Idées

Dérives judiciaires et médiatiques dans l’affaire DSK

Toute l'accusation pesant sur Dominique Strauss-Kahn reposait sur un postulat.

La femme de chambre guinéenne Afissatou Diallo était une oie blanche vertueuse et ses déclarations devaient être prises pour argent comptant.

Les investigations du procureur révélées dans une lettre aux avocats de DSK démontrent que l'on peut difficilement accorder crédit aux divagations de cette personne.

Il apparait que la prétendue violée était liée à un trafic de drogue, qu'elle avait délibérément menti pour obtenir le permis de séjour aux USA en invoquant notamment avoir été violée.

Dans ces circonstances, le procureur a revu à la baisse les contraintes pesant sur DSK. L'ancien directeur du FMI est libre de ses mouvements et il voit libérée la caution de six millions de dollars qu'il avait du fournir. Mais son passeport ne lui est pas restitué, le procureur maintenant pour l'instant les chefs d'accusation prévus.

Même si DSK reste toujours inculpé, il est peu probable que l'affaire puisse être conclue à son désavantage.

On est en droit alors de se poser deux questions.

La justice a mis en cause gravement DSK sans discernement et elle a créé ainsi un préjudice considérable; L'histoire retiendra les images d'un Strauss-Kahn menotté.

Les journalistes doivent eux aussi battre leur coulpe. Ils se sont contentés dans un premier temps de recopier les thèses de l'accusation donnant l'impression que le journalisme d'investigation n'est qu'un  simple travail de recopiage des rapports de police

Il existe, il est vrai, un décalage entre le temps de la justice et celui des médias.

La justice a besoin de temps pour établir ses convictions. Le journaliste doit traiter dans l'immédiat les sujets de l'actualité.

Il faut donc que les journalistes  soient prudents dans la mise en cause des personnes et que la justice ne se donne pas en spectacle tant que les rivières des enquêtes n'ont pas rejoint le grand fleuve de la vérité.

Charles Debbasch*

*Spécialiste des institutions, Charles Debbasch a été doyen de la Faculté de Droit d'Aix, puis Président de l'Université de cette ville et Président de la Conférence Nationale des doyens des Facultés de Droit.
 

Il a dirigé le Groupe de presse français Dauphiné Libéré -Lyon Matin pendant plus de dix ans.
 

Il est ministre, conseiller spécial du Président de la République du Togo 

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