Eco & Finance

La croissance inclusive va occuper une place de choix

Avec des portefeuilles qui s’élèvent respectivement à 140 milliards de Fcfa et à 92 milliards, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) ont décidé d’accompagner le développement du Togo. Des montants significatifs qui ont été mobilisés en un temps record grâce à la mise en œuvre par les autorités de la stratégie de réduction de la pauvreté

« Notre souhait est que la stabilité politique soit assurée pour permettre une bonne mise en œuvre des programmes de développement que nous finançons pour le bénéfice ultime des populations togolaises », souligne Hervé Assah (photo), le Représentant Résident de la Banque mondiale au Togo, dans un entretien accordé à Republicoftogo.com.

M. Assah souligne, par ailleurs, que le taux de décaissement en faveur des différents projets est satisfaisant ; signe que leur mise en œuvre suit le cahier des charges fixé entre le gouvernement et les deux institutions.

Republicoftogo.com : Au terme de la revue conjointe Gouvernement togolais / Banque mondiale / Banque africaine de développement qui a eu lieu la semaine dernière, il s'est révélé qu'en deux ans seulement, les deux institutions ont engagé plus de 232 milliards FCFA dans des projets au Togo. Comment expliquez-vous cet investissement massif en un si laps de temps ?
 

Hervé Assah : Je voudrais pour commencer, exprimer notre satisfaction pour la tenue de l’atelier sur la Revue des portefeuilles de la Banque mondiale et de la BAD qui a été un succès grâce à la bonne coordination des actions par le gouvernement, et également grâce à toutes les équipes qui sont impliquées dans la gestion quotidienne des deux portefeuilles.  L’Atelier a connu une très forte participation et les discussions ont été d’un niveau très élevé. Cette forte participation démontre tout l’intérêt que nos interlocuteurs ont pour les opérations que nous finançons pour le Togo, et cela est très encourageant pour nous.

Ceci étant, je rappelle que nos portefeuilles actuels s’élèvent respectivement à environ 140 milliards de francs CFA pour la Banque mondiale, et à 92 milliards pour ce qui concerne la BAD. Cela fait effectivement un total de 232 milliards de francs CFA engagés par les deux institutions, entièrement sous forme de dons.  Ces investissements sont effectivement importants comme vous le soulignez dans votre question, et sont destinés à soutenir des interventions dans divers domaines, notamment : les infrastructures, l’agriculture et le développement rural, le développement communautaire, le secteur privé, l’emploi des jeunes, l’assistance technique, le renforcement des capacités, l’éducation, l’appui budgétaire, les changements climatiques, etc. 

Nous avons pu mobiliser ces investissements en un laps de temps, comme vous le dites, tout simplement parce que le Togo s’est doté d’une stratégie (le DSRP) qui a défini de façon assez claire les priorités de développement du pays. Ce document nous a permis de cibler nos interventions selon les besoins identifiés par le pays d’une part, et selon les moyens dont nous disposons d’autre part, tout en assurant la complémentarité de nos actions respectives.  Il faut aussi noter que lorsque nos deux institutions se sont ré-engagées au Togo en 2008, le pays sortait d’une longue crise socio-économique qui avait sérieusement affecté le tissu économique et social.  Il fallait donc aller très vite, avec des projets d’urgence, pour soutenir les secteurs les plus durement touchés, comme celui des infrastructures par exemple. Et c’est exactement ce que nous avons fait.

Republicoftogo.com : Les réformes conduites par le gouvernement pour créer un cadre macroéconomique stable vous paraissent-elles fiables ? Que conseilleriez-vous à l'Etat togolais pour renforcer ce cadre ?
 

Hervé Assah : Après notre ré-engagement au Togo en 2008, nos premiers financements étaient destinés à soutenir le Togo dans la mise en œuvre des réformes économiques et structurelles destinées à assainir le cadre macroéconomique. Les différents appuis budgétaires que nous avons apporté dans ce sens -- au total 5 ; et je rappelle que la signature de l’Accord de Financement pour le 5ème appui budgétaire est intervenu le 15 juin dernier-- ont aidé le Togo à mettre en œuvre des réformes spécifiques visant à améliorer la gouvernance économique,  la gestion des finances publiques, et à améliorer la gouvernance des secteurs clés de l’économie nationale, tels que les phosphates, le coton, l’énergie et les télécommunications. Nous saluons les efforts qui ont été faits dans ce sens et qui ont permis d’utiliser les ressources publiques de manière optimale et efficace, avec pour cible principale, le financement de la relance économique et sociale du pays. 

