Médias

Le Monde et le Togo selon Philippe Bernard

Comme à chaque élection au Togo, Philippe Bernard du quotidien Le Monde, propose à ses lecteurs une analyse experte de la situation politique locale. Cette fois encore, il ne déroge pas à la règle.
L’introduction donne la tonalité : « Dans un pays pauvre, connu pour ses scrutins truqués et ses émeutes réprimées dans le sang, la réélection de Faure Gnassingbé, 43 ans, fils du général Eyadéma, l'homme fort du Togo pendant trente-huit ans, ne fait guère de doute ». C’est clair, le journaliste lit dans une boule de cristal pour pouvoir annoncer la victoire de Faure avant le 4 mars.
Philippe Bernard croit savoir que l’invalidation de la candidature de Kofi Yamgnane est une volonté du pouvoir « qui craignait que M. Yamgnane, doté de solides relais médiatiques en France, ne prive le président sortant de voix dans le nord du pays, dont les deux hommes sont originaires ».
C’est mal connaître la réalité électorale du Togo. M. Yamgnane, qui ne s’est jamais présenté à aucune élection, n’a ni parti, ni militants sur place et mène son combat par le biais d’une association de droit français.
Quant à sa représentativité dans le nord comme dans le reste du pays, elle est inexistante . Il doit sa notoriété toute relative à la promo dont il a bénéficié dans les médias français ces derniers mois.
Les partis de l’opposition comme l’UFC et le CAR, implantés depuis des décennies, peuvent eux compter sur un réel soutien d’une partie des Togolais.
Le Monde accorde toutefois un peu de crédit à l’action de Faure Gnassingbé à la tête du pays : « (…) le jeune président a obtenu le retour des financements européens interrompus pour cause de violence, instauré la gratuité de l'école primaire et tenté de pacifier le pays. Les Togolais, longtemps terrorisés par le régime, jouissent d'une certaine liberté d'expression », écrit Philippe Bernard qui reproche au chef de l’Etat « d’avoir conservé comme conseiller Charles Debbasch, le juriste français condamné dans l'affaire Vasarely, concepteur de l'habillage juridique qui permit à Faure Gnassingbé de s'installer dans le fauteuil de son père - avec le soutien de l'armée - dès la mort de celui-ci, en février 2005 ».
Le journaliste se trompe et induit ses lecteurs en erreur. Charles Debbasch a obtenu satisfaction et la condamnation qui le visait a été déclarée nulle et non avenue.
Enfin, Le Monde tente d’accréditer la thèse d’une tension entre Lomé et Paris, assurant que « Nicolas Sarkozy a pris ses distances » et qu’il ne s’est jamais rendu au Togo.
De nombreux pays africains n’ont jamais reçu la visite du président français. Cela en fait-il pour autant des parias ?
Sans doute pas.

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