Eco & Finance

L'empreinte de la BOAD est réelle en Afrique de l'Ouest

Christian Adovelande

La Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) dont le siège se trouve à Lomé fête cette année ses 45 ans.

L’institution de développement commune aux 8 pays de l’UEMOA joue un rôle pivot dans la promotion des économies de la région en aidant à la fois les gouvernement et le secteur privé.

Dans un entretien publié sur le site de la Banque, son président Christian Adovelande, rappelle les fondamentaux : promouvoir le développement équilibré des Etats membres et contribuer à la réalisation de l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest.  

45 ans après sa création, comme se porte la BOAD

Christian Adovelande : La Banque a renforcé sa gouvernance au fil des années. La transparence des opérations et des comptes, la mise en place d’un système de contrôle rigoureux, l’indépendance du système de contrôle externe, la performance du système informatique et la lutte contre la fraude et la corruption constituent le socle des récentes avancées de notre institution. 

C’est d’ailleurs entre autres, la combinaison de ces principes et la bonne situation financière de la BOAD qui lui ont permis d’obtenir auprès des agences de notation internationale Moody’s et Fitch dès 2015, les notes « Baa1 » et « BBB » correspondant respectivement à la 4ème et 3ème meilleures notes accordées par ces agences à des entités africaines notées par elles.

Les deux agences ont confirmé ces notes de la catégorie « Investment Grade » en 2016 et 2017 à travers des missions annuelles de revue de la notation. Grâce à ces notes, la Banque a réalisé avec succès deux opérations de levée de fonds sur le marché financier international pour un montant total de 1 600 millions USD, soit un peu plus de 900 Milliards de FCFA

Quelle est la réalité des engagements de la BOAD ?

Christian Adovelande : L’empreinte de la BOAD au sein de l’Union est réelle tant elle est impliquée dans le financement de la plupart des grands projets de développement promus par ses Etats membres au profit du bien-être des populations, dans les investissements productifs du secteur privé de l’Union, et dans la promotion d’initiatives et produits innovants  qui s’inscrivent toujours dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

A titre d’exemples, la BOAD a contribué au financement des grands projets d’infrastructures comme l’échangeur sur le boulevard Giscard d’Estaing et le 3ème pont à Abidjan, le nouvel aéroport Blaise Diagne de Dakar et l’autoroute Dakar-Diamniadio au Sénégal, la voie de contournement de la ville de Lomé (Togo), le vaste programme d’assainissement et de pavage de plusieurs villes au Bénin, la réhabilitation des voiries urbaines à Bissau.

On peut également mentionner des projets d’envergure comme la compagnie aérienne Asky. 

La BOAD a financé également plusieurs banques commerciales à travers la mise à disposition de lignes de refinancement et le financement du capital. Ces dernières années, elle a développé ses concours sous forme de lignes de crédit en faveur des fonds nationaux de finance inclusive et les institutions privées de microfinance comme ASUSU au Niger et KAFO JIGUENE au Mali. 

A ce jour, les concours de la Banque au profit de l’inclusion financière s’établissent à environ 475 milliards de Fcfa dont 300 milliards en faveur des institutions financières ou assimilées et 175 milliards pour le développement d’infrastructures de téléphonie mobile permettant un accès plus aisé des populations au Mobile Banking.

Au total, à fin décembre 2017, la BOAD a investi plus de 4 900 milliards dans l’Union pour la réalisation d’environ 1100 projets et drainé vers la région, par effet de levier, des investissements additionnels de 12 600 milliards.

Au mois de mars, la Banque a franchi la barre des 5 000 milliards de financement au profit des pays de la Zone UEMOA.

La BOAD est très impliquée dans les énergies renouvelables

Christian Adovelande : Oui car les Etats membres font partie des pays vulnérables face à la dégradation de l’environnement et aux changements climatiques. 

La BOAD a intégré, dès 2003, les questions environnementales et sociales dans ses opérations. Elle s’est donnée pour vision d’œuvrer à l’horizon 2020 pour des ressources naturelles gérées au profit d’un développement propre et résilient aux effets des changements climatiques.

(…)

L’objectif visé est de porter la mobilisation de ressources climat à 50 milliards par an d’ici 2021. Les premiers résultats ont été obtenus en 2017, avec la mobilisation des ressources climat sous forme de don de 1,3 milliards auprès du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) en faveur de la promotion des énergies renouvelables au Togo et 4,9 milliards du Fonds pour l’Adaptation (FA) destiné à assurer la promotion d’une agriculture climato-intelligente en Guinée Bissau.

Le rôle de la BOAD auprès du secteur privé est très important. Pouvez-vous préciser la stratégie ?

Christian Adovelande : Le secteur privé constitue un levier majeur dans les économies des Etats membres de l’UEMOA. Il participe à plus de 75% à la formation du Produit intérieur brut (PIB) et est composé pour l’essentiel de Petites et Moyennes Entreprises (PME) et de Très Petites Entreprises (TPE), qui restent confrontées à diverses contraintes dont les difficultés d’accès aux financements. 

Sur ce point, la BOAD accompagne le secteur privé dans la zone en finançant des projets dans divers domaines d’activité allant de l’industrie au tourisme et à l’hôtellerie en passant par la santé et le secteur de la production de ciment. Elle intervient sous forme de prêts à court, moyen et long termes qui s’adressent à toute société ressortissante de l’UEMOA ou étrangère désirant investir dans les 8 pays.

Au 31 décembre 2017, la Banque se situe à 1 083 milliards de financements pour le secteur privé répartis entre Institutions Financières Nationales (IFN) et promotion des PME pour un montant de 268 milliards, activités productives pour 691 milliards et des prises de participations de 124 milliards.

Ainsi, dans son rôle d’accompagnement, la BOAD a su faire de certaines entreprises des réussites nationales et sous régionales. C’est le cas par exemple des compagnies aériennes Asky et Air Côte d’Ivoire, du Groupe hôtelier Azalai avec l’implantation de réceptifs au Burkina Faso, en Guinée-Bissau, au Mali, et tout récemment en Côte d’Ivoire et dans le secteur de l’énergie électrique, le financement des centrales « Kounoune Power » et « Tobène Power » au Sénégal, « Azito Energie » et « CIPREL » en Côte d’Ivoire. 

Dans la promotion des énergies renouvelables, elle a récemment participé au financement du premier projet de centrale hydroélectrique promu par des opérateurs privés dans l’UEMOA. C’est le cas de la Société Ivoire Hydro Energy (IHE) en Côte d’Ivoire.

Pour que ce site Web fonctionne correctement et pour améliorer votre expérience d'utilisateur, nous utilisons des cookies. Retrouvez plus d'informations dans notre Gestion des cookies.

  • Les cookies nécessaires activent les fonctionnalités de base. Le site Web ne peut pas fonctionner correctement sans ces cookies et ne peut être désactivé qu'en modifiant les préférences de votre navigateur.