever : Le défi démographique, en premier lieu. La croissance très rapide de la population pose d’ores et déjà de redoutables difficultés en matière d’éducation, de santé, de soins et d’environnement. Peut-être demain en matière d’alimentation et d’habitat. C’est aujourd’hui qu’il convient de réagir. Car l’enjeu est le recul de la pauvreté, le décollage économique et l’enclenchement d’un cercle vertueux de développement durable. Un Togo dont la population continuerait à croître aussi rapidement ne s’en sortira pas. La France est disponible pour vous aider dans ce domaine stratégique.

Il reste aussi beaucoup à faire dans le domaine de la construction de l’Etat de droit. L’objectif est la mise en place d’un environnement transparent et prévisible sur les plans douaniers et fiscaux, la transparence des appels d’offre, le respect des arbitrages et, enfin, le bon fonctionnement de la justice dans le respect des textes et des droits de la personne. L’enjeu est la création de nouvelles entreprises et l’attraction de nouveaux investissements. Je pense, notamment, à l’exploitation des ressources minières et aux grands projets d’infrastructures comme le « corridor » qui supposent des partenariats public privé ambitieux, une démarche résolue visant au recul de la mauvaise gouvernance économique et une lutte déterminée contre les comportements de corruption ou de prédation. Là aussi, la France souhaite continuer à aider le Togo.

C’est dans ce cadre, transparent et prévisible, que les entreprises françaises entendent contribuer au développement de l’économie togolaise. Dans ce cadre, aussi, qu’interviennent les collectivités locales françaises qui ont noué des jumelages et mènent des programmes de coopération au Togo. Ainsi que les ONG françaises qui s’engagent du Nord au Sud du pays, chacune dans son domaine de compétence. Chaque année, des dizaines de volontaires français mettent leur jeunesse et leur enthousiasme au service du Togo, premier pays au monde pour l’accueil de volontaires français.

Je terminerai par la consolidation de la jeune démocratie togolaise. Il n’y aura pas de réel développement du pays sans confiance et respect entre la majorité et l’opposition, sans dialogue entre les principales forces politiques, sans élections libres et transparentes. La France, avec ses partenaires du groupe des 5, n’a pas ménagé ses efforts dans ce domaine, au cours des derniers mois. Elle se félicite des résultats obtenus ces derniers jours et salue tous ceux qui ont contribué à ces avancées.

La prochaine étape est celle des élections législatives. Tout doit être fait pour que ces élections soient incontestables et constituent une réelle avancée démocratique, ouvrant la voie, le plus rapidement possible, aux élections locales que tout le monde attend et à une poursuite des discussions sur les réformes politiques et institutionnelles évoquées, ces derniers mois, par les acteurs politiques. Tout doit être fait pour qu’il n’y ait, comme en 2010, pas une seule victime. Tout doit être fait pour que ce scrutin débouche sur l’élection d’une assemblée pleinement légitime qui se tourne vers l’avenir et travaille au développement du pays.

Au-delà de ces élections, l’œuvre de réconciliation déjà accomplie par la Commission Vérité, justice et réconciliation doit se poursuivre, se prolonger, pour atteindre et convaincre tous ceux qui n’ont pas encore demandé pardon ou qui n’ont pas encore pardonné et qui demeurent donc prisonniers du passé.

Monsieur le Ministre d’Etat, Mesdames, Messieurs,

Les défis sont donc nombreux et de taille. Il ne tient qu’à nous de les relever, ensemble, et d’aller vers la victoire.

Je salue, pour finir, les agents des services français qui quittent le Togo cet été et les remercie pour le travail qu’ils ont accompli.

Je remercie aussi tous ceux qui ont pris part à l’organisation de cette cérémonie. Vive la France, vive le Togo et vive l’amitié franco-togolaise.

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