Politique

La générosité, un devoir national

Comment inscrire la solidarité dans la culture togolaise. Vaste question à laquelle tentent de répondre jeudi les responsables politiques.
Le Premier ministre, Gilbert Houngbo, a ouvert un symposium sur ce thème ; une initiative du ministère de l'Action sociale et des partenaires en développement.
"La solidarité au sens intergénérationnelle, la solidarité familiale et communautaire, la sensibilité aux malheurs d'autrui, la spontanéité au secours, la contribution volontaire à l'effort de relèvement des autres et de la communauté qui étaient le lien commun de la vie dans nos cités sont aujourd'hui peu à peu abandonnées", a déploré M. Houngbo.
Le chef du gouvernement a attiré l'attention des participants sur le fait que les actions de solidarité menées par l'Etat et toutes les bonnes volontés sont souvent détournées et ne bénéficient pas à ceux qui en ont le plus besoin.
Pour Gilbert Houngbo, la générosité doit être un devoir national.

Voici le discours du Premier ministre

Je me réjouis de l’initiative de ce symposium sur la solidarité nationale compte tenu de son opportunité et des attentes de nos populations à cet égard.
Je tiens donc à féliciter tous ceux qui ont œuvré à la tenue de ces assises et salue la présence parmi nous des responsables des institutions chargées des questions de solidarité venus des pays frères et amis et leur demande de se sentir dans notre pays comme chez eux.
Mesdames, Messieurs ;
Un développement humain efficace se doit de placer l’individu au cœur des priorités de développement. Investir alors dans chaque citoyen en lui offrant la possibilité de se réaliser, de s’intégrer et de s’épanouir est une nécessité.
S’il est vrai que pour cette mission l’Etat a un rôle primordial en tant que promoteur de la politique de développement prenant en compte toutes les catégories sociales, y compris les plus vulnérables, ce dernier ne saurait agir seul sur les pesanteurs économiques et sociales qui concourent au bien-être des populations. L’Etat se doit dès lors de s’appuyer sur divers facteurs qui sont de nature à renforcer le tissus social. Parmi ces ceux-ci, un concept séculaire, marque référentielle de nos sociétés africaines, la solidarité.
Malheureusement, au regard de la multiplication des aléas de la vie, face à la faiblesse de notre système de protection sociale et aux différentes crises économiques avec leurs effets pervers sur la majorité de la population, la solidarité, cet élan de soutien réciproque semble, de nos jours, être devenue un concept fragilisé.
Ainsi, la solidarité intergénérationnelle, la solidarité familiale et communautaire, la sensibilité aux heurs et malheurs d’autrui, la spontanéité au secours, la contribution volontaire à l’effort de relèvement des autres et de la communauté qui étaient le lien commun de la vie dans nos cités sont aujourd’hui peu à peu abandonnées.
Mesdames, Messieurs,
Les données statistiques sur la situation de vulnérabilité dans notre pays sont édifiantes et concernent toutes les catégories sociales. Nombre de nos concitoyens sont dans une situation de précarité et attendent de nous un geste, un appui, un soutien matériel ou moral aussi minime soit-il. Ils attendent bien trop souvent en vain qu’on leur tende la main pour sortir des sentiers battus, pour ne plus être des laissés pour compte. Mais, bien trop souvent, cette attente est plutôt vaine.
Malgré ces constats, il n’y a pas lieu de désespérer, car les ressorts d’une résilience sociale solidaire sont encore prégnants chez nos concitoyens et concitoyennes comme l’a prouvé leur mobilisation spontanée lors des dernières inondations qui ont frappé le Togo, démontrant si besoin en est, leur attachement à cette valeur cardinale, substance vitale des sociétés en devenir.
La question demeure cependant, quant aux meilleurs moyens de capitaliser cet élan de générosité à des fins de solidarité pérennes, mais encore quant à l’efficacité et à la visibilité des actions menées par les différentes institutions étatiques et de la société civile. Le problème tient également du fait que de nombreux bénéficiaires des actions de solidarité ne sont pas toujours les vrais destinataires des ressources consenties par l’Etat ou les généreux donateurs privés.
Mesdames, Messieurs,
Ce sont là, les ingrédients qui sous-tendent la réflexion sur la solidarité nationale et qui nous interpellent, quelle que soit notre place dans la société, quel que soit notre niveau de responsabilité. Car nous ne pouvons pas ignorer que chaque Togolais qui se trouve dans l’incapacité d’apporter véritablement sa pierre à la construction de notre pays, du fait de sa situation de vulnérabilité, constitue un lest pour notre marche vers le développement.
Face à cette réalité, l’organisation de ce symposium sur la solidarité nationale devient l’expression d’une nouvelle réaffirmation des enjeux du développement durable conformément aux Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Mesdames, Messieurs,
Au regard de tous ces enjeux, les objectifs qui sont assignés à ce symposium doivent être appréhendés de sorte que la générosité publique puisse bénéficier de l’incitation du patriotisme et du sursaut d’orgueil nécessaires à sa mobilisation massive et à sa conscientisation citoyenne comme un devoir national.
Cette rencontre devra donc aboutir à la mise en place de mécanismes et de structures qui garantissent la mobilisation de ressources humaines et financières à des fins de solidarité nationale d’une part, et à la transparence dans la gestion des ressources d’autre part.
Ce faisant, nous parviendrons à une approche globale favorisant une perspective concertée pour la réalisation effective de programmes sociaux, d’aide et de secours pour un minimum vital aux plus démunis.
Mesdames, Messieurs,
A la lumière de vos compétences et expériences, je suis convaincu que de vos divers échanges, sortiront des propositions pertinentes qui permettront de redonner un souffle nouveau à l’élan de solidarité qui sommeille encore en chaque Togolais, de façon qu’il s’exprime sans retenue pour la consolidation du tissus social et pour une meilleure cohésion nationale.
En vous invitant donc à inscrire vos réflexions dans cette vision, je souhaite plein succès à vos travaux et déclare ouvert le symposium sur la solidarité nationale.
Je vous remercie.

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