Politique

Ni triste, ni nostalgique

Le Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir) a vécu. Son acte de décès a été délivré samedi lors d’un congrès extraordinaire par le président Faure Gnassingbé. A sa place, une nouvelle formation, l’Union pour la République (UNIR) dont le congrès fondateur devrait se tenir dans les prochains jours.

Que pense Solitoki Esso (photo) de ces changements ? Le secrétaire général du RPT, jusqu’à samedi dernier, donne son point de vue et apporte un éclairage sur la nouvelle formation.

Republicoftogo.com: Vous êtes un enfant du RPT. Vous avez grandi avec cette formation du temps du parti unique ; vous avez effectué une bonne partie de votre parcours politique en son sein. Pas trop triste aujourd’hui et nostalgique de sa disparition?

Solitoki Esso: Je ne suis pas triste ni nostalgique. C'est un acte volontaire qui est venu de la base. Le congrès n'a fait qu'entériner en posant cet acte fondateur. C'est évident qu'au regard des changements qui interviennent et des mutations qui s'opèrent au Togo, il était important pour les membre du RPT d'avoir l’audace d'aller de l'avant en améliorant ce qui a été fait avec le RPT depuis plus de deux décennies. C'est dans cette perspective qu'il faut comprendre ce qui s'est passé à Blitta Samedi. 

Le congrès a procédé à la modification d'un certain nombre d'articles pour permettre la fusion-création, c'est-à-dire mettre en place un cadre qui débouche sur la création d'une nouvelle formation politique avec de nouvelles forces politiques. Cette fusion-création signifie en termes clairs que le Rassemblement du Peuple Togolais va cesser d'exister et l'on va aller vers une nouvelle formation politique, bien sûr avec les militants du RPT, mais aussi avec de nouvelles personnalités.

Republicoftogo.com: Ce n'est donc pas une dissolution absolue du parti créé en 1969 par le président Gnassingbé Eyadema ?

Solitoki Esso: La différence est nette. Dans la fusion-création, les militants sont appelés à rejoindre la nouvelle force politique. La dissolution signifierait que le parti cesse d'exister et les militants sont libres de rejoindre le parti de leur choix ; ce n'est pas le cas ici. Il s'agit simplement d'une mue qui s'est opérée pour permettre la mise en place d'un instrument politique qui soit adapté aux réalités du moment.

Republicoftogo.com: Vous soutenez donc que cet acte a été assumé par l'ensemble des militants du parti, que tout a été fait avec le consentement de tous les barons et décideurs du parti ?

Solitoki Esso: Absolument! Il y a eu pendant trois à quatre mois des débats francs et sincères au sein des sections préfectorales et sous préfectorales de nos structures locales. Ce n'est qu'après ce processus qu'un comité restreint a été mis en place pour réfléchir sur les propositions formulées par la base. Il apparait clairement que les militants voulaient une réforme profonde du RPT. Le comité a analysé tout cela et au final a retenu l’option de la création d'un nouveau cadre d'expression.

Republicoftogo.com: Le chef de l’Etat a annoncé que les actifs du RPT iraient à une Fondation Gnassingbé Eyadema, nouvellement créée. Quelle sera la vocation de cette Fondation ? Aider les démunis ? Venir en aide aux orphelins ?

Solitoki Esso: La Fondation aura pour mission première de pérenniser l'oeuvre du général Eyadéma qui est le président fondateur du Rassemblement du peuple togolais. C'est un hommage pour tout ce qu'il a fait pour le Togo et le parti, le continent et le monde entier. 

Cette Fondation va rassembler toute la documentation et tout ce qui concerne le président Eyadéma pour pérenniser justement la mémoire de cette personnalité. Il faudra d'abord la protection des bien immatériels du parti (le logo, le nom, l'hymne etc…), cela conformément aux lois de l'OAPI. Il faudra aussi faire le point des biens matériels et un grand nombre de ces biens sera transféré à la Fondation qui aura bien sûr aussi une vocation sociale et humanitaire. Les réflexions sont menées actuellement ; des missions de liquidations auront à gérer les actifs du parti en coordination du secrétaire général.  

Republicoftogo.com: On note que la vice présidence du nouveau parti UNIR est assurée par un responsable du CAR.  C’est le symbole d’une ouverture en direction de l’opposition?

Solitoki Esso: Bien sûr, c'est la marque d'ouverture pas seulement en direction de l'opposition mais de toutes les bonnes volontés qui sont prêtes militer pour un avenir meilleur au Togo. La fusion-création, évoquée précédemment, permet justement cette ouverture en direction de personnalités qui partagent la vision du président Faure Gnassingbé. C'est une mise en commun des sensibilités diverses pour travailler efficacement. Vous vous en doutez bien, il n'y pas que M. Aïdam (membre du CAR, ndlr), beaucoup de personnalités qui ont quitté leur parti depuis longtemps nous ont rejoint. 

Republicoftogo.com A quand le congrès fondateur de ce nouveau mouvement?

Solitoki Esso: L'acte fondateur a été posé à Atakpamé ; il y aura par la suite un congrès constitutif.

Republicoftogo.com: Que vont devenir les députés membres du Groupe RPT si le parti n’existe plus ?

Solitoki Esso: Le fait pour un parti de ne plus exister ne supprime pas le mandat du député ; ils sont des élus de la nation, ils demeurent à leur poste. Pour l'instant, ils sont non inscrits. Ils vont s’organiser pour rejoindre un groupe par affinité et pour lui trouver un nom.

Republicoftogo.com: La création d'un nouveau mouvement est-il de nature à faciliter la réconciliation et à détendre le climat politique?

Solitoki Esso: C'est l'objectif. Il faut y voir une dynamique d'initiative, une dynamique d'action, une mise en commun d'intelligences et de compétences pour refonder les bases de la société togolaise. 

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