Politique

Croissance partagée

La série de présentation des vœux au chef de l’Etat a débuté mardi matin avec ceux du Premier ministre et de son gouvernement. Gilbert Houngbo (photo) s’est adressé au président de la République pour dresser un bilan de l’année écoulée au Togo et définir les priorités pour 2012.

M. Houngbo a rappelé que les attentes de la population étaient fortes, malgré les efforts menés par le gouvernement. Il a, notamment, évoqué l’éducation, l’emploi, le pouvoir d’achat ou la lutte contre la corruption.

«  (…) le gouvernement reste et restera fidèle à son engagement, caractérisé par le labeur et l’effort pour renforcer les bases d’une société solide, stable, juste, d’une économie prospère, d’une diplomatie performante et agissante », a affirmé le Premier ministre qui n’a pas caché que sa mission était rendue plus compliquée par un contexte économique international difficile marqué par la crise financière.

Toutefois, M. Houngbo s’est voulu résolument optimiste : « (…) nous avons les moyens de faire partie des pays qui peuvent prétendre réussir, dans les années à venir, dans le domaine de la croissance, d’une croissance partagée et de la lutte contre la pauvreté. », a-t-il indiqué.

Le gouvernement a dans son viseur la hausse du pouvoir d’achat.

Sur le plan politique, Gilbert Houngbo a évoqué la tenue en 2012 de consultations électorales. « L’occasion pour le débat politique de gagner en intensité », a-t-il indiqué.

« J’ai foi au discernement du peuple togolais pour faire le choix de l’avenir, en se montrant attentif aux discours et pratiques politiques qui consolident notre volonté de vivre-ensemble, plutôt qu’à ceux qui la fragilisent ». Une allusion à certaines formations de l’opposition qui semblent ne pas vouloir jouer le jeu de la démocratie.

En réponse aux voeux exprimés par le Premier ministre, Faure Gnassingbé a félicité les membres du gouvernement pour les résultats obtenus en 2011. 

Il leur expressément demandé d'être attentifs aux revendications sociales que connait le Togo depuis le mois de décembre et de poursuivre le dialogue avec les enseignants et les étudiants. 

"Quels que soient les efforts que nous déployions, quels que soient les succès que nous rencontrons, ils seront dérisoires si au centre de notre politique, nous n'avons pas le souci de l'homme et de sa position", a déclaré le président.

Il également demandé aux enseignants de s'abstenir de lancer des ultimatums et les a invité et s'engager dans le dialogue avec le gouvernement. 

Aux étudiants, Faure Gnassingbé a réaffirmé la volonté du gouvernement de consentir des efforts supplémentaires pour résoudre la crise universitaire, mais il émis le souhait que les universités jouent pleinement leur rôle de formation et d'enseignement et ne soient pas une arène politique.

 Voici l’intervention du Premier ministre

Excellence Monsieur le Président de la République,

Au début de cette nouvelle année 2012, je me réjouis de présenter, au nom du Gouvernement, nos vœux ardents de bonne santé, de bonheur et de prospérité à vous-même, à votre famille et à tous ceux qui vous sont chers. 

Au cours de l’année écoulée, le gouvernement s’est efforcé, sous votre autorité, à chercher et à mettre en œuvre, dans tous les domaines socio-économiques les actions multiformes ayant pour objectif l’amélioration des conditions de vie des Togolais et le développement du pays. Que ce soit dans les domaines sociaux ou dans les secteurs structurants, en matière de consolidation de la démocratie, de réconciliation nationale,  des actions vigoureuses ont été entreprises, dans un contexte économique international difficile marqué par une grave crise financière, afin de promouvoir le bien-être de nos populations et la reconstruction du pays. 

Malgré nos efforts, les attentes demeurent grandes devant les chantiers gigantesques, qu'il s'agisse de la santé, de la sécurité, de l'éducation, de l'emploi, du pouvoir d'achat, de la qualité de la vie, de la promotion des droits humains, des infrastructures, de l’agriculture, de la lutte contre la corruption, etc.…, des enjeux qui préoccupent toujours et naturellement nos compatriotes.

