Politique

« Le dialogue me semble un outil pertinent »

Agbéyomé Kodjo (photo), le leader du parti Obuts (opposition), se déclare favorable au dialogue politique préconisé par le président Faure Gnassingbé à condition qu’il soit « franc et sincère ». Dans un entretien accordé à republicoftogo.com, l’ancien Premier ministre reconnaît des diverges d’appréciation avec l’ANC et estime que la position de Jean-Pierre Fabre « illustre bien l’impasse politique actuelle ». Enfin, il répond à ses détracteurs qui l’accusent de mettre un bémol à ses critiques en échange de l’obtention d’un portefeuille ministériel. « Je ne suis pas à la recherche d’un strapontin », affirme-t-il dans l’interview.
Que pensez-vous du dialogue politique proposé par le chef de l’Etat et êtes-vous prêt à y participer ?

Agbéyomé Kodjo : Le dialogue me semble un outil pertinent pour la paix et pour la culture d’une vie politique intérieure apaisée, à condition qu’il soit l’occasion de repartir sur de nouvelles bases porteuses. A ce titre, après tant d’années d’errance politique, d’accords infructueux et de maladresses lourdes de conséquences économiques et sociales, un véritable dialogue franc et sincère entre tous les acteurs sociopolitiques du Togo et des représentants de la diaspora ne peut être qu’une initiative salutaire. Cependant, le pouvoir en place ne doit pas l’utiliser comme un moyen de diversion visant à se donner de l’air et du temps après avoir assuré par la rouerie et des subterfuges son maintien aux affaires.

L’impasse politique consécutive à la contestation de l’élection présidentielle du 4 mars 2010, nécessitait un dialogue franc et sincère où tous les sujets de la Nation devraient être débattus. C’est depuis le 19 mai 2010, que le Collectif pour la Vérité des Urnes (CVU) dont je suis le Coordinateur provisoire a formulé 22 propositions pour une sortie de crise pacifique. Les autres partis politiques n’étaient pas contre une telle initiative qui n’a suscité aucune réaction du pouvoir en place. Le 9 novembre 2010, le CVU a de nouveau proposé un plan de sortie de crise pacifique pour notre pays. Dans sa rentrée politique le 12 novembre 2010, OBUTS a repris ce plan de sortie de crise, et réitéré son appel pressent au dialogue entre tous les acteurs de la vie sociopolitique du Togo. L’inquiétante déshumanisation et l’indigence de nos populations interpellent avec gravité et ne nous laissent guère le choix.

Il me paraît donc idoine de prendre part à un dialogue inter-togolais inclusif, qui seul permettra de redonner une digne espérance à nos populations meurtries, qui attendent que la classe politique toute entière fasse un bond vers la décrispation afin de sceller le pacte de la refondation démocratique de la République. Cela doit nécessairement aboutir à introduire l’éthique au cœur de l’action politique en vue de la modernisation de nos institutions et de l’ancrage de la démocratie au Togo. Ce qui implique la limitation à deux du mandat présidentiel, le retour au scrutin uninominal à deux tours, le redécoupage électoral sur des critères démographiques, la sécurisation du processus électoral avec la certification des résultats par l’ONU, la mise en place d’une CENI technique et non partisane, la réforme de la Cour Constitutionnelle et de la HAAC, de même que l’adoption du statut de l’opposition avec la loi de financement équilibré des partis politiques.

Si le dialogue proposé par le pouvoir en place intègre ces préoccupations, les Togolais s’y reconnaîtront. Dans ces conditions, notre participation ne peut être qu’une certitude.

La presse a parlé récemment de tension entre vous et le président de l’ANC. Rumeurs et réalité. Et si tel est le cas, quel sont les divergences qui vous séparent ?

Agbéyomé Kodjo : Il n’y a pas de tension réelle entre Jean-Pierre Fabre, le Président de l’ANC et moi. Dans tout partenariat, il y a toujours des regards croisés qui ressortent les nuances et les différences d’approches stratégiques.

Jean-Pierre Fabre se pose toujours en « président élu » du Togo et organise des manifestations de moins en moins suivies. Ne jugez-vous pas cette position un peu enfantine ?

Agbéyomé Kodjo : Je ne trouve pas indiqué de traiter d’enfantine la position de Jean-Pierre Fabre qui se pose toujours en « président élu ». Diriez-vous autant d’Alassane Ouattara en Côte d’ivoire ou d’André Mba Obame au Gabon ? Ne pas reconnaître qu’il y a eu usurpation de pouvoir par Faure Gnassingbé avec la bénédiction de la Cour Constitutionnelle, c’est insulter l’intelligence des Togolais qui ont démontré à travers la Résistance citoyenne leur rejet de l’imposture, et leur volonté manifeste de vérité des urnes et des comptes publics au Togo. La posture de Jean Pierre FABRE illustre bien l’impasse politique actuelle, et qui contraint Faure Gnassingbé a finalement accepté le dialogue inclusif de tous les acteurs sociopolitiques de notre pays et de sa diaspora qu’il avait initialement rejeté en mai 2010.



Certains vous accusent d’avoir mis de l’eau dans votre vin dans l’espoir d’obtenir un portefeuille ministériel. Que leur répondez-vous ?

Agbéyomé Kodjo : Les véritables attentes d’OBUTS portent sur l’enjeu du dialogue que sur des strapontins. Notre ligne politique n’a pas changé depuis le 12 mai 2010 que nous avons décliné à travers une lettre motivée adressée au Premier Ministre Houngbo l’offre de participation au Gouvernement de Large Ouverture et de Grande compétence (GLOC). Pour OBUTS, la seule alternative à la grave crise sociopolitique actuelle du Togo reste la volonté partagée de jeter les bases de véritables institutions fortes pour l’ancrage de la démocratie et de la bonne gouvernance en vue de l’instauration d’une société de confiance et de prospérité partagée sur la Terre de nos Aïeux.

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