Idées

Un succès et de profondes mutations politiques

Les résultats provisoires des élections présidentielles au Togo proclamés par la Céni révèlent le succès incontestable de Faure Gnassingbé et annoncent de profondes mutations politiques.

LA VICTOIRE DE FAURE GNASSINGBE

C’est sans conteste une belle victoire que celle que vient de remporter le président sortant. Il distance son principal concurrent, Jean-Pierre Fabre, de plus de 550000 voix. La campagne de proximité que le président a conduite est pour beaucoup dans ce succès. L’action de concorde nationale qu’il a inlassablement menée a également été très bien appréciée par les électeurs .Malgré la modestie et la discrétion du Président, la mise en évidence de son bilan a été appréciée favorablement.Les Togolais commencent à percevoir les conséquences positives de cette action et ils ont voulu encourager le chef de l’Etat à poursuivre dans cette voie.

L’ECHEC DE JEAN-PIERRE FABRE

Jean-Pierre Fabre a, au contraire, souffert de son positionnement extrémiste. Trop pressé de se débarrasser de Gilchrist Olympio, il a vu les rangs de l’UFC se clairsemer. Certains des partisans de Gilchrist se sont réfugiés dans l’abstention ; d’autres se sont reportés sur Faure. Le comportement emporté de Fabre ne l’a pas davantage aidé. Les électeurs ne veulent plus avoir à souffrir des luttes politiques. Ils souhaitent le progrès dans la paix et non ''l’alternance ou la mort’’.Son alliance avec Kofi Yamgnane -le candidat rejeté par la Cour Constitutionnelle à cause de son défaut de domiciliation au Togo et de ses deux dates de naissance- ne l’a pas davantage aidé. Le discours de l’ancien vice-ministre français était en effet complètement décalé par rapport aux réalités togolaises et participait plus du caractériel que du caractère.

La révélation de l’alliance de l’ancien député breton avec le sulfureux capitaine Barril et le commandant Boko est apparue aux électeurs comme une dangereuse résurgence d’une vieillotte francafrique dont la France elle-même ne veut plus. Enfin, Fabre a pâti de son absence d’expérience professionnelle ou politique qui n’a pas inspiré confiance aux électeurs.

LES MUTATIONS POLITIQUES

-L’accentuation de la bipolarisation de la politique togolaise Seuls deux candidats émergent du lot. Tous les autres sont écrasés et ne dépassent pas la barre des 5%
Quatre d’entre eux ne franchissent pas le1% et le leader du CAR se situe dans un étiage de 3%.

Tout ceci démontre que la controverse sur le rétablissement d’un second tour était assez vaine. Elle méconnaissait une des grandes lois de la sociologie électorale : les électeurs adaptent leur comportement à la loi électorale. Lorsqu’il n’y a qu’un seul tour, les votes se concentrent sur les principaux candidats. Les votants ont au tour unique un comportement de second tour.

-La crise de l’UFC .A l’évidence, la crise de succession n’a pas fini de produire des conséquences. Gilchrist et ses partisans n’ont pas digéré la méthode employée par Fabre pour s’emparer de la candidature. Ils sont convaincus que le secrétaire général est le véritable responsable de l’éviction du Président du parti. Ils pensent, sans doute à juste raison, que sans la candidature de Fabre, il aurait été possible de faire admettre celle de Gilchrist. Cela explique le service minimum de Gilchrist en faveur de Fabre. Une messe d’enterrement plutôt qu’une béatification. Nombre d’électeurs traditionnels de l'UFC ont compris le message en s’abstenant ou en votant pour Faure Gnassingbé. Dés lors, la crise à l’intérieur de l’UFC ne fait que commencer et l’échec de Fabre remet en selle Olympio dont le silence est plus assourdissant que le déluge verbal de Fabre.

-L’évolution de la majorité. Si Faure a remporté si largement le vote, c’est parce qu’il a su élargir son champ politique. Fidèle au RPT qui lui a apporté un soutien sans réserves, le chef de l’Etat a su mobiliser d’autres énergies politiques et sociales. C’est ce qui explique sa progression dans des zones géographiques jusqu’ici fermées au parti crée par Eyadema.il reste à présent à capitaliser cet élargissement et à donner à la majorité une structure nouvelle. Alors et surtout que les résultats des présidentielles laissent les électeurs des petits partis en déshérence.

L‘élection présidentielle ne marque pas seulement la victoire de Faure Gnassingbé, elle annonce une profonde recomposition du paysage politique.

Koffi Souza

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