On a beaucoup insisté depuis quelques mois sur le renouveau démocratique dans les pays arabes. L’Afrique noire avait connu son printemps démocratique dans les années 90. Le début du vingt unième siècle est marqué, en cette année 2011, par des révolutions populaires dans les pays arabes.
Tour à tour la Tunisie, l’Egypte et la Libye ont vu imploser des pouvoirs établis sous la poussée populaire. D’autres actions sont en cours en Syrie ou au Yémen, par exemple. Tous ces mouvements ont un support commun : la remise en cause par les citoyens de pouvoirs autocratiques vieillis. Ils ont tous débuté par une contestation localisée du pouvoir qui s’est propagée comme un virus indestructible.
On constate que, dans la plupart de ces pays, l’expression politique était étroitement enfermée dans une expression unique. Tel était le cas en Tunisie tandis que dans les Etats qui comportaient des fenêtres de liberté comme le Maroc la contestation a été absorbée par les mécanismes constitutionnels.
Il est sans doute trop tôt pour porter un jugement définitif sur ces révolutions en cours. On peut simplement pour l’instant se concentrer sur une appréciation globale.
Le nouvel élan démocratique s’appuie sur un réveil des peuples qui veulent davantage participer à la gestion des affaires .En ce sens, le renouveau démocratique est incontestable. Il s’appuie sur une revendication d’une plus large liberté et sur l’acceptation du pluralisme politique dans des systèmes qui étaient largement monocratiques. Il faudra s’habituer à cette nouvelle exigence populaire qui s’accompagne d’une vague consumériste : les peuples jugent leurs pouvoirs et apprécient leur degré de fiabilité et de réussite et sanctionnent les gouvernements inefficaces ou corrompus.
Pour l’instant, les nouveaux régimes doivent canaliser une expression populaire qui pour avoir été trop longtemps interdite déferle sans limites. Il faut donc éviter l’anarchie sur laquelle peuvent s’appuyer les partisans de l’ordre ancien. Il convient aussi de se garder des revanches tribales ou régionalistes qui, peuvent empoisonner la vie des nouveaux pouvoirs comme cela s’est passé et continue de se dérouler sous nos yeux en Irak.
La situation libyenne exige par exemple de grandes précautions, l’intervention étrangère ayant été prédominante dans l’installation du nouveau pouvoir.
L’ouverture démocratique peut aussi bénéficier aux extrémistes religieux qui cherchent à profiter du nouvel élan de recherche identitaire.
Voila pourquoi le renouveau démocratique dans les pays arabes s’inscrit plus au futur qu’au présent. Il reste en tout état de cause un impératif
Koffi Souza