Idées

Wiki néant

Les États sont devenus des monstres de technologie. Ils stockent des quantités d’informations sur chacun d’entre nous. Mais. l’affaire Wikileaks vient nous rappeler que ce sont des colosses aux pieds d’argile puisqu’un simple particulier est capable de soustraire des milliers de documents confidentiels au Département d’état américain et de les publier sur Internet.
Cette affaire qui bouleverse la diplomatie mondiale appelle plusieurs observations.
On serait tenté dans un premier temps de l’attribuer au pouvoir déstabilisateur d’Internet. Sur la toile, chaque citoyen devient un journaliste en puissance et peut publier ce que bon lui semble sans que nos sociétés aient trouvé jusqu’à présent des parades adaptées. C’est sur ce terrain de la régulation que les autorités ont tenté d’agir en dissuadant les hébergeurs d’offrir leurs outils au vilain propagateur.
Le reproche adressé à Internet me parait cependant mal fondé pour deux raisons. Tout d’abord, les plus grands journaux de la planète ont accepté de publier les documents volés et de les offrir à leurs lecteurs au nom de la liberté d’information. D’autre part, il y a belle lurette que de prétendus journalistes publient des documents soustraits sans que nul ne s’en émeuve en prétendant se livrer à un journalisme d’investigation alors qu’ils sont les simples recopieurs de documents qu’ils se sont procurés en dehors des règles légales. Le véritable journaliste d’investigation enquête, recoupe, analyse .Il n’est pas une simple machine à photocopier ou à scanner. La dérive Wikileaks est donc une simple extension des pratiques d’un abusif journalisme d’investigation qui présente comme une œuvre originale un photoco-pillage.
La seconde observation se rapporte à la vulnérabilité des techniques modernes. Si des gamins peuvent pénétrer les systèmes informatiques sophistiqués, on imagine ce que peuvent accomplir des spécialistes en franchisant les frontières des banques de données les plus confidentielles. L’insécurité informatique est la règle et le secret l’exception.
Cette affaire incite aussi à s’interroger sur la dictature de la transparence.
Il n’est pas d’Etat organisé sans la protection des données essentielles à sa sécurité et à sa défense.
Il n’y a pas de vie privée possible s’il est loisible d’espionner quiconque et de livrer sa vie intime à la clameur publique. Un tribunal français n’a t il pas trouvé légitime que le maitre d’hôtel de Madame Bettencourt l‘enregistre a son insu et que les documents ainsi illégalement rassemblés soient divulgués et invoqués dans des instances judiciaires? N’a –t-il pas fallu une loi pour protéger les services secrets français contre des perquisitions?
On doute cependant que les documents publiés mettent en péril le géant américain. Il semble en effet que les ambassadeurs frustrés d’être dépossédés de l’essentiel en raison des rencontres directes des gouvernants cherchent à se rattraper sur l’anecdotique.
Je ne pense pas que les relations diplomatiques américaines se trouveront perturbées par la relation des amours illégitimes de tel Chef d’Etat ou par la sympathique apparition d’un chien et d’un lapin lors d’un entretien entre Nicolas Sarkozy et un ambassadeur américain.
De minimis non curat praetor.
Koffi Souza

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