Toutefois, nous encourageons le gouvernement à poursuivre et à intensifier les réformes pour pouvoir accélérer la croissance, en développant quelques pôles de croissance potentielle comme les services de transit et logistique (transport, port, services financiers, technologies de l’information), l’agriculture (coton, cacao, café, riz), les mines et le tourisme, tout en consolidant les infrastructures et la capacité du capital humain. Cela permettra de créer des emplois générateurs de revenus, de créer de la richesse et partant, de permettre une meilleure inclusion de toutes les couches sociales et de réduire la pauvreté. Quant à nous, nous restons disponibles pour apporter tout notre appui dans ce sens.

 Republicoftogo.com : La Banque mondiale et la BAD seraient-elles prêtes à s'engager sur d'autres projets dans les mois à venir au Togo ? Si oui dans quels domaines ?
 

Hervé Assah : Tout à fait ! Pour ce qui concerne la Banque mondiale, nous avons élaboré une stratégie intérimaire 2012-2013, qui sert de cadre de référence pour nos interventions.  Il s’agit d’une stratégie intérimaire, parce que nous attendons la finalisation et l’adoption du second Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté que le Togo est en train d’élaborer.  Lorsque ce document sera prêt, la Banque va élaborer une stratégie complète (sur 3 ou 4 ans) pour soutenir la mise en œuvre du DSRP-2, et il est évident que nous allons élaborer de nouveaux projets et programmes dans ce sens. Mais compte tenu de ce qui précède et de la teneur de la nouvelle Stratégie de la Banque mondiale pour l’Afrique, je puis vous dire que les projets permettant l’accélération d’une croissance inclusive et créatrice d’emplois, le renforcement de la résilience aux changements climatiques et le renforcement des capacités occuperont une place de choix.  

Il en sera de même pour la BAD dont la stratégie actuelle qui s’étend à 2015 sera revue à mi-parcours de sa mise en œuvre (en 2013) pour prendre en compte les axes de développement prioritaires du nouveau DSRP.

 Republicoftogo.com : L'un des facteurs qui ont milité en faveur de la reprise de la coopération des deux institutions financières internationales et d'autres partenaires avec le Togo, reste retour de la stabilité politique. Pensez-vous que le gouvernement togolais est encore en mesure d'assurer cette stabilité politique et l'apaisement social surtout avec la tension qui commence à monter au sein de la classe politique?

Hervé Assah : Notre souhait est que la stabilité politique soit assurée pour permettre une bonne mise en œuvre des programmes de développement que nous finançons pour le bénéfice ultime des populations togolaises.

Republicoftogo.com : Des journaux privés ont affirmé en début de semaine que 45% de l'aide accordée au Togo par la BM et la BAD avait été détournée. Ils évoquent une "investigation" menée par les deux institutions qui  laissent apparaître une "gestion mafieuse". De lourdes accusations.  Qu'en est-il exactement ?

Hervé Assah : Nous avons effectivement vu ces articles et avons été surpris de l'interprétation erronée qui a été faite de ce qu’est en réalité un taux de décaissement. 

Pour la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, le taux de décaissement d’un projet et par extension celui d’un portefeuille, est un des indicateurs de la bonne santé de ce portefeuille.  Lorsque les projets décaissent de façon satisfaisante, cela prouve que la mise en œuvre de ces projets se passe bien.  Un taux de décaissement de 45% pour des portefeuilles jeunes comme les nôtres est une bonne chose.  Cela veut dire que pour un montant total alloué à un projet qui dure cinq ans en moyenne, 45% de ce montant total a été utilisé pour financer les activités du projet à la date d’aujourd’hui et que le reste soit 55% des fonds sera utilisé progressivement dans le cadre du projet entre aujourd’hui et les années qui restent à courir avant la fin du projet. 

Toutefois, nous pensons que ce taux de décaissement pourrait être amélioré. Des recommandations issues de la revue des portefeuilles de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement au Togo ont été donc faites dans ce sens.

Mais ce qu’il faut retenir, c’est que globalement, les portefeuilles de la BAD et de la BM au Togo se portent plutôt bien, et ne souffrent d'aucun problème majeur. 
 

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