Excellence Monsieur le Président de la République,

Le combat au service de la patrie est un effort sans relâche. C’est pourquoi le gouvernement reste et restera fidèle à son engagement, caractérisé par le labeur et l’effort pour renforcer les bases d’une société solide, stable, juste, d’une économie prospère, d’une diplomatie performante et agissante. 

J’ai une foi inébranlable en notre capacité collective à relever ces défis qui jalonnent le chemin difficile mais exaltant de notre développement. Mais pour y arriver, nous devons désamorcer les tensions qui traversent aujourd'hui notre société, et qui risquent d’affecter notre pacte républicain, celui de la cohésion nationale. Ce combat qui est au cœur de votre engagement et de celui du gouvernement doit être un engagement commun à nous tous Togolais. Nous devons toujours faire le choix du dialogue comme moyen de règlement de tous nos différends quelles que soient nos préoccupations et frustrations. Le dialogue et la concertation restent et demeurent les fondements même de la démocratie pour laquelle chacun se bat. 

Excellence Monsieur le Président de la République, 

La tâche du gouvernement est certes lourde, mais nous avons les moyens de faire partie des pays qui peuvent prétendre réussir, dans les années à venir, dans le domaine de la croissance, d’une croissance partagée et de la lutte contre la pauvreté. Le travail à accomplir est évidemment considérable. C’est pourquoi les temps à venir devront être mis à profit afin de tirer le meilleur parti de nos efforts. Dans ce tournant, le soutien accru des partenaires, tant bilatéraux que multilatéraux, sera,  à n’en point douter, un puissant facteur d’accompagnement et d’accélération, en vue de l’atteinte des principaux objectifs de développement économique et social durable du pays.  

Pour l’année 2012, le gouvernement continuera à travailler, sous votre conduite, pour la consolidation des acquis démocratiques, la promotion des droits de l’homme, la lutte  contre la corruption, l’insécurité et la criminalité, le développement des  secteurs productifs et l’amélioration du cadre social avec, notamment, la mise en œuvre effective de l’assurance maladie au profit de tous les agents de l’Etat,  et de mesures diverses favorisant la hausse du pouvoir d’achat des Togolais. Au bout de l’effort, chaque Togolais doit en ressentir les bienfaits : une meilleure formation pour nos enfants, des services de santé de qualité et accessibles, la liberté et la sécurité pour tous, un habitat décent pour chacun et des opportunités d’emplois bien rémunérés pour tous, etc.

Redistribution appropriée

Excellence Monsieur le Président de la République,

Les performances de l’économie togolaise ont été saluées par tous, et nous mettrons tout en œuvre pour qu’elles s’améliorent davantage, à travers une gestion rigoureuse et efficiente des ressources, une bonne exécution des programmes de développement et la lutte contre la corruption. 

Les fruits de cette croissance retrouvée devront d’ailleurs faire l’objet d’une redistribution appropriée à l’ensemble des couches socioprofessionnelles à travers la revalorisation du pouvoir d’achat des ménages, le soutien au monde rural par la mise à disposition d’intrants agricoles à prix réduits,  les projets novateurs et intégrateurs, les différentes opérations et actions à caractère social, et bien d’autres initiatives visant l’épanouissement des Togolais. 

Au plan diplomatique, notre présence sur la scène sous régionale, africaine et internationale s’est faite davantage remarquer, avec l’entrée  du Togo au Conseil de Sécurité. Avec ses partenaires, notre pays continuera à œuvrer pour le développement d’une coopération mutuellement bénéfique, prenant en compte les aspirations du peuple togolais et les intérêts vitaux de la nation. 

Excellence Monsieur le Président de la République,

A la différence de l’année écoulée, 2012 sera une année électorale et, de ce fait, l’occasion pour le débat politique de gagner en intensité. J’ai foi au discernement du peuple togolais pour faire le choix de l’avenir, en se montrant attentif aux discours et pratiques politiques qui consolident notre volonté de vivre-ensemble, plutôt qu’à ceux qui la fragilisent. Notre démocratie doit gagner en maturité au moment de ces consultations. Le gouvernement s’engage, pour sa part, à tout mettre en œuvre pour que ces échéances se déroulent de manière à renforcer la cohésion nationale et l’Etat de droit au Togo. Nous comptons beaucoup sur notre société civile que nous voulons plus active, plus outillée, plus indépendante,  bref plus professionnelle pour être l’expression de cette vitalité du jeu démocratique dans notre pays, ainsi que de cette diversité d’opinions qui s’expriment et participent aux débats sur la vie de la nation.
 
