Idées

Les deux faces de la démission du Pape

Avec audace,  Benoit XVI a présenté sa démission estimant qu’il n’était plus en état d’exercer le pontificat. Cette initiative a été approuvée par  les uns et critiquée par les autres. Cette ambivalence s’explique par la dualité de la fonction du pape.

Etre pape c’est exercer une mission sacrale au service de l’Eglise. Le pape est l’Eglise dans son essence. Il porte la parole divine. En ce sens ,sa personne est au dessous de sa mission. Incarnant l'Eglise, il ne peut pas l’abandonner pour de vulgaires considérations de santé.

Mgr Roland Minnerath, évêque de Dijon, dans une intervention sur les ondes de la radio chrétienne, RCF,  affirme « comprendre le désarroi de nombre de fidèles » qui se demandent pourquoi « il n’est pas resté jusqu’au bout ». « Jean Paul II nous avait donné un exemple de ce qu’est la fidélité à l’appel», explique l’évêque. « Quand on est pape, on assume jusqu’à la mort. Cela a toujours été comme cela et l’Eglise s’en est bien tirée de cette manière. Si on introduit un critère d’efficacité, c’est un critère tout à fait valable dans le gouvernement des choses temporelles mais l’exercice du pontife c’est autre chose. C’est d’être un témoin, à tous les âges, quand on est en bon état et quand on est fatigué ».

Mais le pape a une seconde fonction. Il est un chef d’Etat, le ‘’patron’’ d’une lourde administration et cette fonction exige force, autorité et disponibilité. A ces divers titres,  Benoit VI a pu penser qu’il était dépassé et qu’il ne pouvait plus gouverner. Laisser la place à un autre permettra de moderniser le gouvernement de  l’Eglise.

Le souverain pontife a été frappé par le Vaticangate qui a montré une administration vaticane gangrenée par les traitrises et les scandales. Dans son homélie lors de la dernière messe publique qu’il a  célébrée,   le pape a clairement exprimé combien il avait été touché par cette crise. : "La lecture de l'Ancien Testament invite tous les chrétiens à réfléchir sur l'importance du témoignage de la foi et de la vie chrétienne pour chacun d'entre nous et pour notre communauté. Ce visage de l'Église est parfois défiguré. Je pense en particulier aux fautes contre l'unité de l'Église, aux divisions dans le corps ecclésial.’’

La démission papale, même si elle n’est pas tout à fait conforme à la philosophie du pontificat, apparait ainsi  comme un geste de courage pour faire triompher la modernité sur l’opacité et sur la sclérose.

Koffi SOUZA

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