 Que cette confrontation d’idées, si nécessaire dans toute démocratie, n’ébranle en rien ce climat apaisé, de par la volonté et le sens de responsabilité de tous les acteurs, qui ont fait confiance aux différents cadres de concertation judicieusement mis en place.

Le développement intégral du Togo passe par un enracinement profond des valeurs morales, culturelles et spirituelles fondées sur le respect de la dignité de la personne humaine et sur la reconnaissance et l'exercice effectif de ses droits. Malheureusement, nous constatons dans notre pays, que certains Togolais s'affranchissent de leurs obligations citoyennes par des comportements peu orthodoxes. Il ne peut y avoir de droits sans devoirs et aucun citoyen ne peut se soustraire aux obligations qui lui incombent dans l'édification d’un Etat de droit, d'une nation prospère et démocratique.  

Excellence Monsieur le Président de la République,

Nous sommes résolument engagés à relever, à vos côtés, les défis  pour la reconstruction du Togo et à œuvrer inlassablement pour trouver les réponses globales et durables aux préoccupations de nos populations.

A cet égard, je reste convaincu, qu'au-delà des vicissitudes du moment, que notre attachement sans faille à la démocratie, conjuguée à notre ferme volonté de prendre notre destin en main, nous aideront à surmonter tous les obstacles pour construire un Togo de paix et de prospérité. 

Je voudrais, une fois encore, vous réitérer, Excellence Monsieur le Président de la République, nos vœux les meilleurs pour vous-même et pour vos proches. Que Dieu, le Tout Puissant, fasse de cette année 2012, le point de départ d'une nouvelle ère de paix, de prospérité et de bonheur pour l'ensemble de nos populations 

... et la réponse du président Faure Gnassingbé

 Je voudrais vous remercier pour les voeux que vous venez de m'adresser en votre nom et au nom des ministres du gouvernement. Je souhaite que cette année 2012 soit pour vous même monsieur le premier ministre, une année de paix, de réussite et de bonheur. Ces voeux s'adressent également à l'ensemble des membres du gouvernement, à leurs familles, à leurs proches et à leurs amis.

L'année 2011 a été une bonne année pour le gouvernement. Je vous félicite des efforts que vous avez faits et des résultats qui ont été obtenus. Je pense que la présentation des voeux n'est pas un exercice d'autosatisfaction. 

Tout en étant d'accord avec le bilan dressé par monsieur le premier ministre je voudrais vous dire ma préoccupation par rapport à la situation sociale que connaît notre pays, depuis le mois de décembre. Quels que soient les efforts que nous déployions, quels que soient les succès que nous rencontrions, ils seront illusoires si au centre de notre politique, nous n'avons pas le souci de l'homme et de sa position. Je vous demande d'être davantage sensibles aux grognes sociales des togolaises et des togolais. Je sais en même temps que vous que la conjoncture est difficile, mais cela doit être une motivation supplémentaire pour nous pour être plus proches et mieux à l'écoute de nos populations. 

On ne résout pas un conflit social à coup d'ultimatums

Je vous demande de redoubler d'efforts et de reprendre directement des négociations avec les responsables des enseignants pour que dans les jours qui viennent nous puissions trouver des solutions à la satisfaction de toutes et de tous. Aux enseignants, je dis qu'on ne résout pas un conflit social à coup d'ultimatums. Le dialogue n'a pas encore épuisé ses ressources. Je leur demande de venir et de discuter avec les ministres et je promets que nous trouverons une solution à la satisfaction de tous. 

Pour les étudiants, je sais que des discussions ont lieu avec les responsables universitaires. Le gouvernement est prêt à trouver une solution définitive à ce problème mais le monde universitaire doit faire son travail. Nos universités doivent être des vrais lieux d'enseignement et  pas des lieux où on fait de la politique. 

Pour la situation des étudiants, nous pouvons faire des efforts et le gouvernement fera ces efforts, mais de grâce je vous demande encore une fois de trouver une issue rapide à ces problèmes. Pour finir je voudrais vous renouveler mes voeux de santé, de succès et de bonheur. 

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